Festival Échofête : Le Festival Échofête des Trois-Pistoles : un cas inquiétant de censure politique selon Victor-Lévy Beaulieu!
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Festival Échofête : Le Festival Échofête des Trois-Pistoles : un cas inquiétant de censure politique selon Victor-Lévy Beaulieu!

À quelques jours de l’ouverture de la dixième édition du Festival Échofête des Trois-Pistoles, le maire Jean-Pierre Rioux menace les organisateurs de leur couper les vivres car Gabriel Nadeau-Dubois doit y animer une discussion sur les valeurs de CLASSE. Devant de telles menaces, l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu perçoit un cas inquiétant de censure politique et a fait paraître cette lettre que nous publions ici-même.

Échofête est un festival environnementaliste qui célèbre cette année son dixième anniversaire. On doit cette initiative à une poignée de jeunes femmes et de jeunes hommes convaincus des changements profonds qu’il faut apporter à la société québécoise, et plus généralement dans le monde entier, à une gestion plus saine de nos ressources qui, seule, peut apporter les changements politiques, sociaux et culturels dont nous avons besoin d’urgence pour que la planète Terre ne devienne pas un gigantesque dépotoir qui nous mènera tout droit à l’extermination de l’espèce humaine.

Reconnu nationalement comme l’un des grands événements de l’éveil de nos consciences, voilà qu’Échofête risque de disparaître avant même sa tenue (du 23 au 29 juillet prochains). Pourquoi? Parce que M. Jean-Pierre Rioux, maire des Trois-Pistoles, qui règne sur sa ville comme un véritable despote de province, a pris le parti de décider par lui-même de ce que doit être la liberté d’expression. Après avoir menacé le festival de lui couper les vivres s’il s’y tenait un atelier sur la désobéissance civile par-devers la loi des Mines, la plus inéquitable des lois qui existe (comme nous le démontre dramatiquement le dossier du gaz de schiste), voilà que Monsieur le maire en remet : Gabriel Nadeau-Dubois, représentant de la CLASSE, syndicat étudiant dûment reconnu par les autorités gouvernementales, est considéré persona non grata aux Trois-Pistoles! M. Nadeau-Dubois peut faire tournée partout au Québec sans que personne n’en ait les baguettes en l’air, mais pas dans le chef-lieu des Basques! Voilà ce qu’on appelle de la censure politique.

M. Jean-Pierre Rioux a droit de vie et de mort sur toutes les institutions culturelles des Trois-Pistoles depuis qu’il a dissous la Commission culturelle et s’est arrogé le pouvoir de déterminer selon ses humeurs quelles entreprises il lui paraît « acceptable » d’encourager. Ce pouvoir discrétionnaire est parfaitement antidémocratique, et d’autant plus que notre despote local, pour arriver à ses fins dans le cas d’Échofête, a invité les commanditaires de l’événement  à retirer leurs billes du jeu si Gabriel Nadeau-Dubois « se montre la face dans les Basques ».

Le maire des Trois-Pistoles est un homme dangereux pour la démocratie. Il est grand-temps qu’on le lui dise. Après tout, quelles leçons politiques a-t-il à donner aux autres quand, depuis dix ans, il a viré capot plusieurs fois : après avoir été Bloc québécois au fédéral, puis libéral, et finalement conservateur, il a été péquiste à Québec, puis libéral. Si Mario Dumont était une girouette, M. le maire est l’as des as en ce qui consiste à « tisser la toile du vent ». De l’air, des menaces, des propos injurieux, pour ne pas dire scabreux, quel désastre!

Et quelle hypocrisie! Dans les médias régionaux, M. Jean-Pierre Rioux ne manque pas de faire l’éloge du Caveau-Théâtre, pilier de la vie culturelle des Trois-Pistoles, selon ses propres dires. Pourtant, Monsieur le maire n’a pas mis les pieds au Caveau-Théâtre depuis des années! Il devrait pourtant, et particulièrement cette année, car il reconnaîtrait dans « La guerre des clochers » quelques personnages opportunistes et prêts comme lui à vendre leur mère pour un plat de lentilles!

Que Monsieur le maire des Trois-Pistoles prenne note de ceci : s’il persiste, pour des intérêts bassement partisans, démagogiques et fascistes, à vouloir démolir tout le travail que des dizaines et des dizaines d’audacieux entrepreneurs ont fait pour revitaliser la région des Basques, nous serons nombreux à nous insurger, quitte à livrer une deuxième Guerre des clochers. Et cette guerre-là, s’il n’en tient qu’à moi, sera impitoyable!

-Victor-Lévy Beaulieu