La Commission cochon fera toute la lumière sur les conditions de création des compagnies théâtrales autoproductrices!
Je pense que

La Commission cochon fera toute la lumière sur les conditions de création des compagnies théâtrales autoproductrices!

Ce texte a été lu lors du lancement de saison de Cartes Prem1eres, par les auteurs dramatiques OIivier Sylvestre et Anick Lefebrve.

Nous réclamons une Commission cochon!

La Commission cochon a été mise sur pied sous l’impulsion des membres du jury des Cochons d’or 2012-2013 de Cartes Prem1ères, au sein duquel la plupart des corps de métiers du théâtre étaient représentés. Les 16 jurés ont constaté, au cours de leurs discussions, l’incroyable volonté des compagnies de Carte Prem1ères de présenter leur travail au public malgré d’insuffisants, de faibles ou d’inexistants moyens financiers, et ce, sans corrélation avec la qualité et le succès de leurs œuvres que le jury a été à même d’apprécier.

Pour les 16 jurés, il ne suffit pas de gueuler à l’injustice, et à l’effritement des fonds publics. Il faut passer à l’action, poser un geste. Dire. Dire que l’art existera toujours, peu importe les conditions des artistes. Mais dire aussi ce qu’il en coûte en heures, en bénévolat, en sueur, en frais assumés par les artisans et les artistes eux-mêmes pour que cet art existe.

Selon le jury des Cochons d’or 2012-2013, la vraie noblesse c’est faire du théâtre malgré tout, en ne s’avouant pas vaincu dans le grand combat de la reconnaissance de notre valeur.

Ainsi est née la Commission cochon, qui se donne le mandat de faire la lumière sur les conditions de création des compagnies de la saison 2013-2014 de Carte Prem1ères.

 

La revendication de la Commission cochon

La démonstration du désengagement de l’État dans la culture n’est plus à faire. Pourtant l’impact indéniable de la culture et des artistes sur le développement social et sur l’épanouissement d’une société aussi jeune que la nôtre doit/devrait être mis de l’avant à chaque occasion.

Il est essentiel que l’État, les citoyens et les artistes remettent au centre des préoccupations sociales l’importance de l’art et son formidable effet fédérateur sur une communauté. En ce sens, le manque de reconnaissance actuel pour le travail des artistes et des travailleurs culturels dans notre société nous oblige à réagir!

Très concrètement, la Commission cochon base sa réflexion et ses actions sur les postulats suivants :

–          La plupart des compagnies autoproductrices réunies dans la Carte Prem1ères sont les bénéficiaires des subventions de projet de production (en opposition aux compagnies qui reçoivent des subventions au fonctionnement, autrement dit un budget annuel récurent);

–          L’enveloppe des subventions de projet de production a fondu de 35 % au cours des 14 dernières années;

–          Les taux d’obtention de subventions à projets au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) avoisinent désormais les 15% concours après concours. Les autres Conseils des arts suivent sensiblement ce taux de réussite ;

–          Les compagnies qui reçoivent des subventions à projets sont celles de la relève, celles plus expérimentées qui n’ont pas encore accès aux subventions de fonctionnement et celles qui désirent garder une structure administrative légère, soit la majorité des compagnies rassemblées sous Carte Prem1ères.

–         Ces compagnies à projets sont le cœur, le vivier, l’essence, l’espoir de la vitalité des talents et du renouveau de notre culture québécoise. C’est tout un mode de production qui est menacé par la diminution de cette enveloppe.

Donc, afin de lutter contre ce désengagement de l’État à l’égard de des créateurs de première ligne, la Commission cochon portera tout au cours de l’année théâtrale 2013-2014 la revendication suivante auprès des fonctionnaires et des élus :

L’augmentation du montant alloué à l’enveloppe de subvention de projet de production des différents conseils des arts, afin d’atteindre un taux d’obtention moyen de 50 %. Ce faisant, la Commission réclame la fin d’un régime de saupoudrage qui consiste à en donner moins à davantage de projets afin que les projets sélectionnés puissent avoir les moyens réels de développer leur geste artistique.

 

Les actions de la Commission cochon

La Commission cochon met trois outils à la disposition des compagnies Cartes Prem1ères pour faire la lumière sur leurs conditions de création et défendre la revendication de la Commission.

1. De courts textes d’information à inclure dans le programme de leurs spectacles pour donner au public quelques statistiques qui font état du taux de réussite des compagnies autoproductrices «à projets» lors des différents concours des conseils des arts.

Les coordonnées des ministres de la Culture y sont incluses, afin que les spectateurs désireux de joindre leur voix à la Commission cochon puissent aisément témoigner de leur indignation à nos élus.

2. Un canevas de budget pour évaluer le réel coût d’un spectacle, en incluant les heures travaillées par la direction artistique, les droits de suite et d’auteurs jamais touchés, les cachets remis à la compagnie, etc.

Nous proposons aux compagnies d’inscrire dans les dépenses l’ensemble de ce que devrait coûter la production, puis dans les revenus le total des cachets payés et délibérément reversés aux compagnies par les artistes*. Et enfin d’envoyer ce budget révisé à tous les conseils subventionnaires.

3. Une lettre type adressée aux premiers ministres du Canada et du Québec, aux ministres de la Culture fédéral et provincial, aux élus municipaux et aux différents directeurs des conseils des arts, pour révéler le coût réel d’une production, et le budget dont la compagnie disposait.

La lettre demande aux politiciens et fonctionnaires de remercier les artistes et artisans qui font vivre, grâce à leur générosité, notre culture nationale, malgré un manque flagrant d’investissement de nos gouvernements dans les arts.

* L’Union des artistes exige que tous les membres d’une production soient payés. Leur cotisation syndicale et leur impôt sont prélevés sur leur cachet; dans certains cas, ils choisissent de reverser à la compagnie qui les a engagés ce qui reste de leur cachet… uniquement pour qu’une production donnée puisse exister. Cette réalité est aussi vraie pour les concepteurs, les droits d’auteurs, etc.

 

Une commission élargie

La Commission cochon entend créer un réseau avec tous ceux qui se sentent interpelés par ses revendications et ses actions : les directions artistiques des théâtres, les compagnies de théâtre, les artistes et les fonctionnaires du théâtre et de toute autre discipline.

Les compagnies membres de Cartes Prem1ères sont bien sûr les premières interpelées, et nous espérons que le rayon d’action de la Commission soit le plus étendu possible.

Restez à l’affût des nouvelles informations que nous publierons sur cette page!

Contribuez à la Commission en proposant d’autres actions.

Bloguez avec nous.

Toutes propositions seront les bienvenues.

Bonne saison théâtrale à vous tous, nobles résistants artistiques!

Le jury des Cochons d’or de Carte Prem1ères 2012-2013