Jacques Parizeau avait sonné l'alarme il y a quelques semaines.
Le Devoir confirme le tout ce matin.
De la même manière qu'on dit que mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade… faudra bientôt dire de notre système d'éducation à Montréal, que mieux vaut y être riche, anglophone, une fille et aller au privé.
Voilà le constat qui se dégage d'une étude réalisée par les chercheurs Pierre Lapointe, Roch Chouinard et Jean Archambault pour les cinq commissions scolaires de l'île de Montréal.
Quelques perles:
– 53% des élèves ayant fréquenté une école de langue française obtiennent leur diplôme dans les «délais normaux» alors que 72% de ceux ayant fréquenté une école de langue anglaise y ont réussi. C'est un écart de 19%, soit 3% de plus qu'en 1995.
– les filles ont deux fois plus de chances de réussir que les garçons.
– ceux et celles fréquentant le privé ont 5 fois plus de chances d'obtenir leur diplôme que ceux allant au public. Le taux de diplomation est de 49% dans le public et de 81% dans le privé.
– seulement 29% des élèves plus défavorisés obtenaient leur diplôme à 17 ans, et 55% dans les écoles dites mieux nanties.
Ah oui. J'oubliais. Ce portrait scandaleux nous vient 48 ans après le début de la Révolution tranquille. 48 ans! C'est presqu'un demi-siècle.
Oups. J'oubliais aussi. C'est que nous sommes en pleine campagne électorale!
Croyez-vous que les partis en place auront de vraies réponses et de vrais remèdes?…
«53% des élèves ayant fréquenté une école de langue française obtiennent leur diplôme dans les «délais normaux» alors que 72% de ceux ayant fréquenté une école de langue anglaise y ont réussi. C’est un écart de 19%, soit 3% de plus qu’en 1995.»
en fait, 19/53 = 35,8% d’écart… 19 points de pourcentage, mais 35,8% plus d’élèves ayant fréquenté une école de langue anglaise obtiennent leur diplôme dans les délais normaux par rapport à ceux ayant fréquenté une école de langue française…
brrrr…
Est-ce que ce post sous-entend que le système scolaire est moins bon dans les milieux défavorisés francophones?
Ou que les élèves de ces milieux sont moins enclins à réussir, donc qu’il faudrait y investir davantage de fonds?
-Sur la statistique des écoles privées: c’est sûr que les élèves y décrochent moins! Les écoles privées mettent dehors les enfants qui n’ont pas de bons résultats ou qui ont des problèmes de comportement. Ces enfants se retrouvent inévitablement dans le système public Faire réussir un élève bollé est beaucoup facile que de faire réussir un élève en difficulté. Donc si Georges Vanier réussit à sauver des élèves en difficulté peut-être que c’est une « meilleure » école que Brébeuf! Ce qui est scandaleux, c’est que les écoles privées soit subventionnées autant alors que les écoles publiques ont tellement besoins de ressources pour aider les vrais potentiels décrocheurs!
-Parfois, ça m’énerve un peu de constater qu’on fait toujours plus de cas sur la réussite des garçons… D’accord, ils réussissent en moins grand nombre, mais une femme sans diplôme a beaucoup plus de chances de faire un salaire minimum dans le domaine des services (ou d’être sans emploi) qu’un homme sans diplôme, qui peut plus facilement se trouver un emploi dans des domaines un plus payant (ex: industriel)… Ah oui, et si on ajoute ensuite les femmes à faibles revenus qui sont en situation monoparentales, on voit qu’elles sont nettement désaventagées si elles n’ont pas de diplôme. Et tout cela a un impact sur le développement des enfants.
Alors je dis.. Préoccupons nous autant des filles que des garçons?
Les élèves en milieux défavorisés ont effectivement plus de chances d’avoir des problèmes d’apprentissage, alors il faut leur alouer plus de ressources, c’est clair, si on ne veut pas que la roue de la défavorisation continue à tourner.
Les partis en place n’auront pas de vraies réponses, ni de vraies solutions, ni de vrais remèdes aux vrais problèmes. La raison en est pourtant fort simple. Les partis en place ne s’attaquent tout simplement pas aux vrais problèmes ou, en fait, ils ne s’attaquent pas à des problèmes qu’ils sont en mesure de solutionner. Ils s’attaquent aux problèmes « glamour », aux problèmes « tendance », à ceux qui flottent dans l’air du temps. Un peu à la manière des AA, les grands et les petits politiciens qui se saoulent avec le pouvoir devraient avoir la sérénité d’accepter les choses qu’ils ne peuvent pas changer, le courage de changer les choses qu’ils peuvent changer et la sagesse d’en connaître la différence.
Ils s’attaquent malheureusement à des problèmes tellement énormes et tellement complexes qu’ils ne peuvent que promettre des changements qu’ils ne pourront jamais réaliser dans 100 ans. À l’inverse ils délaissent des problèmes moins « in », des problèmes presque tabous, qu’ils pourraient pourtant solutionner beaucoup plus facilement. En enrayant, du moins en bonne partie, ces problèmes, les retombées positives dans toutes sortes de domaines seraient incroyablement bénéfiques pour l’ensemble de la société.
Je n’ai absolument pas envie d’entendre parler de santé, d’économie ou de famille au cours de la présente campagne électorale. Je ne suis pas indifférent à ces sujets mais je trouve qu’il est parfaitement inutile d’en parler. Pourtant j’ai de sévères problèmes de santé (on devra bientôt me changer une hanche, deux genoux, une cheville, quelques vertèbres, un nerf sciatique et quelques bearings et me bourrer de cortisone pour le reste de mes jours), je n’ai pas d’économies (sauf un coffre rempli de cennes noires) et je n’ai qu’une famille de chats imaginaires (mon propriétaire m’interdisant de garder des animaux vivants). Il n’y a absolument rien dans toutes les belles ribambelles de promesses avec lesquelles on nous assomme qui soit de nature à solutionner un seul de mes problèmes.
De toute façon il n’y a pas un seul gouvernement dans tout l’univers connu qui ait les capacités financières et organisationnelles pour pouvoir soigner tout ce qui peut être soigné dans des délais raisonnables. Pour y parvenir cela coûterait probablement 300% de notre capacité de payer. Il est donc inutile d’en parler. Il n’y a pas non plus de plan miracle en 3, en 5 ou en 1 giga points qui puisse permettre au Québec d’échapper à une tempête économique mondiale. Le Québec ne vit pas en vase clos comme Jim Carrey dans le Truman Show. Le Québec va « souffert » comme le reste du monde si l’ouragan économique se déchaîne, surtout si c’est Jean « Est-ce que ton CHAR EST équipé de pneus d’hiver » Charest ou Mario « Mariol » Dumont qui tient le parapluie. Il est donc inutile de parler d’économie. Les gens n’ont pas tous les moyens d’avoir une famille. N’en ayant pas je n’ai pas envie d’en entendre parler. J’en ai même plutôt marre d’entendre parler autant de famille, comme si tout le monde en avait une. Je trouve que nos gouvernements en font déjà amplement suffisamment pour les familles. Après tout, à ce que je sache, avoir des enfants demeure un choix personnel. L’État n’a pas à assumer entièrement les choix personnels de chaque individu. Je paie déjà suffisamment pour les enfants des autres alors que j’évalue que je n’ai pas les moyens d’avoir des enfants à moi. Si c’est si collectivement indispensable de peupler le Québec en abondance, qu’on m’engage pour faire des bébés à toutes les québécoises qui en désirent et à toutes celles dont le conjoint a des spermatozoïdes anémiques, paresseux ou trop occupés ailleurs. L’arthrose n’est pas sexuellement transmissible, du moins pas quand elle résulte de séquelles de vieilles blessures d’une jeunesse trop intrépide, trop téméraire et pas assez prudente à moto dans les courbes accentuées. Le délire passager n’est pas non plus une MST ou une MTS, selon la génération à laquelle vous appartenez.
La seule chose dont j’ai plutôt vraiment envie d’entendre parler est d’une véritable lutte contre la pauvreté, celle des adultes, avec ou sans enfants. En luttant efficacement contre la pauvreté on améliore la santé des gens, on favorise le roulement de l’économie, on aide la famille, on augmente l’accès à l’éducation, on réduit le décrochage scolaire, on diminue la criminalité et on solutionne tout plein d’autres problèmes. La pauvreté est génétiquement transmissible. Si on soigne les générations actuelles les générations suivantes n’en seront probablement pas affectées. C’est donc une lutte qui deviendra beaucoup moins nécessaire auprès des générations futures qui devraient être, d’une certaine façon, immunisées contre ce fléau. C’est une chose parfaitement réalisable et il est temps de commencer à y penser sérieusement.
J’ai envie d’entendre parler du modèle suédois (et de voir les modèles suédoises) ou de modèles semblables où tout semble fonctionner relativement bien, ou du moins relativement mieux qu’ici, et où les gens sont satisfaits de leur situation. Les pays qui appliquent des modèles sociaux-démocrates semblent être les plus appréciés par ceux qui y vivent. Ils se retrouvent souvent en tête de liste des plusses meilleurs pays du monde. C’est significatif il me semble. Pourquoi ne pas copier ces modèles efficaces au lieu de chercher à en inventer constamment de nouveaux ou à copier les mauvais modèles qu’on sait être voués à l’échec?
Moi je voterai pour le parti qui s’engagera à lutter farouchement contre la pauvreté. Je ne voterai cependant pas pour un parti qui ne gouvernera pas de mon vivant, soit avant 50 ans (mettons), comme Québec Solidaire. Entre les deux partis susceptibles de nous gouverner le 8 décembre je voterai donc, souverainement, pour le PQ. Je ne sais pas si Pauline luttera contre la pauvreté une fois au pouvoir mais je sais que le parti de John James va continuer sa traditionnelle lutte farouche pour assurer la richesse des déjà riches. Je ne suis pas sûr que Jean Charest connaisse le sens du mot pauvre et je suis sûr que son CHAR EST équipé des pneus d’hiver les plus chers sur le marché. Pauline n’a pas toujours été riche. Je suis sûr qu’elle a une idée plus précise de ce qu’est la pauvreté. Pauvre John James!
En passant je désire signaler une chose à toutes ces personnes qui s’évertuent ou qui s’acharnent à souligner l’incompétence du gouvernement de Jean Charest depuis « 5 ans ». On les entend et on les lit en abondance un peu partout depuis le début de cette campagne électorale.
J’aimerais leur dire qu’en réalité ça fait 5 ans et 7 mois aujourd’hui même que ce gouvernement ne fait rien de valable. C’est encore pire. Et 5 ans et 7 mois c’est beaucoup plus près de 6 ans que de 5 ans. N’est-ce pas? En presque 6 ans n’importe quel gouvernement le moindrement compétent aurait amplement le temps de corriger les supposées erreurs de ses prédécesseurs. Il ne faudrait pas oublier non plus que Jean Charest s’est succédé à lui-même, déjà une fois de trop. Il ne faudrait pas renouveler cette gaffe. Si la femme de ménage que vous avez engagée il y a 5 ans et 7 mois pleurniche en affirmant que c’est la femme de ménage précédente qui est responsable de l’état poussiéreux de votre résidence, il est temps de lui offrir un mouchoir et de lui trouver une remplaçante, plus vaillante et plus responsable.
@ Isabelle Robillard
Votre commentaire – par ailleurs intéressant – colporte malheureusement un mythe largement répandu relativement à l’école privée. Vous dites trouver « scandaleux » que les écoles privées soient subventionnées.
Sauf que le coût par élève fréquentant une école privée est moins élevé pour le gouvernement qu’il ne l’est pour un élève fréquentant une école publique. Au public, le gouvernement subventionne en totalité le coût, tandis qu’au privé la subvention n’est que partielle. Le solde est aux frais des parents.
En fait, si tous les enfants allaient à l’école privée, le gouvernement économiserait une fortune et, à l’inverse, si tous se retrouvaient dans le système public, la note pour le gouvernement grimperait substantiellement. Alors, ce qui est véritablement « scandaleux », il me semble, c’est cette perception erronée relativement à l’école privée qui perdure encore et encore.
Par ailleurs, notons que l’école privée est un choix économique que font des parents dans le but de favoriser l’avenir de leurs enfants. Tous ne sont pas riches. Certains se priveront ainsi de beaux voyages, de gadgets électroniques à la mode, de belles sorties, pour plutôt investir dans l’éducation de leur progéniture.
Et ils suivent de près les progrès scolaires, veillant à ce que les sacrifices consentis ne soient pas en vain. Voilà ce qui explique pour beaucoup le taux de réussite supérieur. Comme quoi il y a souvent tout un fossé entre une « légende urbaine » et la « réalité »…
L’école a le dos bien large quand, pour faire face à des problèmes de société, on l’isole du contexte où portant elle plonge toutes ses racines, pour lui faire porter seule le poids des dysfonctionnements ou des injustices qui sont le lot de cette société.
Prenons la première statistique mentionnée, celle du décalage du pourcentage d’obtention d’un diplôme entre les écoles de langue française et celles de langue anglaise, décalage qui est bien de 19 points de pourcentage et non de 19 pour cent comme on l’a justement fait remarquer déjà. Pour apprécier correctement cet écart, il convient pour une analyse factorielle qui en respecte les critères, d’éliminer l’influence de facteurs variables qui agissent sur le résultat final indépendamment du facteur que l’on veut isoler pour mesurer sa propre influence à lui, en l’occurrence la langue maternelle ou plus exactement dans ce cas-ci, la langue d’enseignement puisque des élèves de groupes ethniques bien différents du groupe francophone la fréquentent. Or, il est établi que l’origine sociale des élèves, mesurée à partir de la scolarité des parents et aussi, de leur revenu, a un rôle déterminant sur le niveau de scolarité atteint par leurs rejetons de même que de manière corollaire, sur leur succès dans l’obtention d’un diplôme. En conclusion, ce qu’il faut retenir de cette statistique est que l’origine sociale des élèves, toutes choses étant égales par ailleurs, n’est pas la même chez les élèves qui fréquentent l’école francophone et ceux qui fréquentent l’école anglophone. Cette évidence pourtant, on la passe sous silence. La même logique s’applique pour expliquer les écarts du taux d’obtention d’un diplôme entre les élèves qui fréquentent une école publique et ceux qui fréquentent une école publique. À droite, on en fait une affaire de discipline et de bulletins chiffrés ou encore, l’objet d’un palmarès des écoles. Mais tous ceux que ces statistiques n’arrivent pas à leurrer savent très bien de quoi il retourne.
@ Paolo Mitriou
À ce que j’apprend, à grand regret, je ne suis pas le seul très sérieusement éclopé par la vie à débattre ici du monde extérieur, alors que celui du quotidien peine de jour en jour. À s’intéresser à ce qui se trame au delà de la porte d’entrée pour, en quelque sorte peut-être, changer le mal de place, le temps d’un commentaire.
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Vous écrivez par ailleurs ne pas avoir « envie d’entendre parler de santé » et, curieusement, cela rejoint ce qu’écrit aujourd’hui même André Pratte dans La Presse… La demande de soins croît plus rapidement que l’on arrive à y répondre, et aucun gouvernement, de quelque allégeance soit-il, ne parvient à mater la bête. Alors, à quoi bon en parler? Peu importe qui se retrouvera au pouvoir devra tâcher de faire, tant bien que mal, ce qu’il pourra avec ce maelström indomptable.
Entendre rabâcher les sempiternelles louanges relativement à la famille ne vous dit pas davantage – et moi non plus. Cela tombe dans la catégorie « embrassement de bébés en période électorale » et n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux jetée aux naïfs.
Par contre, en ce qui concerne l’économie, je ne partage pas du tout votre avis. Si ce n’est pour l’évidente raison que tout le reste en dépend, depuis le gouffre sans fond de la santé, le système d’éducation, les rentes de retraite, les grands travaux routiers, nommez-les. Tout dépend de l’économie. Alors, il me semble, il serait particulièrement indiqué d’en parler. En nous épargnant si possible les fadaises pour plutôt mettre l’accent sur les mesures envisageables de façon réaliste.
Qu’on soit d’accord ou non, qu’on le veuille ou pas, tout tourne autour de la question économique. Tant le problème mondial immédiat que les perspectives à moyen et à long terme dans un contexte planétaire de grandes alliances et de grosse concurrence. Balayer l’économie sous le tapis n’est pas une option.
C’est un problème culturel et politique. Subventionner l’école privée ne doit pas s’examiner sous l’angle de la comptabilité mais de la synergie. Rapatrier les élèves performants dans le réseau public produirait un effet d’entrainement dont on n’a pas idée. Le système actuel en est un d’absence de solidarité sociale dont nous payons et payerons tous le prix. Aucun des partis dominants n’aborde le sujet parce que les nantis ne se priveront pas de privilèges qu’ils se sont eux-mêmes octroyés.
Je me permets de rappeler que avant la Révolution tranquille toutes les écoles étaient privées. Elles appartenaient aux, ou au mois étaient dirigées par, les communautés religieuses. Le niveau d’éducation a été critiqué par tous les chantres de la Révolution tranquille. Le décrochage existait.
Il n’y a pas de solutions magiques.
Je préconise l’éducation gratuite, de la maternelle aux études doctorales. On rembourse une fois entré sur le marché du travail, pendant trente ans s’il le faut. Ce qui importe c’est l’instruction. Une population instruite rapporte plus qu’une population ignorante.
Diminuer le nombre d’élèves par classe est un bon début. Il faut aussi diminuer la grosseur des écoles. Plus de 500 élèves ce n’est pas humain.
On prétend prendre l’éducation au sérieux, mais les gestes trahissent le peu de sérieux de cette affirmation.
Quelle époque!
@ Monsieur Bouchard
Je comprends – ou pense comprendre – ce que vous exprimez. Mais je suis toutefois en désaccord avec votre commentaire.
D’abord, je n’estime pas que la question relative à l’école publique ou privée soit « un problème culturel et politique », comme vous l’écrivez. Plutôt, il s’agit tout simplement, à mon avis, d’un choix économique de la part des parents. Et pas nécessairement des parents « nantis ».
Plusieurs se privent (voir mon commentaire ci-dessus à l’intention de Mme Robillard) pour financer ce qu’ils considèrent préférable pour leurs enfants. Et ils mettent souvent beaucoup de temps à s’impliquer afin que ceux-ci réussissent le mieux possible.
D’autre part, en ce qui concerne cet « effet d’entraînement » que vous évoquez, je considère que cet entraînement irait bien davantage vers le bas que vers le haut. Pour avoir personnellement « goûté » tant au privé qu’au public (au cours des années soixante), je puis vous dire que tandis qu’au public je me sentais en vacances et me retrouvais sans effort à la tête de la classe, il en allait tout autrement au privé où j’ai dû en baver un coup pour me situer dans la moyenne.
Au fond, à moins que le système public ne rehausse fortement ses exigences, y intégrer tout le monde équivaudrait à un nivellement par le bas, tout le monde se laissant naturellement aller à la facilité. Et la société s’en trouverait la grande perdante. Par ailleurs, des exigences accrues ne feraient qu’inciter au décrochage les élèves rechignant devant l’effort requis.
Enfin, j’espère que vous ne prendrez pas en mal ce que j’écris. Vous présentez un point de vue honnête, se voulant plus juste et susceptible de davantage favoriser tout le monde. Malheureusement, ce n’est pas ce qui résulterait en pratique.
@ Claude Perrier
À force d’échanger nos commentaires je constate que nos divergences de surface s’estompent assez rapidement. Bien sûr nos divergences plus profondes demeurent intactes parce qu’elles reposent sur des choix personnels, sur des croyances et des expériences forcément différentes.
Je suis entièrement d’accord avec votre dernier commentaire sur mon dernier commentaire. Je ne crois même pas qu’il y ait divergence d’opinion en ce qui concerne les considérations économiques. Contrairement à ce que vous semblez croire je ne sous-estime pas du tout l’importance de l’économie dans une société. Je suis en parfait accord avec vous lorsque vous dites que tout dépend de l’économie. Le politologue que je suis est bien placé pour le savoir puisque j’ai également une solide formation universitaire en économie. Effectivement tout dépend de l’économie. Tout dépend de la richesse d’une société. Tout dépend également de son contraire, la pauvreté d’une société. Le passage de mon texte ou j’insiste sur la nécessité d’une lutte énergique contre la pauvreté fait ressortir une partie des effets néfastes que la pauvreté a sur toutes les autres sphères d’activités d’une société. C’est donc, il me semble, une autre façon évidente de reconnaître que tout dépend de l’économie. Il y a diverses façons d’aborder l’importance de l’économie pour une société. Le discours le plus répandu consiste à dire qu’il faut d’abord créer de la richesse avant de pouvoir la partager et améliorer le sort de chaque individu membre de la société. C’est une façon de présenter les choses. On présente en définitive la création de la richesse collective comme étant le moyen d’enrichir collectivement la société. À l’inverse moi je dis qu’en enrayant la pauvreté on met en place les conditions propices à l’amélioration globale de la société et donc une amélioration réelle de sa capacité de créer de la richesse, ne serait-ce qu’en réduisant considérablement les coûts de la pauvreté. La logique économique derrière tout cela est exactement la même. Créons de la richesse pour améliorer les conditions globales de la société et en améliorant ces conditions on augmente la capacité de cette société à créer une nouvelle richesse. Enrichissons-nous puis instruisons-nous de manière à se donner des outils qui nous permettront de s’enrichir davantage. C’est logique mais moi je ne vois pas les choses de cette façon. Ce discours ne m’atteint pas parce que jamais il n’est formulé de façon à ce que les pauvres se sentent concernés. Par contre si on me dit aidons les pauvres à se sortir de leur misère d’abord et ils pourront alors, comme tout le monde, contribuer à l’enrichissement collectif, là j’embarque. En fait ça dépend juste si on pousse en haut de la roue ou en bas de la roue pour lui permettre de tourner et de sortir la charrette sociale de son bourbier économique. La contribution des pousseurs est la même mais ceux qui poussent la roue à partir d’en haut regardent d’en haut, et de haut, les bouseux qui poussent sur le bas de la roue en ayant les deux pieds dans la boue. Je visualise la scène et je me dis qu’au départ tous ceux qui poussent sur la charrette pour la sortir du bourbier désirent tous monter à bord pour profiter de la belle randonnée économique qui s’annonce. Cependant, après les efforts soutenus de chacun la charrette sort de son bourbier et se met à rouler sans attendre que les bouseux montent à bord. C’est comme ça que je perçois le discours économique dominant. Ce discours nous dit créons de la richesse et nous pourrons ensuite la partager. Mais la partager entre qui au juste? Entre les riches? Ça doit être ça parce que jamais on ne parle des pauvres. Je préférerais qu’on dise on va aider les pauvres et nous serons ensuite plus nombreux pour créer une plus grande richesse collective dont tout le monde profitera. Je ne dois pas être le seul à penser de cette façon parce que je suis loin d’être le seul à demeurer imperméable au discours économique dominant dans cette campagne électorale. L’économie n’est pas le premier enjeu de cette élection pour la majorité des québécois. Ce n’est pas ce dont la majorité des québécois ont envie d’entendre parler parce que personne ne croit réellement que le gouvernement québécois ait un quelconque pouvoir sur la situation économique mondiale. Oui le gouvernement peut atténuer les effets néfastes de cette tempête sur notre économie mais ça tous les gouvernements le font de toute façon. On ne fait pas une campagne électorale pour ça. Ça fait partie des responsabilités courantes de tous les gouvernements.
Je ne nie pas l’importance de l’économie mais je dis que la façon dont on m’en parle me laisse indifférent. Je voudrais juste qu’on en parle de la bonne façon, d’une façon où tout le monde se sent concerné. Il n’est pas bon de balayer l’économie sous le tapis comme vous dites. Je suis d’accord. Tout le monde est d’accord. Tous les partis en parlent abondamment. Le problème c’est que le PLQ, le PQ, l’ADQ, Québec Solidaire et les 15 autres partis en parlent tous de façons différentes. Moi j’ai le goût qu’on me parle d’économie mais qu’on m’en parle de façon à ce que j’y trouve moi aussi mon compte. Qu’on m’en parle intelligemment, qu’on ne me fasse pas croire que je risque de tout perdre quand je n’ai rien à perdre, qu’on ne me fasse pas croire que la richesse engendrée est équitablement partagée. Si c’était vrai, avec la richesse incroyable, souvent démesurée, que nous avons créée depuis fort longtemps, avant l’arrivée des premiers signes de la tempête qui s’annonce, si c’était vrai que cette richesse énorme était en bonne partie équitablement redistribuée, la pauvreté n’existerait plus dans un pays aussi riche que le nôtre. Il n’y aurait alors que des gens immensément riches, des gens très riches, des gens riches et des gens moins riches dans notre société mais il n’y aurait plus de pauvres. Et tout le monde pourrait contribuer à la création de la richesse, au lieu de laisser une partie de la population sur le banc.
Il n’est bien sûr pas souhaitable de balayer l’économie sous le tapis mais moi je n’ai pas envie d’entendre parler d’une économie qui balaie la pauvreté sous le tapis.
C’est de cette économie dont je n’ai pas envie d’entendre parler et ce n’est malheureusement que de cette économie qu’on nous parle. De toute façon l’économie est une mécanique énorme, complexe, plutôt autonome, qui fonctionne sans arrêt, grâce à des carburants, des lubrifiants et des additifs matériels tangibles. Le fait de parler de façon toujours trop sommaire et toujours trop simpliste de l’économie, comme on le fait lors d’une campagne électorale, n’affecte pas le fonctionnement de cette machine. Il serait plus approprié de parler de la meilleure façon dont on devrait disposer de ses produits. C’est davantage sur ce sujet que nos gouvernements ont du pouvoir et de l’emprise. Nos dirigeants politiques sont des gestionnaires, pas des mécaniciens. Ils doivent avoir l’humilité de laisser l’aspect mécanique de l’économie entre les mains des spécialistes. Ça ne m’impressionne pas beaucoup quand nos grands chefs politiques tentent de nous faire croire qu’ils peuvent influencer la mécanique économique mondiale alors qu’aucun d’entre eux n’est probablement en mesure de réparer un simple toaster.