Je ne suis pas encore convaincue de l'efficacité de la nouvelle formule plus «conviviale» du débat des chefs. Comme politologue, je suis plutôt de l'école classique : un débat sert non seulement à exposer et expliquer un programme, mais aussi à confronter les différents points de vue.
De cela, il y a eu très peu dans le débat en français. Mais peut-être qu'il y en aura plus ce soir, en anglais. On verra bien.
Mais surtout, plus que la formule en soi, LE problème du débat de mercredi soir aura été l'ABSENCE de Stephen Harper.
Quoi? Vous dites qu'il y était? Ah oui. Bien sûr. Physiquement. Mais étant donnée sa stratégie on ne peut plus évidente de rester calme comme une roche et de n'exprimer à peu près aucune idée alors que les quatre autres chefs faisaient état des leurs, eh bien, force est de constater que le premier ministre aura été absent politiquement et intellectuellement de ce débat.
Et après, on vous dira qu'il n'a pas d'«agenda caché»….
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Tellement absent qu'il fut, le PM, qu'après avoir demandé lui-même qu'on y parle plus longtemps d'économie, il n'avait finalement rien d'autre à dire que tout va bien au Canada et que rien de différent ne doit être fait face à la crise financière américaine, laquelle pourrait frapper le Canada d'ici quelques mois.
Pour quelqu'un qui voulait «rassurer» les électeurs…
Résultat: le PC risque de continuer à se faire doubler par le Bloc au Québec.
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Stéphane Dion: «performance» surprise, comme on dit. Et pour une fois, ce ne fut pas sur la forme, mais sur le fond. Le chef du PLC a parlé d'économie. Il avait un plan, alors que le PM n'en avait aucun. Sur l'environnement, ses positions sont solides. Fait à noter: pour la première fois, Dion a tenté de se réapproprier le «centre» de l'échiquier idéologique alors que Harper se l'était approprié, en discours et non en politiques, depuis le début de la campagne. (Voir ma chronique de la semaine dernière «À la vitesse de l'éclair»). Pour ce faire, Dion est même allé jusqu'à qualifier le NDP de «socialiste»…
Gilles Duceppe: il a sûrement consolidé ses appuis et les a même peut-être renforcés. Pour lui, c'est mission accomplie.
Jack Layton: sa tendance à se présenter comme le futur premier ministre du Canada manque de sérieux et de crédibilité.
Elizabeth May: sa présence est une belle victoire pour le Parti vert. Mais Mme May est intervenue trop souvent et certaines de ses interventions montraient la confusion qui règne dans la politique économique de ce parti. Ex: appuyant de nouvelles baisses d'impôt alors que la marge de manoeuvre du gouvernement fond comme neige grâce aux politiques de M. Harper, Mme May propose une mesure qui n'aiderait en rien à faire face aux turbulences économiques actuelles et surtout, à venir.
Certains prétendent qu’un débat mettant en valeur une coalition de l’opposition aura favorisé l’image bien voulue par Harper du PM sérieux. On a vu ça avec Charest au débat de 2007, il était minoritaire le soir de l’élection déculotté par la poussée de l’ADQ.
Duceppe a bien fait. Dion s’est débrouillé quoique sur un ton professoral qui ma foi selon l’utilisation de la métaphore n’est pas sans faire penser à une approche intégriste. Ce ton cassant qui ressort qui rappelle sa loi de la clarté. Les autres, Lawton et May, bof!
Tout d’abord, si je suis d’accord avec la principale observation que vous faites (la présence strictement physique du chef des Conservateurs lors du débat), j’en déduis autre chose que la possible manifestation d’un chef politique ayant un potentiel « agenda caché » en poche, madame Legault.
Je crois qu’il est plus avisé de convaincre les indécis de la dérive autoritaire évidente typique de l’attitude du premier ministre sortant lorsqu’il est confronté à ses adversaires en plein débat public. Les exemples de ce « tournant autoritaire » sont nombreuses, que les chefs fassent leur devoir en rappelant clairement les projets de lois en question ! Le commun des mortels n’a pas la mémoire d’un correspondant parlementaire, tout de même !
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Cela dit, le malaise évident dégagé par le langage non-verbal de Stephen Harper, lorsqu’un des chefs de l’opposition l’attaquait sur une faiblesse indéniable de son gouvernement minoritaire, trahissait justement l’attitude d’un homme qui se retranche dans ses positions sommaires lorsqu’on le met face à ses limites et ses contradictions.
Un sourire forcé ici, un ton faussement offensé là, une tendance robotique à crier ridiculement à la désinformation (alors qu’il en fait preuve lui-même à longueur de journée durant ces pubs négatives !) ; tout ça font en sorte que le comportement du chef Conservateur est avant tout tributaire d’une tactique politique de « control damage » davantage que d’une stratégie bien élaborée afin de récolter plus d’appuis chez les partisans de ses adversaires.
Surestimer le machiavélisme de Harper est aussi absurde que d’entendre Jack Layton dire qu’il sera le prochain chef de gouvernement à la Chambre des Communes…
Bref, pour accuser les Conservateurs d’avoir un « agenda caché », il faudrait être capable de prouver que ce parti est organisé et préparé pour les défis qui s’en viennent – ce qui n’est pas le cas du tout. Ce qui est un scandale encore plus urgent de dénoncer devant la population.
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Stephen Harper opère en français un repli stratégique nécessaire car il ne peut pas s’avancer à l’aise en terrain miné dans une langue seconde afin de convaincre. Il ne peut que chercher à passer pour une victime de l’opposition « acharnée » et « bornée » de ses adversaires.
De plus, ça m’a fait bien rire de l’entendre se plaindre qu’il est difficile d’avoir du fun lorsqu’on se bat à un contre quatre. Moi qui croyait que c’était Stéphane Dion qui avait promis un « party » et non le chef des Conservateurs durant cette élection « cruciale » dans l’histoire de ce pays…
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Cela étant dit, je crois fermement que la formule adoptée est bonne – compte tenu du nombre de participants admis au débat :
– Le travail de modérateur de Stéphane Bureau a été impeccable : retenue et discipline bien appliquée.
– Les questions posées directement par le public me semblent une trouvaille qui cherche à rapprocher les électeurs déconnectés de la politique de leurs représentants politiques.
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Mais surtout, après avoir entendu le débat américain entre McCain et Obama ; je suis loin de pouvoir dire que les États-Unis savent tenir des débats moins endormants qu’au Canada. Au contraire !
Pour ma part, j’ai bien apprécié la nouvelle formule parce que je trouve qu’on respecte ainsi davantage l’être humain dans le chef de parti. Je ne vois pas pourquoi les idées seraient plus étoffées parce que le candidat est debout, figé devant une caméra. L’animation de Stéphane Bureau était intéressante et conviviale et cela nous change des animations rigides que nous avons connues au cours des années passées.
Devait-on s’attendre à ce que les chefs nous livrent les contenus de leurs programmes? Je ne crois pas. Comment, en 45 secondes à la fois, pourraient-ils décemment nous transmettre des informations complètes sur les politiques que leur parti respectif entend mettre en place? Le débat des chefs, exercice médiatique devenu nécessaire semble-t-il, remplace simplement les anciennes assemblées politiques auxquelles n’assistaient que les convaincus de chacun des partis et qui permettaient de désavouer l’adversaire sans que personne ne dise vraiment en ce lieu ce qui pourrait faire contrepoids.
C’est à nous qu’il revient de lire les programmes, de comparer les idées, de cibler les enjeux les plus importants et de situer nos valeurs face à ces enjeux et aux programmes proposés par les partis. Si le débat des chefs doit servir à quelque chose, c’est à ça.
Où est Dion… Dans votre texte?
Quant à Stephen Harper, j’ai mon hypothèse. Il devait continuellement fouiller dans ses souvenirs en essayant de se remémorer tous les moments forts des tous les débats auxquels il a participé ou dont il a été témoin. En fait, il devait constamment se demander quel grand personnage, et quels éléments des interventions fracassantes de ce grand personnage, il pourrait bien plagier.
Harper y était , seul contre 4 opposants.
Duceppe n a pas été a la hauteur comme dans les années passées. Mme May a tres décu, c a n avait ni queue ni tete son discours.
Smiling Jack ne veut qu une chose etre Prime du Canada et Dion a fait mieux que je pensais mais ce soir sera vraiment le vrais débat.
Avec le TSX en baisse de 700, je ne veux voir ni Dion ni Layton a la barre du pays.
Duceppe n a pas prononcé le mot Souveraineté une seule fois
donc qu est ce qu il faisait la???
Pour monsieur Mitriou: Merci. Situation remédiée.
Pour madame Teasdale: Le Parti conservateur vient tout juste d’émettre un communiqué posant la même question.
Là où se tenait Harper, les téléspectateurs profitant de l’œil implacable de l’objectif de la caméra de télévision l’ont facilement découvert. Il n’y avait qu’à ouvrir les yeux pour lire sur cette physionomie dont les lèvres prononçaient des paroles complètement déphasées avec ce que ce langage non verbal révélée par la caméra disait, pour comprendre que le chef de ce gouvernement sortant à tout de l’archétype du personnage hypocrite, celui qui dit une chose et qui en pense une autre.
Pour se conforter dans cette opinion, cette même caméra révélait quatre autres visages, ceux de Gilles Duceppe, de Stéphane Dion, de Jack Layton et de Elysabeth May qui au contraire du sien paraissaient sincères et engagés. Il n’en faut pas plus au spectateur, même le moins futé, pour comprendre que le chef de ce gouvernement sortant, Stephen Harper, est incapable de prononcer des paroles pouvant paraître sincères, si elles ne lui sont pas à portée de vue sur un télésoufleur ou un texte imprimé, un discours écrit d’avance par des collaborateurs pour qui le seul but est de répéter les paroles d’une cassette qui sonne doux aux oreilles des auditeurs, que ce discours soit la reprise d’un ancien texte venu de la plume d’une lointaine influence. Alors, celui qui montre sa morgue quand il sait ces béquilles à sa portée devient hésitant, voire pusillanime quand elles lui font défaut. Il ne peut que reprendre les paroles d’anciens discours, quitte à ce que ses réponses ne correspondent pas du tout aux questions ou aux attaques dont il est la cible. Quand on lui demande de traduire en français les paroles qu’il a prononcées dans des élans inhabituels de sincérité, celles concernant la culture et les artistes par exemple, il s’en remet à ses cassettes et évite de les traduire pensant ainsi esquiver alors que tous les spectateurs peuvent comprendre qu’il n’ose répéter ce qui fait le fond de sa pensée. La même constatation concernant le fossé qui sépare son fonds propre de vérité et les paroles qu’il livre aux électeurs lui a été soulignée en rapport avec son rôle dans des groupes dédiés à l’affaiblissement du système de santé et ses paroles rassurantes sur son support hypothétique à ce système. Il aurait été aussi éclairant qu’il nous traduise en français ce qu’il a déjà dit des francophones dans ses moments de spontanéité anciens.
Bref, il ne pouvait être plus clair aux spectateurs après ce débat que ce gouvernement sortant devait être défait par tous les moyens.
Ce n’est pas compliqué, ce sont les deux chefs québécois qui ont eu le dessus sur les chefs canadiens. Pour ceux qui n’ont pas compris, ce sont les chefs dont le français est la langue maternelle qui l’ont emporté. À la source, Duceppe et Dion parlent rapidement et argumentent plus facilement, résultat de la maîtrise de la langue, ni Harper, ni Lawton et May ne bénéficient de cet avantage. Sans doute que les difficultés en anglais de Dion y sont pour beaucoup dans les difficultés libérales dans cette élection.
Ceci dit entre Dion et Duceppe, c’est ce dernier qui gagne le débat parce qu’il centre ses interventions sur les réalités du Québec pendant que Dion valorise toujours des politiques centralisatrices qui font du Québec une province comme les autres. S.Dion n’a pas changé, c’est un adepte de l’intervention de l’État dans la société et pour lui cet État se trouve à Ottawa et il doit correspondre à un état central fort. Il a même trouvé le moyen de dire des généralités sur la santé lorsqu’on sait qu’elle est de juridiction provinciale. Duceppe en parlant de déséquilibre fiscal l’a rappelé et a dit que la question du débat était non appropriée.
Dion est le dernier des « Canadiens français » d’hier qui tentent de faire croire et de se faire croire qu’un francophone Premier Ministre du Canada c’est synonyme d’ouverture du Canada au Québec. Une très vieille affaire depuis Laurier. Même les dits Canadiens anglais n’en veulent plus de ces PM en provenance du Québec.