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Jour 26:Où était Harper?

 

Je ne suis pas encore convaincue de l'efficacité de la nouvelle formule plus «conviviale» du débat des chefs. Comme politologue, je suis plutôt de l'école classique : un débat sert non seulement à exposer et expliquer un programme, mais aussi à confronter les différents points de vue.

De cela, il y a eu très peu dans le débat en français. Mais peut-être qu'il y en aura plus ce soir, en anglais. On verra bien.

Mais surtout, plus que la formule en soi, LE problème du débat de mercredi soir aura été l'ABSENCE de Stephen Harper.

Quoi? Vous dites qu'il y était? Ah oui. Bien sûr. Physiquement. Mais étant donnée sa stratégie on ne peut plus évidente de rester calme comme une roche et de n'exprimer à peu près aucune idée alors que les quatre autres chefs faisaient état des leurs, eh bien, force est de constater que le premier ministre aura été absent politiquement et intellectuellement de ce débat.

Et après, on vous dira qu'il n'a pas d'«agenda caché»….

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Tellement absent qu'il fut, le PM, qu'après avoir demandé lui-même qu'on y parle plus longtemps d'économie, il n'avait finalement rien d'autre à dire que tout va bien au Canada et que rien de différent ne doit être fait face à la crise financière américaine, laquelle pourrait frapper le Canada d'ici quelques mois.

Pour quelqu'un qui voulait «rassurer» les électeurs…

Résultat: le PC risque de continuer à se faire doubler par le Bloc au Québec.

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Stéphane Dion: «performance» surprise, comme on dit. Et pour une fois, ce ne fut pas sur la forme, mais sur le fond. Le chef du PLC a parlé d'économie. Il avait un plan, alors que le PM n'en avait aucun. Sur l'environnement, ses positions sont solides. Fait à noter: pour la première fois, Dion a tenté de se réapproprier le «centre» de l'échiquier idéologique alors que Harper se l'était approprié, en discours et non en politiques, depuis le début de la campagne. (Voir ma chronique de la semaine dernière «À la vitesse de l'éclair»). Pour ce faire, Dion est même allé jusqu'à qualifier le NDP de «socialiste»…

Gilles Duceppe: il a sûrement consolidé ses appuis et les a même peut-être renforcés. Pour lui, c'est mission accomplie.

Jack Layton: sa tendance à se présenter comme le futur premier ministre du Canada manque de sérieux et de crédibilité.

Elizabeth May: sa présence est une belle victoire pour le Parti vert. Mais Mme May est intervenue trop souvent et certaines de ses interventions montraient la confusion qui règne dans la politique économique de ce parti. Ex: appuyant de nouvelles baisses d'impôt alors que la marge de manoeuvre du gouvernement fond comme neige grâce aux politiques de M. Harper, Mme May propose une mesure qui n'aiderait en rien à faire face aux turbulences économiques actuelles et surtout, à venir.