Un frisson a envahi la salle. Nous étions tous là à attendre, fébriles et déjà amusés par l'habituel drôle d'accueil qu'ils nous avaient fait à l'entrée et voilà que les Clowns noirs sont entrés en scène. En préambule: petit exercice de sensibilisation politique suivi du traditionnelle message pour les propriétaires de cellulaires livré d'une façon pour le moins amusante et originale. Barabbas dans la passion n'était même pas amorcé et l'univers unique aux Clowns noirs s'était déjà installé.
Les spectateurs en ont donc eu pour sept tableaux de pur délire. Étant donné la qualité exceptionnelle des trois premières oeuvres du Théâtre du Faux-coffre, on serait donc tenté de dire tout banalement que rien n'a changé mais ce serait là une grossière erreur. Tout d'abord, impossible de passer à côté de l'absence de Contre-Coeur, personnage touchant qui a toujours donné à la bande un petit côté juste assez sucré. Heureusement, avec l'arrivée du comédien Christian Ouellet, force est d'admettre que les Clowns ont vu très juste en lui attribuant le dangereux rôle de Barabbas.
Autre changement majeur, le ton de la pièce. On le sait, les Clowns n'ont jamais épargné le milieu du théâtre et plus particulièrement son financement souvent questionnable. Nombreux sont ceux leur ayant reproché dans les années passées une certaine amertume quant à leur façon d'aborder un tel sujet mais la donne change légèrement pour Barabbas dans la passion, non pas que le financement du théâtre ne soit pas abordé… Bien au contraire! Sauf que cette fois-ci, le tout est fait avec prouesse et c'est tout à l'honneur de l'auteur Martin Giguère.
Que ce soit la débilité sans borne de Ponce-Pilate, la candeur aveugle de Zachée, le hippie de Jésus qui enchaîne sur commande les miracles tel un DJ, l'étourdissante volubilité de Lazare ou les ambitions créatrices de Barabbas, tout est en place afin de nous faire vivre un moment où le temps n'a plus d'importance.
Réflexion cinglée mais géniale sur le théâtre et son importance auprès de la communauté, Barrabas dans la passion nous prouve une fois de plus que les Clowns noirs sont les Frankenstein de l'art de la scène. Tel le docteur du même nom, la bande a façonné une créature improbable et plus grande que nature à l'exception près que celle-ci est d'une beauté et d'une intelligence à en crever les yeux.
Maintenant, vous savez tous ne pas quoi faire: manquer Barabbas dans la passion des Clowns noirs. Le ridicule ne tue peut-être pas mais…
Si vous n'avez pas eu la chance de vous pointer à l'une ou l'autre des représentations de