(Désolée si ce blogue est un peu longuet, mais ce n'est pas un sujet qui se ramasse en deux ou trois paragraphes..)
En regardant le petit Kosovo de 2 millions d'habitants avec son taux de chômage de 45% déclarer unilatéralement son indépendance, une question m'est venue. Le Québec serait-il devenu un État Tanguy, un territoire ayant tout ce qu'il faut pour être indépendant, mais gouverné par des élites incapables de se détacher du confort de la grande maison canadienne ?
Je n'ai pas la réponse. Je pose la question, c'est tout.
Par une drôle de coïncidence, le Kosovo devient le 194e pays de la planète tout juste un mois avant que le PQ procède à l'enterrement de son référendum à son prochain conseil national. En échange, il parlera dorénavant du «projet» de pays. Et comment se fera ce «pays» si le PQ refuse de parler du «moyen» par lequel il voudrait le créer? Qui sait? Peut-être par l'Immaculée conception…
En réaction à la proclamation du Kosovo, le député péquiste Daniel Turp a même déclaré que le PQ allait continuer d'«accompagner ceux et celles qui veulent faire accéder la nation québécoise au statut de pays». ACCOMPAGNER? Est-ce là le peu que le PQ entend faire dorénavant?
Quant à Stéphane Dion, le père de la Loi dite sur la clarté, s'il a le mérite d'encourager le Canada à reconnaître le Kosovo, on a quand même vu poindre sa légendaire mauvaise foi dès qu'il s'agit du Québec.
Le Kosovo et le Québec, nous dit Dion, c'est pas pareil ! Il nous dit qu'il faut reconnaître le Kosovo parce que sa «population a été victime d'exactions graves qui ont nécessité une intervention armée». Ah bon? Si on le comprend bien, le Québec n'aurait pas droit à son indépendance s'il votait OUI – et la question est ici TRÈS hypothétique avec AUCUN référendum en vue – parce qu'aucun Québécois n'a été embroché ou coupé en petits morceaux par un quelconque «ennemi»?
Bref, Dion nous dit que pour avoir droit au divorce, il faut avoir été battu auparavant. Et battu beaucoup, souvent et très fort !
Le Kosovo qui, lui, se contente d'une déclaration d'indépendance unilatérale sans référendum, est tout de même un gargantuesque pied de nez au concept même d'une Loi sur la clarté, voir au concept même de référendum.
En fait, même si le Québec tenait un jour un autre référendum, la Loi de Stéphane Dion ne vaudrait même pas le prix du papier sur lequel elle est imprimée.
Tout juriste vous dira que la Loi sur la clarté, ce n'est que ça : une loi ORDINAIRE du Parlement fédéral. Elle n'est ni au-dessus des autres lois, ni constitutionnalisée. Une loi ORDINAIRE votée par un parlement ne peut contraindre un autre parlement ou, dans ce cas-ci, l'Assemblée nationale.
En d'autres termes, la Loi sur la clarté a beau dire qu'Ottawa déciderait s'il devait ou non reconnaître un référendum gagné par le OUI en jugeant, une fois le vote passé, de la «clarté» de la question et de la majorité, cette loi n'aurait aucun pouvoir de contraindre l'Assemblée nationale à lui obéir.
La Loi de Stéphane n'est donc rien de plus qu'un tigre de papier, un Bonhomme sept heures destiné à faire croire qu'un OUI mènerait au chaos. Le problème, c'est que Lucien Bouchard – PM du Québec au moment de l'adoption de cette loi et pourtant avocat – ne l'a jamais expliqué «clairement» aux Québécois.
Plutôt que d'expliquer calmement aux Québécois pourquoi ils n'avaient aucune raison d'avoir peur du Bonhomme sept heures, il a préféré jouer à la victime. Comme d'habitude.
Le Kosovo fait par ailleurs la démonstration de quelques points fondamentaux (appelons ça le très classique «gros bon sens»).
Primo : rien, et surtout pas une simple loi, ne peut arrêter l'indépendance d'un peuple le désirant vraiment et dirigé par des élites qui, elles aussi, le veulent vraiment.
Secundo : même si, comme la Serbie l'a fait, l'État dont on se sépare refuse de reconnaître la déclaration d'indépendance d'un de ses territoires constituants, l'important est que cette reconnaissance soit faite par d'autres pays. C'est ce que Jacques Parizeau avait préparé en 1995. Sachant qu'Ottawa tiendrait tête le lendemain d'un OUI, des années de travail diplomatique intense avait assuré que la France et la francophonie seraient les premiers à reconnaître ce nouveau pays.
Tertio : un référendum, c'est bien. Mais il existe aussi d'autres moyens démocratiques d'obtenir son indépendance.
Mais ce n'est pas au PQ qu'on débattra du «moyen», ses dirigeants refusant maintenant de parler de ce genre de choses. C'est vrai qu'il y a toujours l'Immaculée conception…
Un État Tanguy, peut-être, mais c’est principalement parce que l’État est totalement immature. Le Québécois moyen, au moment où vous avez mis votre texte en ligne, croit que le Kosovo c’est des terroristes et s’intéressent beaucoup plus de savoir où le steak haché est en spécial cette semaine pour préparer leur plat national.
Se séparer, les Québécois, ils s’en contre-foutent. Le Canada, les Québécois s’en contre-foutent aussi. Ce qu’ils veulent, c’est chialer un peu au même moment qu’ils se font « immaculer » profond par l’élite globale.
Il ne faut pas comparer le Kosovo avec le Québec car nous n’avons pas vécu cette guerre sale qu’a été la guerre des Balkans. Pas de démocratie dans l’ancienne Yougoslavie car le maréchal Tito veillait au grain et gardait les Soviétiques à bonne distance. Sa dictature était des plus rassemblante et depuis sa mort tout semble partir en morceaux. Tout près du Kosovo, il y a la Macédoine, qui a fait aussi son indépendance, mais qui en arrache depuis ce temps. Je trouve amusant que nos souverainistes s’accrochent à cet exemple international alors que depuis près de 40 ans, leur idéal va d’échec en échec. Certains parlent aussi d’un possible éclatement de l’Irak, à cause des conflits entre les différents groupes ethniques ou religieux: nos souverainistes auront probablement une nouvelle lubie à laquelle ils pourront se comparer.
À lire certains chroniqueurs, la liberté et l’autodétermination des peuples, c’est juste bon pour les autres. Il faut, en plus, absolument avoir subi d’atroces exactions pour atteindre leur niveau « acceptable » de légitimité à la totale liberté politique. Mais lorsqu’on prône, par exemple, l’indépendance du Québec pour des raisons de fierté, de responsabilité et de pérennité de notre identité collective, ce serait tout à coup moins légitime. Faute d’arguments, on vous traitera de xéno et peut-être même de raciste!
Lorsqu’ils parlent d’une plus grande légitimité à cause des exactions passées, doit-on prendre en compte le nombre d’années écoulées depuis ces dernières? Bref, un peuple qui a subit des massacres il y a 10 ans a-t-il plus de légitimité à la liberté qu’un peuple qui les a subi il y a, disons, 170 ou 250 ans? Et bien entendu, est-ce que le niveau de légitimité augmente s’il y a plus de mort?
Mon point est simple : ceux qui croient qu’il est moins légitime pour un peuple voulant faire son indépendance pour des raisons de fierté, responsabilité et pérennité que pour un peuple qui a subi des exactions récentes, sont tout simplement malhonnêtes et hypocrites.
L’indépendance d’un pays est une question de contexte, de situation dans un moment précis de l’histoire du monde. Le cas du Kosovo l’illustre de nouveau. Pourquoi ce petit pays peut-il ainsi, à la suite d’une simple proclamation de souveraineté par son parlement démocratique, accéder à son indépendance alors que son poids politique et économique dans le concert des nations est aussi léger ? Tout simplement, parce que les forces géopolitiques du moment jouent en sa faveur. Les nations occidentales, les USA à leur tête, y voient un moyen de faire reculer encore un peu plus l’influence de la Russie dont ils convoitent les richesses pétrolières et gazières. Rien de plus. C’est une autre façon pour eux de braquer d’autres sortes de missiles aux portes de ce qui fut un empire rival. Si le Kosovo avait été dans une zone d’influence contrôlée au départ et sans ambiguïté par les forces occidentales qui lui ont reconnu ce droit à l’indépendance, le Kosovo n’aurait jamais obtenu cet appui de leur part.
C’est en ce sens-là seulement, celui de la force et non celui du droit comme le prétendent ceux qui jouent au juge en s’appuyant sur un droit dont ils sont les seuls rédacteurs, comme le fait Stéphane Dion, que la situation du Kosovo diffère de celle du Québec. Pour nous, l’aval qu’il nous faut obtenir en priorité pour espérer recueillir des appuis de taille est celui de nos voisins du sud, car à leur suite pourrait se glisser une tiède reconnaissance de la part de la Grande Bretagne, quoique avec des réserves pour protéger ses arrières écossais, et celle un peu plus chaude des autres pays européens.
Alors, plutôt que de regarder dans notre seul jardin pour voir sur qui il faut lancer notre pierre, il vaudrait sans doute mieux penser à plus long terme, histoire de préparer et d’expliquer ce qui fait encore peur, mais sans raisons valables, aux Québécois.
Bonjour,
Mme Legault, je sais que vous avez une forte tendance souverainiste, mais il y a bien certaine limite…!
C’est incroyable comment les indépendantistes s’accrochent..! On ne peut pas comparer le Kosovo au rêve des péquistes de devenir un pays!
Avez-vous oubliez les 10 000 kosovars décédés, les 1000 serbes? Avez-vous oubliez le régime de Milosevic, le taux de chômage de plus 40%?
Nous avons une grande liberté au Québec. Les gens sortent dans la rue pour revendiquer sans se faire tuer, il y a une grande liberté de presse, nous avons même un parti politique souverainiste à Ottawa.
Vous croyez que le Québec est un Tanguy? Je pense que les indépendantistes sont encore au stade de l’adolescence. Ils chialent, ils ne sont jamais contents, ils veulent voler de leur propre ailes. J’ai hâte que vous soyez plus matures..!