Discours patriotique de l’Autre Saint-Jean : Avec le printemps qu’on a eu, bien hâte de voir l’automne…
En tant que porte-parole de la quatrième édition de l’Autre St-Jean qui avait lieu au Parc Pélican – dans l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie, à Montréal, le 23 juin dernier – et qui a connu un record d’achalandage cette année en accueillant quelque 12 000 spectateurs, c’est à l’humoriste et chroniqueur François Parenteau que revenait la tâche de prononcer le discours patriotique qu’il nous a ensuite fait parvenir après l’avoir quelque peu adapté et que nous publions ici-même.
Chers amis…. C’est un grand plaisir pour moi d’être avec vous ce soir comme porte-parole de l’Autre St-Jean, mais en même temps, je ne vous mentirai pas, j’ai un trac fou. Parce que la St-Jean, c’est la fête de tous les Québécois, je voulais prendre l’occasion de ce discours patriotique pour avoir des propos rassembleurs, en appeler à dépasser les vieux clivages… Et voilà que plus le jour fatidique de ce discours approchait, plus le Québec était divisé, polarisé…. Qu’est-ce que je vas bien pouvoir dire de rassembleur, moi, il y a deux moitiés de Québec qui ne s’entendent sur rien!
Il y a de la tension dans l’air… Ça a été un printemps turbulent, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y a eu des gros espoirs et de grosses déceptions, des moments d’ivresse et des grosses colères, Il y a eu des orages sociaux comme on n’en n’avait pas vu depuis longtemps… Des inondations d’étudiants, une rivière a quitté son cours, ça a débordé dans les rues, ça a entouré les sommets, ça a même bloqué des ponts entre les générations, les beus ont pataugé là-dedans… Il n’y a plus personne qui s’y attendait, c’est comme si ça faisait 2-3 hivers de suite que la rivière se retenait.
On a vu des bocks idéologiques s’affronter dans les médias, les panaches se cognent, le monde se pognent, Y’a de la bataille d’opinion partout, le ton monte, y’a des éclairs de génie, des coups de poings de bêtises… Difficile d’être rassembleur quand nous avons rarement été si divisés…
Je pourrais m’en sacrer et me dire, tiens, je vais me faire du fun, je vais parler juste à ma gang. Ils en ont une fête, les fédéralistes, je la paye avec mes taxes elle aussi, et elle est plate…. Alors à notre Fête Nationale, la St-Jean, pourquoi je me gênerais? Je vais sortir mon René Lévesque et dire à la foule en délire: « Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire, « À très bientôt » »… Je pourrais me lâcher lousse, faire du rah-rah-rah, Charest dehors, la loi spéciale on s’en câlisse (mets-en), Vive le Québec libre…
Anyways, je ne peux pas faire semblant, il m’a fait tripper ce printemps-là.
On s’est mis à réentendre les chants d’oiseaux-poètes qu’on croyait disparus depuis longtemps… « Nous sommes arrivés à ce qui commence », « Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver », « »On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter », « Libérez-nous des Libéraux », « Cling clang cling clang » pis toutte…
Quelle mélodie… Et il y’avait plein de pollens d’idées, des graines de révolte, portés par un vent de changement… Ça sentait bon… Moi, c’est sûr, j’ai trippé.
Mais ce ne serait pas rassembleur de parler de tout ça parce qu’il y en a beaucoup, aussi, qui sont allergiques… Ça a toussé, ça a râlé… Pour eux, c’est une période difficile. Leur système immunitaire capote, ils sont trop habitués à vivre dans un milieu aseptisé, avec aucune aucune idée, surtout pas des nouvelles, ils n’ont pas les anticorps… Il y en a là-dedans qui ne respirent plus que de l’intérêt pur, maintenant, alors des idées comme le bien commun et la justice sociale, ils les sentent et s’étouffent… Leur cerveau devient complètement congestionné… Pauvres eux, ils n’ont pas été capables de juste avaler leur pilule pour retrouver un peu de paix sociale…
Mais y’a-t-il quelque chose qu’on puisse dire à propos de ce printemps érable gorgé de conflits qui puisse mettre d’accord tous les Québécois, de quelque idéologie politique ou terroir culturel fussent-ils? Oui, je crois: Avouez que ça nous manquait… Ça nous manquait de nous sentir en vie comme ça.
Avouez que même quand ça nous a gossé, ça nous a fait du bien. Ça nous a réveillé… Et oui, on exagère! Tout le monde exagère… C’est comme Canadien-Nordiques, dans le temps… T’est rien qu’un ci, pis t’es rien qu’un ça… C’est Che Guevara contre Pinochet, Gandhi contre Papa a raison… Ça faisait des années qu’on se bitchait dans le dos et que rien ne bougeait. Là on se pogne en face à face, il y a de l’énergie… Je suis sûr qu’il y a un mini babyboom qui s’en vient moi… Ça ne peut pas faire autrement que faire des petits, un printemps comme ça…
Parce qu’en ce printemps, enfin, nous avons cessé d’être indifférents à nous-mêmes… Voilà la bonne nouvelle pour tout le monde. La question maintenant, c’est qu’est-ce que ça nous tente de faire avec ça? Qu’est-ce qu’on plante dans cette terre maintenant fertile de tous ces débordements et de toute cette marde qui a revolé partout? Qu’est-ce qu’on se fait pousser? Les ronces de la haine ou quelque chose d’autre?
Ça faisait des années que nous n’avions d’oreilles que pour toutes ces voix moralisatrices qui nous accusaient d’être en retard et de nous accrocher au passé. Voilà soudain que du monde entier, de New York à Paris à Toronto, à Berlin, à Stockholm, des regards se tournent vers notre printemps érable, admiratifs et inspirés, parce qu’en fait, on serait peut-être en avance…
Ce réveil citoyen, ce courage étudiant, cette solidarité festive des casseroles, cette répression violente, trahissant la panique, toute cette agitation inventive et espérante, ont rappelé au monde que nous existions. Et si ça pouvait aussi nous le rappeler à nous-mêmes, qu’on peut exister? Il est peut-être là le message subliminal de ce printemps.
Moi je pense qu’avec un printemps comme ça, il y a moyen de faire un pays. Je pense en tous cas que ça vaut la peine qu’on en parle. Parce que peu importe qu’on ait été ou non allergique au pollen de ce printemps-là, ce serait le meilleur moyen que les fruits qu’il portera seront pour tous les Québécois.
Je nous souhaite un été d’interpollinisation des idées, de mûrissement festif, de croissance tranquille de notre confiance en nous, et de vigilence dans l’entretien de notre démocratie pour quand l’heure sera venue. Parce que la récolte s’annonce bonne…
Bonne Fête Nationale
Vive le Québec
Celui qui est
Mais surtout vive le Québec
Qu’il nous reste à faire ensemble.
Et qui ne peut être autrement
Qu’uni et libre.
Super bon article ! J’ai presque hâte à l’automne pour les élections, si élections il y a… Pour la première fois depuis longtemps, j’irai voter mais… pas pour charest ni pour marois. Je voterai parce que je sais pas pour qui voter… pour les sans-parti. Tant qu’à faire changement, faisons-le en grand. On n’est pas pire que l’Islande qui s’en sort très bien, soit dit en passant.
Je trouve que l’intelligence est un réconfort total. L’ouverture à la différence évite bien des guerres et c’est ce que Parenteau propose. En plus de l’espoir de la continuité de ce mouvement qu’on qualifie de crise mais qui est plutôt un réveil.
merci
Au Québec nous sommes fiers de notre liberté d’expression, de l’égalité entre les hommes et les femmes et de notre charte des droits de la personne. Pourtant, On est en train de perdre ces droits au nom de la stupidité des politiciens. Il ne faudrait pas accepter tous les cons qui aimeraient se faire élire, Charest, Marois, Legault et cie, pour le plus grand malheur du Peuple. Les fêtes de la saint Jean ne furent qu’un intermède. La division règne et les élections loin de tout régler ne feront qu’augmenter l’insatisfaction.
Notre système de vote aux 4 ans ne fonctionne pas. Quoi faire ! Il faudra peut-être faire comme en Islande et les jeter tous dehors et imposer un système un peu plus équitable. Allez citoyens, osez ! Jetez-moi ça aux ordures. Mobilisez-vous et discutez de ce que vous désirez. Il faudrait un groupe de citoyens bénévoles pour ramasser tout ça faire une tentative d’un nouveau système. Tous les politiciens devraient être des bénévoles.