Voilà. Il arrive qu'un film attire notre attention et que, pendant de nombreuses semaines, on se dit que ça risque fort bien d'être intéressant et étant donné les attentes qui ont trop gonflé, on ressort de la salle, un sourire en coin, en se disant à soi-même: "Quel poisson tu peux être!"
Depuis août 2007, je faisais partie de ces geeks qui, jour après jour, tapaient Cloverfield sur Google en souhaitant découvrir LE nouveau truc qui pourrait m'éclairer. Un de ces geeks qui, jour après jour, regardaient ce teaser absolument unique, en tentant désespérément de voir quel était ce monstre qui allait détruire New York sur nos écrans de cinéma.
Comme j'ai quand même 28 ans au compteur et que, malheureusement, de moins en moins de trucs m'en mettent plein la gueule, c'est en adulte responsable que je suis rentré dans la salle de cinéma. Je savais au fond de moi que toutes ces attentes risquaient fort bien de me décevoir. Je savais que les chances étaient énormes qu'en sortant de la salle, ce soit la déception qui allait m'habiter. C'était trop beau pour être vrai. Surtout que malgré mes voeux que le film soit présenté en version originale avec sous-titres francais, voilà que les distributeurs avaient eu la bonne idée de le doubler, ce qui allait certainement briser ce côté magique de réalisme, étant donné le style documentaire que la production avait choisi.
C'est ce sentiment d'avoir été berné qui m'a peu à peu habité pendant les vingt premières minutes de Cloverfield. Et tout d'un coup, un peu comme les protagonistes du film, tout a changé! Pendant une heure et six minutes, l'auteur de ces lignes a retenu son souffle et à plusieurs reprises, son pouls a probablement atteint un rythme jamais égalé jusqu'ici dans une salle de projection.
Tout y est. Peut-être ne suis-je qu'un effet espéré de la sous-culture américaine et que j'ai le cerveau lavé comme les basses autorités de ce monde le souhaiteraient, mais si c'est le cas, il y a un bon côté: Cloverfield est une expérience unique à vivre au cinéma. Bien entendu, j'imagine mal ma maman sortir d'une projection de Cloverfield avec les yeux pétillants et le sourire aux lèvres. J'imagine mal le fan fini de Francis Leclerc s'émerveiller pour un tel film. Et vous savez quoi? Je m'en tape éperdument car ce film m'a carrément transporté.
Que ce soit la structure du film, la façon amateur avec lequel il est filmé, les images 11-septembresques qui viennent titiller l'inconscient collectif ou tout simplement ce monstre absolument indescriptible, tout y est afin de faire au spectateur cette curiseuse impression de cauchemar éveillé qui, on le souhaite, se limitera aux salles de cinéma.
C'est pourquoi je vous dis: l'année est jeune et évitez les gaffes. Rendez-vous au plus tôt au cinéma car le jour où vous aurez le malheur de voir Cloverfield sur l'écran de votre petite télé, vous vous direz intérieurement: "Quel imbécile je peux être des fois!"