Arts, patrimoine et culture : Ne pas risquer de briser l’élan du Québec
Suite à certaines actions posées par le gouvernement du Québec laissant présager que la culture pourrait ne plus être aussi à l’abri des compressions budgétaires qu’elle ne l’était, Simon Brault, président de Culture Montréal, nous a fait parvenir cette lettre que nous publions aujourd’hui.
Dans trop de pays, quand l’économie périclite, le secteur culturel est l’un des premiers sacrifiés sur l’autel de l’austérité budgétaire. Mais fort sagement, le Québec a depuis longtemps décidé que ce n’était pas là une fatalité et que son avenir et sa présence au monde sont indissociables de sa vitalité artistique et culturelle. C’est un choix de société devenu si ancré au fil des décennies qu’il transcende les partis politiques et qu’il a survécu aux aléas des exercices périodiques de compressions des dépenses publiques. Cette exception culturelle est le socle sur lequel repose en grande partie le caractère distinctif du Québec.
Or depuis quelques temps, des annonces, et même des commentaires furtifs, attribués au ministre de la Culture et à son entourage, ont été repris dans les médias jusqu’à ce que s’installe un flou inquiétant qui pourrait laisser croire que les arts et la culture ne sont désormais plus protégés et que l’heure est aux compressions, coupes et reports. Ainsi, l’annonce en deux temps d’une amputation des crédits alloués au programme Mécénat Placements Culture et l’ajournement évoqué de divers projets d’infrastructures culturelles, notamment la Maison des musiques nouvelles Le Vivier et l’édifice Wilder (qui abriterait notamment les Grands ballets canadiens), ont eu l’effet d’une autre douche froide sur le milieu culturel et ses nombreux alliés et partenaires. De l’angoisse et toutes sortes de spéculations quant aux intentions réelles du gouvernement dans plusieurs dossiers s’ajoutent donc à la difficile obligation d’accepter que des engagements électoraux du Parti Québécois, notamment l’augmentation des budgets de la SODEC et du CALQ, soient reportés.
Lors de son discours d’ouverture à l’Assemblée nationale, la première ministre Pauline Marois a pourtant déclaré sans ambages que les artistes pourraient « compter sur un soutien sans faille du gouvernement » et que « le financement à la création sera augmenté progressivement ». Elle a aussi pointé l’importance de la circulation des œuvres et des artistes, y compris dans le réseau scolaire, en plus de renouveler un appui « aux projets d’équipements culturels dans le but de mieux soutenir la création et la diffusion des arts ». Elle a tenu un discours similaire lors du Rendez-vous Montréal métropole culturelle à la TOHU en novembre dernier. Espérons que ces orientations guident concrètement la confection finale du plan stratégique que le ministre Maka Kotto déposera dans quelques semaines.
En effet, le gouvernement du Québec doit agir pour et par la culture, encore plus en ces temps d’austérité. Il peut et doit traiter le développement des arts et la participation culturelle du plus grand nombre comme une priorité non négociable. La culture est inclusion. Elle est un antidote à la pauvreté et à la division. Elle est une condition de mobilisation et d’innovation sociales et économiques. Elle stimule et humanise le développement. Elle permet d’éviter, pour reprendre les mots du philosophe Edgar Morin, que le développement soit un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers.
Culture Montréal insiste sur le caractère primordial, démocratique et irremplaçable d’un financement public éclairé, constant et progressif des arts et de la culture. Nous comprenons aussi que l’état des finances publiques est problématique et qu’il faille avoir des attentes réalistes. Mais il faut aussi miser sur la justesse du ton et de la manière pour mobiliser toutes les intelligences, la créativité et l’énergie du milieu culturel. Nous enjoignons donc le ministre de la Culture et des Communications à tenir un discours qui ne soit pas assombri et plombé par les directives immédiates du Conseil du trésor. Nous souhaitons entendre parler d’avenir et nous savons qu’il sait le faire. Nous voulons contribuer à l’élaboration des moyens à prendre pour que les arts, le patrimoine et la culture soient plus que jamais au cœur du développement du Québec. Il ne faut pas risquer de briser l’élan culturel du Québec. Nous n’en avons pas les moyens. Il faut, bien au contraire, l’amplifier.
Je trouve très étonnant que Monsieur Kotto ne soit pas plus présent depuis le début de la gouvernance péquiste. Je souhaite qu’il reconnaisse la valeur de la missive ici publiée. On se souhaite tous bonne chance pour la culture au Québec.
Antidote au cynisme, antidote à la morosité et à la perte d’idéal. La culture à être administrée matin midi est soir avec exces et ad vita eterna !
Et les coupes de Harper monsieur Brault? Vous ne les dénoncez pas? Êtes-vs d’accord avec le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs et sommes d’argent encore consacrées par le fédéral à la Culture?