C'est devant une salle pleine à craquer que Phano L'Imposteur est entré en scène pour casser son premier album Si c'est pas d'un bord. Telle un nouveau Christ, un casque surélevé d'un ventilateur sur la tête, Phano a récité une espèce d'eucharistie où les mots s'entremêlaient avec la toute la poésie dont son imagination peut être capable. Bien que la majorité du public était assise confortablement autour de leurs petites tables, on pouvait dénoter de nombreuses paires d'épaules ainsi que des têtes se laisser aller sur les rythmes entraînants du trio.
D'ailleurs, une mention spéciale doit être attribuée au batteur et percussionniste Réal Gagnon. Autre que son jeu d'une précision inébranlable, le Beau Réal s'est amusé à garnir les pièces de nombreux effets sonores tous plus originaux les uns que les autres. Parmi ceux-ci, le petit klaxon à bicyclette fut irrésistible.
À l'autre extrémité de la scène, Pascal Beaulieu, qui était alors à la basse et muni de ses plus beaux habits, avait autant de plaisir que le public. Un peu comme Krist Novoselic de Nirvana, le bassiste se laissait aller dans des déhanchements endiablés.
Alors que Phano venait tout juste d'entamer Le temps brûle, un des moments très forts de son répertoire, un imbécile de la première espèce a jugé bon de lancer sur la scène une bouteille de bière qui a éclaté et causé une lacération au visage du batteur. Inutile de préciser qu'à ce moment, la magie qui avait englobé la salle s'est quelque peu atténuée.
Mais comme le rock a ce quelque chose de mystique et d'ironique, voilà que la chanson qui suivait était Mal à l'aise. Le reste du concert s'est donc déroulé sans blessure et le public fut totalement conquis.
Seul bémol au spectacle, autre que le tata pitcheur de bières, Phano avait un peu raison dans ce qu'il avançait. Bien que toutes les chansons du concert ont été bien rendues, il reste que certaines pièces telles que La parade vont chercher davantage d'efficacité sur disque que sur scène. Mais bon, c'est peut-être tant mieux comme ça, les souvenirs se transforment avec le temps tandis qu'un disque reste ce qu'il est jusqu'à la fin des temps.
(…) ou jusqu’à l’évolution de la technologie. Ado je me suis battu bec et ongle pour ne jamais perdre mes cassettes audio – j’y avais investi beaucoup et comme j’ai toujours été un peu radin, le passage au cd a été une rude épreuve pour moi.
J’ai manqué le lancement de Phano pour tout l’art du monde – vernissage à Espace Virtuel. (C’est un bon alibi pour prouver que je n’étais pas le héros lanceur de bière, j’imagine…)
J’ai bien hâte d’entendre enfin toute la galette. Je n’ai eu droit qu’à un extrait à Radio-Can jusqu’à présent. (Merci Philippe Belley!) C’était pas mauvais.