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Psycho 6/49

Je faisais la file l'autre fois en attendant à l'épicerie et je me suis mis à regretter. En fait, je vous dis ça mais je ne faisais même pas la file. Mon stock pour faire de la sauce à spaghetti était tout étalé sur l'espèce de tapis roulant et il ne manquait plus qu'à les faire scanner et à les payer. Si je regrettais, c'est que ça faisait presque cinq minutes que "ma" caissière était à un autre comptoir en train de sortir pour genre 50 piastres de tickets de 6/49 à un gros monsieur poche.

Et vous savez ce que je regrettais? C'était de ne pas avoir comptabilisé toutes les minutes de ma vie où je me suis fait littéralement chié à attendre après des trippeux de loterie. Que tu sois un dans ta file ou 34, c'est toujours la même chose. Y a le bonhomme ou la bonne femme qui est de dos à toi et là, comme s'il était dans une dimension parallèle où le temps n'existe plus, tu voix l'accro de la loto sortir un par un ses papiers de la façon la plus lente possible. Et quand tu commences à te dire que ça commence à faire le niaisage, tu entends la fille du dépanneur dire quelque chose comme "Ça va faire 30 dollars" et une espèce de paix t'envahit parce que tu te dis que c'est enfin terminé et qu'heureusement tu n'as pas passé pour un borderline en pétant une espèce de coche. 

Mais ça n'arrête jamais là. Théoriquement, trois options sont possibles. La première est que le bonhomme vérifie un par un tous ses tickets pour en venir à douter qu'un ou plusieurs billets n'aient pas été faits selon ses demandes. La deuxième option, celle que j'appelle le dessert, c'est que le bonhomme se paie une razzia de gratteux qu'il sélectionnera minutieusement. Un loto-bingo par ici, une poule par là, une roue chançeuse pis tant qu'à y être, deux petites minis avec ça mais pas ces deux-là, les deux autres en-dessous.

La troisième option est toutefois la plus angoissante. C'est celle où les deux premières décrites ci-haut se fusionnent pour créer un vortex temporel interminable. L'ennemi numéro un des pauses-café. 

Non mais, je ne sais pas pour vous, mais si on m'avait juste donné 25 cents pour chaque minute à attendre après un acheteur de loto, je suis certain que je pourrais au moins m'acheter un cartoon de cigarettes. Et là, je ne vous parle pas de cigarettes de contrebande, je vous parle de vraies cigarette. Et un cartoon de cigarettes, c'est vraiment pas donné.

À partir de demain, je commence à compter et à chaque fois que j'arriverai à la somme d'un paquet de cigarettes, je me permets de sauter une coche. Maintenant, regardez bien ma face en haut de cette page et si jamais vous me croisez au dépanneur, je vous conseille fortement de me laisser passer avant vous si vous êtes là pour un 6/49. On ne sait jamais…