Guy Rocher: Si j'étais ministre de la culture.
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Guy Rocher: Si j’étais ministre de la culture.

Dans le cadre de la campagne électorale, le Conseil Québécois du Théâtre compte bien inclure l’art et la culture dans les débats. Pour ce faire, ils publieront une lettre par jour signée par une personnalité qui doit répondre à la question: « si j’étais ministre de la culture ».

Nous publions aujourd’hui la lettre de Guy Rocher qui a accepté de participer à cet exercice.

Je ne serai jamais ministre de la Culture. Je l’ai toujours su, et le sais plus encore aujourd’hui.

Mais je pourrais être sous-ministre de la Culture. Ça, oui ! Un sous-ministre en connait souvent plus que le ministre. Un sous-ministre a parfois des idées, et même de bonnes idées. Et surtout, le sous-ministre sait comment réaliser des idées lorsqu’elles sont sur la table, en faire des projets. Il ou elle a l’expérience et la connaissance de l’administration publique, et parfois aussi du terrain.

À un nouveau ministre de la Culture, le sous-ministre pourrait dire : Voyez large. Au sein du gouvernement du Québec, vous êtes le ministre responsable de la BEAUTÉ, comme d’autres de vos collègues le sont de la Justice, du Savoir, du Bien-être… Grave responsabilité sur vos épaules. Car les Québécois ont un très sérieux problème de rapport avec l’Esthétique, le Beau, la Beauté.

Regardons autour de nous. Au cours des dernières décennies, le paysage architectural du Québec n’a cessé de se détériorer, de se dégrader, abandonné en toute liberté à des développeurs, promoteurs, constructeurs, trop souvent incultes. Nous avons laissé s’implanter ici la laideur, le standard, le tout-fait-vite, dans nos villes et nos villages. Les architectes, les urbanistes et les artistes ont été oubliés, mis de côté.

Il y a un énorme travail à entreprendre pour faire vivre les Québécois dans la Beauté, celle des résidences privées, des immeubles publics et privés, des écoles, collèges, universités, théâtres, salles de spectacle, et des grands et moyens ensembles urbains. Le paysage construit, c’est le fondement visuel d’une culture faite de respect de l’Art.

Pour réaliser un si vaste projet de rénovation esthétique, innovons en créant au sein du ministère de la Culture une Division responsable de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Aménagement urbain et rural. Cette Division travaillera avec toutes les forces vives chez les architectes, les urbanistes (trop négligés depuis belle lurette) et des artistes. Ils travailleront de concert à réaliser un environnement physique beau, essentiel à la sensibilité esthétique en tout.

Il faudra pour cela que cette Division ait la mission de susciter un peu partout des projets d’urbanisme et d’architecture, d’impliquer tous les professionnels et artistes prêts à se lancer dans cette aventure.

Si la culture est épanouissement personnel et collectif, elle l’est dans la mesure où la Beauté se fait voir et entendre.

Et puis, il faut penser aux générations qui viennent, à leur éveil à l’esthétique. Je vous suggère, Monsieur le Ministre, de travailler en collaboration avec votre collègue la ministre de l’Éducation pour réintroduire l’enseignement et la pratique des arts dans le programme de tout le système d’éducation, du bas jusqu’en haut.

Il s’agirait d’aller chercher, sous l’énorme couche de poussière qui le recouvre, le rapport de la Commission Rioux sur l’enseignement des arts. Ce remarquable rapport fut trop vite remisé sur une lointaine tablette. Pourtant, il venait compléter le rapport Parent, en mettant davantage l’accent sur l’éducation artistique. La sensibilité esthétique des Québécois d’aujourd’hui serait bien autre si le rapport Rioux avait connu la même attention que le rapport Parent.

Les Québécois ont une belle sensibilité, mais leur esthétique demeure en friche. C’est votre mission, Monsieur le Ministre de la Culture, de pallier ce grave déficit. Pour leur Bonheur, leur Joie de vivre, leur plein épanouissement humain. Ils seront accueillants à ce Renouveau, j’en suis persuadé. Il faut donc agir aujourd’hui pour les Québécois d’aujourd’hui, et en même temps pour les générations à venir.

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