Lettre d’opinion de Jacques Lacombe: rumeurs de fermeture des conservatoires
Les Conservatoires constituent un véritable patrimoine humain d’une richesse inestimable. Or, si un individu s’avisait de détruire un édifice patrimonial, il serait sévèrement jugé par la société. Pourquoi alors en serait-il autrement lorsqu’il s’agit d’un patrimoine humain? L’idée qu’une décision administrative puisse en un instant détruire une telle institution de savoir, que nous avons mis des décennies à construire, me fait frémir.
Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre de la Culture,
C’est en pleine répétition de l’opéra Carmen que je dirige présentement à Vancouver que j’ai pris connaissance des rumeurs de fermeture des Conservatoires de musique du Québec en région. Pour être honnête avec vous, j’en ai presque échappé ma baguette!
Comme chef d’orchestre diplômé des Conservatoires, l’enseignement que j’y ai reçu me permet de poursuivre une carrière épanouissante sur les plus grandes scènes du monde, d’être devenu le premier québécois nommé à la tête d’un orchestre américain, celui du New Jersey, tout en conservant mes racines dans ma ville natale, en tant que directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières. À ce titre, je joins ma voix au récent concert de protestations et j’appuie sans réserve la sauvegarde de cette institution unique qui fait la fierté et la richesse culturelle de notre société distincte.
Grâce au réseau des Conservatoires, les jeunes talents musicaux d’ici bénéficient d’une relation exceptionnelle avec leurs professeurs et, ce, de la plus tendre enfance jusqu’au niveau universitaire à la faveur d’un cursus continu, allant bien au-delà de l’apprentissage de l’instrument, ce que ni le secteur privé ni le secteur public ne peuvent offrir. Les Conservatoires constituent un véritable patrimoine humain d’une richesse inestimable. Or, si un individu s’avisait de détruire un édifice patrimonial, il serait sévèrement jugé par la société. Pourquoi alors en serait-il autrement lorsqu’il s’agit d’un patrimoine humain? L’idée qu’une décision administrative puisse en un instant détruire une telle institution de savoir, que nous avons mis des décennies à construire, me fait frémir.
Je comprends que votre gouvernement fait face à de nombreux défis. Cependant, je pense à ceux, autrement plus dramatiques, auxquels ont été confrontés les dirigeants européens au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Vienne, qui fut sévèrement touchée par les affres de la guerre, a vu son Opéra National reconstruit avant même le parlement et l’hôtel ville. Les dirigeants de l’époque avaient compris qu’un peuple se définit d’abord et avant tout par sa culture, et que c’est précisément durant ces moments difficiles que le peuple a le plus besoin d’art et de culture.
Or, si la situation financière du Québec est à ce point difficile, cette leçon d’histoire devrait peut-être servir d’inspiration. La décision de fermer une institution en raison d’un déficit budgétaire peut aisément être prise par un simple logiciel comptable. Par contre, la décision de donner les moyens de s’épanouir à une institution aussi importante que le Conservatoire ne peut venir que d’un grand chef d’État. Souhaitez-vous que vous et votre gouvernement passiez à l’histoire comme les fossoyeurs de la culture de notre société distincte et de ses institutions, ou plutôt comme de véritables leaders et bâtisseurs visionnaires et inspirés? Vos décisions à venir répondront sans doute à cette question…
Monsieur le Premier Ministre Couillard, si vous n’avez jamais rêvé d’être un grand chef d’orchestre, vous avez aujourd’hui une occasion unique de vous montrer à la hauteur de vos fonctions.
Jacques Lacombe, C.M., C.Q.
Directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières et directeur musical du New Jersey Symphony Orchestra, le chef d’orchestre Jacques Lacombe est fréquemment invité par de nombreux orchestres et maisons d’opéra de New York, Berlin et Londres, entre autres. Il est chevalier de l’Ordre national du Québec et membre de l’Ordre du Canada.
Merci à vous monsieur Lacombe!
Votre voix a du poids et j’espère qu’elle sera entendue avec plusieurs autres qui s’unissent pour contrer une telle absurdité.
Marie Josée Champagne
directrice régionale du ministère de la Culture et des Communications
de janvier 1988 à décembre 2006, aujourd’hui retraitée
Mon cher Jacques les mots justes pour parler des vrais affaires. Merci de ta prise de position. Xx
Les mots justes pour parler des vraies affaires. Inspirant! Bravo Jacques! xx
Tellement pertinent, que rajouter de plus….merci à notre chef d’orchestre.
Je ne veux qu’appuyer de tout cœur cette si poignante lettre adressée à l’autorité gouvernementale et à sa ministre de la culture.
Oui, je crois que ce message reflète en tous points ce que la population aimerait signifier mais nous ne trouvons pas toujours les mots justes.
De vieux sages ont dit que le monde se détruirait par lui-même et je crois malheureusement que c’est bien parti pour se réaliser.
Une preuve de plus que c’est l’argent qui mène le monde et pourtant……..je n’ai jamais vu de coffre-fort suivre un corbillard….dans lequel il est probable que nous nous retrouvions tous un de ces jours……
Priver les humains d’arts à cause de l’argent, c’est inacceptable parce que c’est aller contre nature…je dirais même que c’est tuer ce qu’il y a de meilleur dans l’être. Andrée Vigneault.
felicitation maestro pour cette magnifique sotrie. je suis un fervant de l’orchestre symphonique de trois rivieres.A nos leaders du QUEBEC, une pléiade de jeunes sortent des conservatoirs. fermer les conservatoirs de musique du quebec, ces l’équivalent que de fermer nos universités.Robert Auger Trois rivieres
Bravo M. Lacombe. Je partage votre opinion à 100%
J’Y crois qu’un peuple se définit d’abord et avant tout par sa culture.
À quand une mobilisation du peuple contre toutes ses coupures et abus!!!
Monsieur Lacombe,
Je n’aurais pas écrit mieux… Je vous remercie très sincèrement pour cette lettre adressée à Monsieur le Premier Ministre et à Madame la Ministre de la Culture. Votre écrit est intelligente et touchante à la fois.
A sa lecture nous sentons bien que chaque mot vient du coeur et chaque mot touche le coeur de l’autre.
Demeurons dans la joie de l’espérance.
Bien vôtre, Michel Villemure, président de Pro Organo (Mauricie)
Bravo pour l’article. Très bien dit.
À quand un concert sur la colline parlementaire ?
Félicitations Monsieur Lacombe, pour cette lettre qui positionne si bien l’importance de la culture pour toute société. Merci pour l’avoir écrite. Nous espérons que Monsieur Couillard et son équipe, prendront connaissance de cette lettre et surtout, comprendront le message et sauveront avec fierté, l’institution de nos conservatoires.
Hélène Harnois
Sutton
Je suis entièrement d’accord avec vous, Monsieur Lacombe. J’aimerais ajouter qu’au Québec historiquement il y a plus de choses qui séparent les gens : les religions différentes, les origines culturelles et ethniques différentes, mêmes les langues.
Et pour les réunir, pour essayer de créer une sensation d’appartenance au patrimoine commun, il ne reste que la culture. La culture musicale tout d’abord, puisque le patrimoine musical a vraiment une valeur humaine, et non pas nationale.
Je vous appuie pleinement, Monsieur Lacombe!
Monsieur Jacques Lacombe,
Comme tous les commentateurs de votre lettre à Monsieur le Premier Ministre et à Madame la Ministre de la Culture, je suis parfaitement d’accord avec vos opinions .
Tous les Québécois sont très fiers d’avoir en vous un chef d’orchestre d’une telle compétence qui les représente si bien à l’échelle internationale et qui est diplômé des Conservatoires .
Je ne suis pas au courant des coûts administratifs des Conservatoires que le gouvernement veut saborder mais il me semble plus logique ( comme on semble vouloir le faire en Santé ) de chercher des économies du côté administratif plutôt que de détruire des institutions si importantes.
Jean-Louis Boivin M.D.
Bonjour
Il serait dommage, voire malheureux que le conservatoire soit victime d’une fermeture puisque n’est-il pas une source de formation, n’est-il pas l’expression d’une culture fondamentale? Continuons à exprimer massivement notre désir que survive le conservatoire. Vous avez monsieur Lacombe mon appui et vous accompagnent mes vœux de succès dans cette démarche. Merci .Lacombe.
Merci M.Lacombe, ne perdez pas votre baguette. Nous en aurons besoin pour faire lever debout le peuple.
Mme la Ministre H. David,
Je ne peux croire qu’une personne telle que vous, spécialiste de la psychologie, acceptiez un tel dérapage de notre gouvernement libéral.
Vous n’êtes certainement pas sans savoir l’importance de la formation musicale sur la maturation neurologique d’un jeune laquelle favorise sa capacité à cerner les détails et la synthèse d’une lecture que ce soit de la musique ou de la lecture -écriture de toutes langues et particulièrement de notre belle langue française. Notre système scolaire ne parvient pas à faire de nos québécois des gens instruits capables de comprendre ce qu’ils lisent. Pire: nos enseignants voudraient retrouver l’estime d’eux en ne sachant pas lire ni écrire.
Je suis témoin à chaque jour, en tant que psychologue, de la volonté des parents à chercher les moyens pour aider leur enfant dans ses apprentissages scolaires.
Et le moyen toujours aussi efficace encore aujourd’hui est le décodage, prendre le temps d’intégrer les syllabes, de les écrire, avant de lire les mots globalement à toute vitesse.
L’enfant, dans un programme musical qui mène au Conservatoire qui est très différent de la formation du programme du Ministère de l’Éducation, pratique la rigueur des apprentissages quotidiennement: lecture détaillée des notes et la synthèse des sons enrobés du rythme. Celui-là n’a jamais de trouble d’apprentissage et de plus ce travail répétitif garantit à ses neurones une longévité pratiquement indestructible. Avez-vous lu Sacks?
Madame la Ministre, ne détruisez pas ce qui reste de formation culturelle au Québec. Je vous rappelle que le Ministère de l’Éducation ne parvient pas à maintenir un niveau de développement culturel au Québec malgré les divers programmes spécialisés au Primaire et au Secondaire. Et il faudra beaucoup de temps pour corriger la situation compte tenu qu’on ne donne même pas les moyens aux enfants et on n’exige même pas des enseignants l’obligation d’acquérir la base des apprentissages: parvenir à écrire notre langue pour la comprendre. Par conséquent, d’enlever l’accessibilité à ceux qui ont un désir de culture équivaudra alors à planter le dernier clou au cercueil et à arracher le cœur de nos parents du début du 20ième siècle qui ont cru à la valeur de la musique comme lieu de ralliement des familles, comme support aux défricheurs et aux souffrants. Grâce à eux, la musique a pu passer du foyer aux grandes écoles.
Comment une personne comme vous et un gouvernement aussi garni de ministres aux longs diplômes payés par la population québécoise peut-elle se faire servir de la sorte?
Vous ne pouvez fermer les Conservatoires régionaux au nom de la finance. Je vous demande de plutôt organiser des grands partys musicaux régionaux où la haute finance aura l’OBLIGATION de contribuer généreusement en dégustant nos mets du terroir. C’est une excellente formule qui a fait ses preuves.
Je vous en conjure!
Céline Montour
Merci pour cette lettre eclairee et eclairante
sur le sens profond de la culture ….
Comment une telle idee peut elle naitre dans l’esprit
d’élus du peuple …
Ceux ou /et celles qui osent proposer un crime
de lèse culture se gardent bien d’inscrire une
telle prommesse dans leur campagne électorale!!!!!
Votons nous pour des traitres ?…