Oh boy!… Ça sent l'improvisation. Et pas à peu près…
Stephen Harper annonçait aujourd'hui qu'il y aura alternance à la présidence du CRTC entre un «francophone» et un «anglophone», qu'un des deux postes de vice-président ira à un «francophone», que 25% des membres seront des «francophones». Et tout ce beau monde sera nommé sur recommandation du gouvernement du Québec.
Franchement. Plus ça change, plus c'est pareil.
On croirait entendre Jean Chrétien qui, pour clouer le bec aux nationalistes québécois, répétait sa rengaine ad nauseam sur: «ben quoi? C'est quoi le problème? On a des «Canadiens-français» à la Cour suprême et comme gouverneur général….». De quoi se plaindrait-on, quoi?
On savait que Chrétien, comme Trudeau d'ailleurs, voyait le Canada à travers un prisme ethno-linguistique: il y avait les «Canadiens-français» d'un bord, les «Canadiens-anglais» de l'autre, et les immigrants dans le milieu.
Mais qu'il y ait un Québec moderne, multiethnique, dont la langue officielle est le français, et dont la minorité anglo-québécoise est une partie intrinsèque, alors, ça non! Pas question! Qui sait? Ça reconnaîtrait, pour vrai, que le Québec entier est une nation, et non pas seulement les francophones qui y vivent…
MON point de vue: qu'est-ce que ça donne de nommer des «francophones» ici ou là dans des institutions fédérales, dont la mission n'est pas de représenter les intérêts du Québec? Et, tant qu'à faire dans le n'importe quoi, pourquoi est-ce qu'un Anglo-Québécois ne serait pas habilité à être recommandé par le gouvernement du Québec?
Bref, la «promesse» improvisée de Harper n'apporterait pas plus au domaine des télécommunications au Québec que de nommer un ou une «francophone» à Rideau Hall… ou à la Cour suprême.
Dans ce domaine – campagne électorale oblige, attendez-vous donc à ce que Stephen Harper enfile quelques autres «promesses» improvisées sur la «culture» au Québec…
Mais, en bout de piste, je n'en démors pas (voir ma chronique sur le «clientélisme chirurgical»):
S'il est réélu, une fois les hauts et les bas de la campagne passés, Stephen Harper donnera à Jean Charest une «souveraineté culturelle» équivalente à sa reconnaissance de la «nation» québécoise: soit une reconnaissance essentiellement symbolique, factice, sans aucune conséquence constitutionnelle, mais qui l'aiderait à consolider et élargir sa «clientèle» au Québec dans un contexte où le PQ n'offre plus AUCUNE alternative à ce niveau-là…
Harper et ses conservateurs profitent d’une société perdue dans ses repères qui a trouvé sur son chemin deux Non à ses référendums sur la souveraineté et qui ne se contente plus que de miettes. C’est Gilles Vigneault dans sa déclaration du 10 septembre qui a le mieux exprimé la condition du Québec, une condition de désorientation qui flirte surtout en régions avec le vieux souffle du traditionalisme unioniste et créditiste. De là, cette idée que cultive une bonne partie du peuple que les artistes ne sont tous que des « vedettes » de téléséries dont l’on parle trop dans les journaux à potins. Or, il y a les autres artistes qui sont nombreux qui travaillent dans l’ombre.
J.Legault, la conscience de former une nation n’a pas pénétré en profondeur des régions comme la Mauricie, la Beauce et l’ensemble des Chaudières Appalaches sans oublier la capitale même Québec et toute sa région qui l’environne. Ce vieux sentiment du Canada français continue de prospérer également à sa façon en Outaouais et dans une partie de l’Estrie. Il y a donc ce régionalisme faute de l’appeler autrement qui a toujours résisté à l’idée d’un pays du Québec dont on trouve des expressions officielles à Québec et à Hull-Gatineau. Il suffit d’écouter la chaîne CPAC dans sa version française produite à Ottawa et Gatineau pour décrypter quel type de commentateurs politiques qu’on y trouve. Ils ne sont pas sans faire penser aux propos de plusieurs journalistes du Soleil et du Journal de Québec. Harper et sa clique tout comme Dumont avec la sienne ne connaissent comme talent que celui de jouer avec ce vieux fond canadien français qui a contribué d’ailleurs de façon décisive aux résultats des deux référendums. Le clientélisme des conservateurs profitant de l’affaiblissement du « navire amiral péquiste » pénètre les régions québécoises et rejoint ces nationalistes mous dont plusieurs sont toujours sensibles à la marque d’une identité fortement catholique. Des gens qui rejettent Bloc et PQ parce qu’ils ne veulent pas pour leurs enfants les nouveaux cours d’enseignement religieux.
Le PQ et le Bloc ont fait l’erreur de ne pas développer un deuxième centre important d’organisation à Québec et probablement aussi à Gatineau si proche d’Ottawa. Cela dans certains de ces commentaires un Pierre Falardeau l’a compris mais jamais au grand jamais un Part Québécois qui avec René Lévesque n’est jamais sorti de son angélisme suicidaire dont on connaît le résultat aujourd’hui.
De la faiblesse stratégique de Lévesque, les souverainistes ont créé intelligemment le Bloc pour en sortir de cette incapacité d’utiliser tactiques et stratégies brillantes contre les fédéralistes. Et le Bloc s’est avéré utile depuis pour empêcher le noyautage des intérêts québécois dans le tout canadien mais le Bloc ne peut tout faire. Le PQ doit retrouver son souffle et son âme sinon nous risquons beaucoup nous les Québécois francophones distincts par la culture.
Que Montréal soit le centre des souverainistes c’est normal considérant le West Island à côté, le poids de la métropole dans tout le Québec. C’est à Montréal que l’avenir du Québec français se joue si la métropole devient anglophone à l’heure des télécommunications, que restera t’il de l’Amérique française? Les gens des régions du Québec devraient cela le comprendre.
test
Il fallait entendre Dany Laferrière à Bazzo.tv hier soir parler de Harper vs la culture et la religion. C’était du grand art. C’est disponible sur le web, je crois…
Il fallait aussi écouter Facal parler de la pertinence du Bloc à Ottawa :
« Les souverainistes québécois sont des citoyens canadiens qui paient des impôts. Pourquoi je ne voterais pas pour un candidat qui reflète mes convictions? C’est l’essence même de la démocratie, voter pour quelqu’un qui défend mon point de vue. Tant que les lois canadiennes s’appliquent à moi, pourquoi m’interdirait-on le droit d’envoyer au Parlement Canadien quelqu’un qui va s’assurer que mon point de vue est à tout le moins entendu? » – Joseph Facal, à Bazzo.tv le 18 septembre 2008
Il ajoutait ensuite, avec un grand sourire :
« Le problème du Bloc, c’est le reflet de l’impuissance collective des Québécois. À Ottawa, on vote pour un parti fédéraliste et après on se vire de bord et on vote pour Mario Dumont aux élections provinciales. Si on est un souverainiste conséquent, on vote et pour le Bloc et pour le PQ. Cela dit, vous avez raison de dire, qu’à partir du moment où de toute évidence, la souveraineté n’est pas à l’ordre du jour, eh bien le Bloc se retrouve en quelque sorte avec le tapis qui lui est retiré en dessous des pieds, bien sûr. Mais quelle est l’alternative? 75 députés fédéraux sur le modèle de Josée Verner et de Justin Trudeau? » – Joseph Facal, à Bazzo.tv le 18 septembre 2008