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Patente à gosse

Une belle journée. Je suis de bonne humeur. Je descends la Racine avec des étincelles dans chaque empreinte de pas (Traduction libre d'une phrase de MTV Makes me Want to Smoke Crack de Beck). Je m'en vais travailler à la bibliothèque. La face cachée d'un journaliste à la pige. Il faut payer son toît. Parce qu'être journaliste, dans mon cas, c'est un titre beaucoup plus honorifique que lucratif. Mais bon, c'est beaucoup plus agréable de bosser dans un bibli que de vendre des thermopompes au téléphone. J'imagine.

Tout ça pour vous dire qu'en me dirigeant vers la bibliothèque, je remarque un attroupement de gens et ça attise ma curiosité. Au coin Lafontaine et Racine plus précisément. Comme je suis théoriquement en retard à ma job, je garde ma cadence rapide tout en tentant de comprendre ce qui se passe et hop, je vois-tu pas Daniel Boucher, une guitare à la main et une tuque rouge sur la tête.

"Merde!" que je me dis. Daniel Boucher est dans ma face et moi, faut que j'aille travailler. Le genre de moment où j'aurais aimé être dans ma vie de journaliste. J'aurais juste eu à me planter là, partir mon recorder, analyser la situation et vous en livrer mes impressions de la façon la plus cohérente possible. Là, tout ce que je peux faire, c'est analyser MA situation et vous en livrer mes impressions. Pathétique.

Fais chier parce que je suis très curieux d'entendre le dernier album de Boucher. C'est un peu fataliste comme idée, mais il est mathématiquement impossible que ce nouvel album soit meilleur que La patente. Parce que La patente est à mon avis, un de plus grands albums de l'histoire de la chanson québécoise. Audacieux, inspiré, tordu, mélodique, poétique, parano, désinvolte et délirant. Tout ce que je cherche dans la musique est dans cet album.

C'est un peu comme le Pinkerton de Daniel Boucher. Pour la petite histoire, Pinkerton est le deuxième album de la formation Weezer. On se rappelle qu'à cette époque, la bande de Rivers Cuomo avait le vent dans les voiles et leur deuxième disque était grandement attendu. Pinkerton fut démoli par la critique, fit une des chutes les spectaculaire de l'histoire du Billboard et fut la cause d'une longue descente aux enfers pour Rivers Cuomo. Néanmoins, le bouche à oreille favorable de la part de certains fans a contribué à convaincre bien des gens de donner à Pinkerton une seconde chance et neuf ans plus tard, l'album était enfin consacré disque d'or. À mon humble avis, je considère que Pinkerton torche à la fois Nevermind de Nirvana et Mellow Gold de Beck et naturellement, toute la simili-merde que U2 a bien voulu nous faire subir.

Et c'est ce que j'espère pour Daniel Boucher. Un jour, La patente sera reconnu à sa juste valeur et ce jour-là, je serai enfin journaliste à temps plein. Je pourrai m'arrêter à chaque coin de rue afin de scruter ce qui s'y passe et j'aurai mon quinze secondes de gloire à L'index québécois à Musimax. Le thème de cette émission sera: les dix albums québécois les plus sous-estimés. J'ai hâte.