En retournant de son voyage dans les vieux pays, Jean Charest a déclaré qu'il n'y a pas de crise linguistique au Québec. Eh bien, le premier ministre a raison!
En effet, il n'y a pas de CRISE linguistique au Québec. Mais il y a un sérieux PROBLÈME quant à la situation du français comme langue d'intégration. Depuis le gouvernement Bouchard, il y a aussi une nette volonté politique de ne PAS parler de ce problème et de ne pas s'attarder sur des données qui seraient trop inquiétantes et pourraient exiger une Loi 101 plus musclée! (Je vous réfère à mes deux dernières chroniques dans VOIR sur la saga récente des fausses études et des études cachées de l'Office québécois de la langue française.)
Un fait toutefois me fascine : avez-vous remarqué comment, ici, dès qu'un PROBLÈME se pointe sur la question linguistique, politiciens et médias ont immédiatement le mot «crise» à la bouche et à la plume? Certains rarissimes pour dire qu'il y en a une. Certains, beaucoup plus nombreux, pour dire que tout va très bien, merci beaucoup! Remarquez que c'est déjà une amélioration par rapport au temps de ma jeune jeunesse, comme dirait l'autre, alors que l'on parlait au Québec de GUERRE linguistique ou, in English, de LANGUAGE WAR, pendant que des anglos en colère peignaient des croix gammées en graffiti sur «Loi 101» ou «Bill 101»… On avait là de vraies crises messieurs, dames!
Une hypothèse : continuer à parler aujourd'hui en termes de «CRISE» fait peur et empêche par conséquent le débat rationnel et la discussion basée sur des FAITS. J'oubliais : ça fait aussi passer ceux qui veulent parler du PROBLÈME linguistique pour des fous qui cherchent le trouble, des radicaux ou des anglophobes. Et puis, qui veut d'une CRISE? Personne ne veut d'une CRISE! Résultat : beaucoup de blabla, beaucoup de distorsion, zéro action de la part du gouvernement.
Moi, je suis en crise ou en chr… mais pas seulement à l’égard de ce qui se passe ici, mais partout au Canada. Ce mépris crasse de notre langue qu’on ressent chez trop d’anglophones. Ceux qui sont dans des postes de services, en contact direct avec des gens de toutes nationalités, dans des villes multi-culturelles, et qui s’en foutent en s’encrassant dans leur langue propre, suppérieure, universelle.
Des employés des douanes qui ne sont pas capables de dire bonjour à quelqu’un qui se présente en français, et probablement qu’ils ne le feraient pas non plus pour un espagnol, un allemand ou toutes autres nationalités qu’ils croiseraient à tous les jours. Pourquoi faire l’effort d’apprendre un mot qui dénoterait une courtoisie quelconque à l’autre, celui qui n’est pas comme eux, celui qui ne fait pas partie du groupe, de la communauté qui prédomine..?
Je vais en voyage à l’étranger, j’essairai d’interagir avec ceux que je cotoierai en apprenant un, deux, trois mots… L’employé à pourboire en fera probablement autant.
C’est de tels gestes qui sucitent l’intollérance, qui rendent certains intransigeants, qui stimulent l’extrémisme.
Mais moi ça me met en crise, pardon en chr…