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Le bris de confiance

Pauline Marois ne semble vraiment pas comprendre l'étendue des dommages causés au système de santé public québécois par les compressions sauvages du gouvernement Bouchard.

Non seulement, elle a déclaré que si c'était nécessaire, elle referait le coup des mises à la retraite prématurées de 1 500 médecins et 4 000 infirmières, mais aujourd'hui, coincée sur la défensive depuis plusieurs jours sur ce sujet, la chef du PQ déclarait, très fâchée, qu'elle en a «ras-le-bol» de voir Jean Charest tenir le gouvernement Bouchard responsable de l'état actuel des choses.

Vraiment très fâchée, elle a accusé Jean Charest de «mentir» aux Québécois : «Il y a un boutte à toute à essayer de nous faire porter une responsabilité que lui doit porter complètement. Qu'il aille donc voir les gens de Sainte-Justine en leur disant que c'est la faute de l'ancien gouvernement. Je m'excuse, mais il a des comptes à rendre Jean Charest. Il ne les rend pas, et il se défile actuellement».

Complètement? Ce n'est pas sérieux. 

Puis, d'ajouter: «on essaie de me faire porter un chapeau, alors que c'est lui qui est là depuis six ans. Quand il est arrivé au gouvernement, M. Charest, il devait bien savoir qu'il y avait eu (les mises à la retraite) d'infirmières et de médecins. Il a dit malgré tout ça : moi je suis prêt, je vais régler tous les problèmes d'urgences, tous les problèmes de listes d'attente. Il n'a rien réglé de ça. »

Là-dessus, oui, elle a raison.

Mais toujours incapable de comprendre, elle est toutefois revenue sur le «courage» du déficit zéro!

Pourtant, s'il est vrai que si Jean Chrétien avait scandaleusement pelleté le déficit fédéral dans la cour des provinces, le gouvernement Bouchard a choisi, sciemment, de couper de manière irresponsable dans le système de santé. Et de le faire à vitesse grand V.

Comme je le note dans ma chronique courante, le PQ a créé ainsi les conditions pour un rôle accru du privé en santé, alors que le PLQ en a profité pour ouvrir le robinet aux cliniques privées par le biais de sa Loi 33. En ce domaine, le PQ et PLQ sont des Dupond et Dupont.

Évidemment, Jean Charest et Pauline Marois refuseront toujours de reconnaître qu'à des époques différentes, ils auront participé du même mouvement d'affaiblissement de notre système de santé public. Quant à Mario Dumont, la santé entre les mains d'un gouvernement adéquiste serait un véritable cauchemar!

Le plus triste, c'est que ni M. Charest, ni Mme Marois ne comprennent que leurs actions ont provoqué chez les Québécois un profond bris de confiance, et envers leur système de santé, et envers les politiciens, qui en ont laissé aller des pans entiers sans réfléchir aux conséquences à moyen et long termes. Et sans se soucier de l'héritage empoisonné qu'ils laissent ainsi aux générations futures.