Le diktat de Rome vient de tomber. Le curé Raymond Gravel ne pourra se représenter pour le Bloc.
Il a beau être curé, Raymond Gravel respectait pourtant beaucoup mieux que Rome le principe de la séparation de l'État et de l'Église!
Surtout, Raymond Gravel, c'est l'anti-cynique par excellence. Une denrée rare dans la classe politique par les temps qui courent…
Un député précieux pour n'importe quel parti. Et donc, une lourde perte pour le Parlement.
Dans son cas, il risque fort d'être irremplaçable.
Pour « l’anti-cynisme », je suis d’accord.
Mais pour la « séparation de l’Église et de l’État », je ne vous suis pas…
Si Raymond Gravel (ou un autre curé) se présentait sous la bannière des Conservateurs, parlerait-on encore de « séparation des pouvoirs » ? Permettez-moi d’en douter.
J’ai comme l’impression que la raison pour laquelle Rome a pris cette décision, c’est qu’elle ne voulait pas se retrouver avec une chicane de clochers dans un comté opposant éventuellement deux curés ; ou que, tout simplement, en élisant un curé, la population endosse à la fois les valeurs de l’Église qu’il représente puisque ce dernier n’est pas libre de dicter sa propre ligne de pensée en matière de morale publique, non ?
Bref, être curé ce n’est pas comme être dentiste ou comptable. Et j’ai tendance à croire que les Témoins de Jéhovah poussent réellement la séparation du pouvoir temporel et intemporel à sa plus lointaine limite en empêchant carrément ses fidèles de voter… Une autre belle question d’intérêt public, non ?
Enfin, pas besoin d’être un adepte de Saint-Augustin pour VOIR là un mélange des genres bien peu souhaitable.
Mais je veux bien qu’on me prouve que j’ai tort… car je ne remets pas en doute les aptitudes politiques de monsieur Gravel, seulement la position délicate dans laquelle il s’était placé.
L’abbé était placé entre le marteau et l’enclume. Il a dû choisir. Il est bon que l’Eglise ait en son sein ecclésiastique des personnes de son calibre. Ni le Christ, ni Thomas d’Aquin n’ont prêché la soumission bête et abrutissante à l’autorité. Ruer dans les brancards est un devoir de bon chrétien quand les prélats sont dans l’erreur. Il est bon de leur rappeler. L’abbé Gravel va s’en charger. Lui et quelques autres.
» Ite missa est » pour Ottawa. » Introibo ad altare dei » pour le reste de sa vie. Il a du pain sur la planche.
Amen!