Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais face à l'espèce d'obsession qu'ont les médias avec l'anglais de Pauline Marois, j'ai comme un malaise.
Que ce soit dimanche soir à Tout le monde en parle, ou à presque chacun de ses points de presse, l'anglais de la chef du PQ est devenu, si vous me passez justement l'expression anglaise, un «running gag».
On ne verrait pourtant JAMAIS les médias canadiens-anglais talonner un chef de parti anglophone en lui demandant de parler français, ou comment son français se porte… En fait, on s'y accommode parfaitement de politiciens unilingues anglophones et on ne se gêne surtout pas pour souligner à gros traits l'anglais supposément mauvais de Stéphane Dion.
Le malaise, je le ressens aussi de voir Madame Marois se prêter elle-même à ce petit jeu. Voilà une chef de parti, qui accepte de faire l'élève en se laissant tester son niveau d'anglais et qui semble trouver ça fort sympathique.
Combinée à toute la couverture que reçoit son idée de vouloir voir chaque Québécois apprendre l'anglais, le petit jeu de tester l'anglais de Madame envoie aussi un bien drôle de message : hors de la maîtrise de l'anglais, point de salut ou de réussite au Québec.
Pourtant, sans avoir vraiment parlé la langue de Shakespeare avant sa lancée actuelle, Madame a tout de même mené une longue carrière politique, se hissant jusqu'à la tête d'un parti majeur et humant aujourd'hui le parfum d'un retour possible au pouvoir. Pas mal pour une quasi-unilingue! D'ailleurs, la plupart des chefs d'État occidentaux le sont aussi.
Avant de me traiter de tous les noms, laissez-moi vous dire que mon malaise ne participe d'aucun rejet de l'anglais. Je le parle et l'écris très couramment depuis ma tendre enfance (et non, je ne l'ai PAS appris à l'école). Depuis dix ans, j'écris même avec plaisir pour The Gazette. Eh oui.
Je trouve seulement passablement déplacé que dans un État où le français est la langue officielle, et à un moment où il recule à Montréal, l'on face autant de cas de l'anglais de Madame. Et qu'elle se prête elle-même au jeu. Se garder une petite gêne sur cette question serait peut-être une bonne idée.
Bref, revenons-en.
Je ne peux pas m’empêcher de voir un lien entre l’épisode où Pauline Marois a eu des difficultés avec son anglais en public et ses drôles d’idées pas très claires sur le bilinguisme, et bien sûr sa performance anglo-saxonne à TLMEP. C’est comme si, depuis ce temps-là, elle tentait par la bande de s’excuser…
En effet, au Québec, hors de la maîtrise de l’anglais, point de salut! On n’aime pas entendre ce mot mais c’est bel et bien celui-ci qui me vient à l’esprit : colonisé(e).
Il faut toujours laver plus blanc que blanc au Québec. Mme Marois disait qu’elle apprenait l’anglais pour nos « compatriotes » de langue anglaise. Pourrait-on dire que nos « compatriotes » du ROC en font autant? J’en doute.