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La Nuit avec un grand N

 Pour dire vrai, j'entretenais un certain doute par rapport à cette Nuit de la culture. C'est donc d'un pas un peu sceptique que je m'y suis rendu. Tout d'abord, pour cet horaire plus ou moins clair qui est sorti il y a quelques jours à peine – c'est ben beau d'être vert mais un horaire clair sur une feuille, ça vaut ben un coin de forêt- mais surtout par crainte de me faire défoncer les oreilles par des revendications interminables par rapport aux récentes coupures dans le milieu culturel. Car on s'entend, chiâler contre ces coupures à un événement portant sur la culture c'est un peu comme prôner le végétarisme parmi les clients du café Cambio.

 J'ignore si c'est moi qui ai tout simplement manqué de timing mais heureusement, je n'ai été témoin de rien de tout ça pendant cette Nuit. Bon… par ci et par là, quelques allusions mais rien de déprimant. Au lieu d'assister à des discours frôlant le pathétisme pur, ce que j'y ai vu s'apparentait davantage à la fête et au plaisir de se réunir en l'honneur de la création. Et c'est tout en l'honneur autant de ceux qui y participaient en tant qu'acteur que de ceux qui y jouaient le rôle essentiel de spectateurs.

Voilà donc mon petit bilan. Une blonde de la Tour à bière suivie d'une performance de capoeira. Bien que l'équipée était réduite à son maximum, ce fut un bon aperçu de cet art méconnu et le gars à lunette -le frère de deux des participantes à ce que j'ai pu savoir- qui tapait des mains à l'arrière de la scène valait à lui seul le spectacle. 

Cigarette à l'extérieur… ou plutôt cigarettes à l'extérieur suivies de la prestation de Ivy à l'intérieur de la bibliothèque. Grand journaliste comme je suis, je n'ai pu qu'assister au dernier texte de son bref spectacle mais aux dires de mon collègue monsieur Caron, Ivy était littéralement en feu en comparaison de ses précédentes performances au courant de la soirée. Tant pis pour le monde de La Baie…

 Seconde bière accompagnée de cigarettes suivies de L'Affaire simple. Chorégraphie burlesque. Long monologue interminable d'un pseudo metteur en scène ultra-cliché comprenant même une allusion quelconque au VOIR. Et enfin, trio de bonhommes misogynes qualifiant la gente féminine de fendues. Vous voyez le topo. Toutefois, on ne peut enlever à L'Affaire simple que nombreux étaient les gens du public à s'amuser. C'est déjà ça. En fait, ce qui est le plus triste, c'est que les seuls moment où votre blogueur préféré s'est amusé furent ceux qui semblaient plus ou moins planifiés. Mais bon, ce petit paragraphe me vaudra certainement une blague méprisante à mon sujet lors de leur prochain sketch. Vous me l'enverrez les gars.

En chemin pour la troisième bière, Sylvie Jean m'a attiré à nouveau vers la salle Murdock et pour dire vrai, ce fut un moment des plus charmant. Avec un répertoire plutôt varié et une orchestration simple mais riche, il était difficile de ne pas ne se laisser emporter par cette prestation. Les chansons de Sylvie Jean sont musicalement très recherchés et ses textes étaient certainement intéressants. Je dis certainement car, étant à l'arrière de la salle, j'en sais davantage sur ce que le gars à la porte devait dire aux gens tentant de se tailler une place. Quelque chose comme : "Ça sera pas facile de vous trouver une place".

Troisième bière et cigarettes à l'extérieur avec Eminem comme musique de fond. Set intéressant de chansons raps anglophones mais de kessé le rapport que bien des gens se demandent. Blâmons internet et ses chaînes de musique en continu, 

Discussion absolument délirante avec le maître du loft de Facebook Story, François Bégin. Ce dernier me confesse que les semaines qui s'en viennent deviendront de plus en plus difficiles pour lui. Les choix d'éliminations seront de plus en plus déchirants et son Pet Society lui a décidément trop pris de son temps dans les derniers jours. Il aurait réalisé avoir atteint le fond du baril après avoir fraudé des jeunes chinoises en leur promettant d'échanger des trucs virtuels en échange d'autres trucs virtuels. Vous voyez le genre de délire…

Courte mais combien intense performance de Dany Placard. Avec un orchestre constitué d'une basse acoustique, un joueur de snare drum, un tromboniste, une violoniste et bien entendu monsieur Placard à la guitare et au chant, la prestation fut magique et inoubliable. Rien de moins. Ses textes sont absolument poignants et ses mélodies juste assez accrocheuses pour vous donner l'envie de fredonner avec lui. Deux pouces en l'air comme l'aurait dit le gars des critiques de films qui est mort.

Quatrième bière suivie du match d'impro confrontant Les hurluberlus velus aux mythiques Clowns noirs. Assistance record et fébrilité totale dans l'assistance. En souhaitant que l'expérience ait redonné le goût à plusieurs personnes de porter un nouvel intérêt à cet art où les gens d'ici excellent curieusement. Qui sait, peut-être y a-t-il un lien avec notre eau de l'aqueduc?

 Autres faits saillants:

– Notre lecteur vedette monsieur Claude Perrier est décidément devenu une vedette. Non pas un mais cinq personnes m'en ont parlé cette Nuit. Bravo monsieur Perrier.

– Les punks aiment les expositions.

– Impossible ne ne pas se faire demander une cigarette par au moins 15 personnes en dedans d'une heure lors de la Nuit de la culture.

– Boire de la bière à l'intérieur de la bibliothèque, c'est cool.

Bref, à l'heure où je quittais le site chicoutimien de la Nuit de la culture, il y avait encore foule et c'est avec un sourire aux lèvres que j'en suis reparti. Alors que j'arpentais la rue Racine jusqu'à la maison, j'ai craint pendant un instant que ma dernière rencontre de la Nuit avec des êtres humains allait être celle où une fille en état d'ébriété et au décolleté plongeant sortait d'une discothèque accompagnée de trois grands gaillards et où elle affirmait que ça devait bien faire un mois qu'elle n'avait pas dormi chez elle.

Mais juste avant de quitter la Racine, Bruno le vrai Clown noir– selon Patrice Leblanc lui-même- m'a chanté Tom's Diner de Suzanne Vega en m'affirmant que c'était la pire toune au monde. Peut-être…