Je n'aime pas les guéguerres entre chroniqueurs. Mais il arrive des moments où, tout en respectant la liberté d'expression d'un collègue, ça mérite une petite réponse.
Dans La Presse de ce matin, Alain Dubuc parle de Mario Beaulieu, ancien président de Montréal-Centre au PQ, qu'il traite de «bastion du radicalisme». M. Beaulieu est vice-président de la Société Saint-Jean-Baptiste, que Dubuc baptise d'«intégriste», ainsi que porte-parole du Mouvement Montréal Français, que le chroniqueur qualifie de «troupes de choc de l'anglophobie». Ce sont là des mots lourds, très lourds.
Pour mieux le discréditer, M. Dubuc traite le pourtant très respecté démographe et scientifique Marc Termote de «chouchou des péquistes». Il parle aussi des «fous de la langue». Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage… Car qu'ont tous ces gens en commun? De faire une analyse différente de celle de M. Dubuc, à savoir que le français donne des signes inquiétants de fragilité et qu'il faudrait agir.
Il va sans dire que mon collègue a parfaitement le droit d'exprimer l'opinion contraire et que je n'entends pas faire ici, comme d'autres, du «Dubuc-bashing». Mais là où le bât blesse, c'est dans l'usage d'insultes, d'un vocabulaire n'apportant aucun argument en soi et qui, surtout, associe toute personne ou groupe de l'opinion contraire à la sienne à une espèce de secte de xénophobes et d'enragés dangereux. L'expression «fous de la langue» renvoie aussi à un vocable qu'on utilise ailleurs pour parler de certains intégristes musulmans, frange violente. Rien de cela ne nourrit le débat public.
Je suis par contre en accord total avec sa conclusion : «le véritable leadership exige de la retenue et une vision de long terme, le refus de faire de la politique avec la langue. La situation du français est un dossier émotif, complexe, qui exige des analyses nuancées, et qui ne se prête pas aux déclarations à l'emporte-pièce». De la «retenue», des analyses «nuancées», une «vision à long terme» et pas de «déclarations à l'emporte-pièce»? Et si on y ajoutait un brin de civilité et de rigueur dans l'argumentation, quelle belle idée ce serait là… même pour les chroniqueurs.
Monsieur Dubuc reste foncièrement un idéologue radical. Dans sa jeunesse, il faisait partie d’un groupe marxiste-léniniste voué à la gloire de Mao. Il en connaît pas mal sur les sectes puisqu’il a vécu dans l’une d’elle. Cet idéologue analyse la société à partir de sa dichotomie habituelle: le bien contre le mal. Bien sûr, il se situe du côté du bien. Les maoïstes avaient un propension à l’invective, monsieur Dubuc n’a vraiment pas changé. Il n’est pas loin le temps où il traîtera les défenseurs de la langue française de talibans.
Et oui! Et si je me souviens bien, l’un des principaux protagonistes et coreligionnaires de notre ami Dubuc et qui faisait partie du club sélect des marxistes-léninistes de la belle époque des contestations cégépiennes, n’était nul autre qu’un indicateur et informateur de la police. M. Dubuc, est le relent de toute cette agitation marxiste-léniniste qui aujourd’hui évalue plus leur vie en comparant leurs investissements dans les régimes d’épargne-retraite que de tenter de changer le monde. Comme le disait si bien l’autre, «Every man should be a socialist by twenty, and a capitalist by thirty».
L’utilisation d’argumentation est un privilège que l’on use lorsque le débat s’effectue devant un arbitre indépendant. Dans le cadre d’un débat public par l’intermédiaire des journaux, un tel arbitre n’existe pas conséquemment, l’invective est de mise car on veut par l’invective ou la provocation, émoustiller bien plus les émotions que la raison. N’est-ce pas le provocateur d’Édouard Drumont qui, dans la suite de son brûlot: la «France juive» intitulé: «La France juive devant l’opinion» trouvait dans «l’assentiment du peuple la meilleure attestation de la véracité de ses paroles.» L’arbitre, dans le débat journalistique, est le peuple, qui, parfois, vote avec ses émotions ou ses pieds, c’est du pareil au même. C,est celui qui invective le mieux plutôt que celui qui raisonne le mieux qui gagne la partie. Le «Qu’à mange donc de la marde!» de Guy A. Lepage, a plus d’impact que tout raisonnement, même le plus juste. Que voulez-vous que l’on y fît!
Bravo Mme Legault !
M. Dubuc émet des commentaires vraiment exagérés.
Merci madame Legault de relever ces propos calomnieux. En plus de traiter le démographe Marc Termote de «chouchou des péquistes», Alain Dubuc le traite aussi «d’alarmiste».
Monsieur Dubuc s’est bien gardé de préciser que le démographe Marc Termote est également professeur titulaire de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) en Urbanisation, Culture et Société, ainsi que professeur à l’Université de Montréal. Sa feuille de route et ses travaux de recherche ne datent pas d’aujourd’hui. Monsieur Termote est un universitaire crédible et respecté dont les travaux sont exhaustifs. Les réactions optimistes que l’on oppose aux études de Marc Termote s’appuient sur les données des derniers recensements. Sans préciser que depuis 2001, les méthodes de calcul ont changé.
Bien sûr, on peut faire dire ce qu’on veut aux recherches, mais Monsieur Dubuc, un carriériste aux ordres de la famille Desmarais, n’a que des insultes à y opposer. Pour un soi-disant lucide, sa connivence aveugle envers ce clan, dont l’appartenance aux «think tanks» à l’idéologie ultraconservatrice de l’Institut C.D. Howe et de l’Institut économiques de Montréal est assurée par Hélène Desmarais, est pour le moins biaisée.
Les cibles préférées de monsieur Dubuc sont celles qui pourraient mettre en cause le milieu des affaires et son élite fédéraliste. La langue française étant l’outil d’affranchissement par excellence, les récentes études sur la minorisation du français à Montréal ne peuvent qu’être «alarmistes», selon lui, et doivent donner de l’urticaire à l’éditorialiste de La Presse.
La Presse a même recruté Marcel Côté, économiste, associé-fondateur de SECOR, une firme conseil en management, se décrivant au service de leurs clients de prestige. «C’est en formant des relations durables et rentables avec des entreprises leaders, tant du Canada que de l’étranger que nous avons bâti notre histoire. Notre clientèle prestigieuse s’est développée en raison de la valeur ajoutée que nous apportons continuellement à nos mandats. Nous avons pu croître grâce à notre engagement envers les objectifs de nos clients».
Depuis que le débat sur la langue d’usage au Québec s’est politisé, La Presse fait appel à Marcel Côté dont le mandat à «valeur ajoutée» consiste à jeter le discrédit sur la réputation de Marc Termote.
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