Puisqu'on continue à se servir de mon nom:
Je rappellerais seulement ce que j'en disais déjà ce printemps sur ce même site:
«J'aurais préféré ne pas intervenir sur cet aspect de la question, mais comme c'est mon nom et celui de mon ancien collègue que l'on évoque depuis quelques semaines (précision: à la période de questions de l'Assemblée nationale), je me résigne à le faire.
Lorsqu'elle est critiquée par l'opposition, la ministre responsable de la Loi 101, Christine St-Pierre, aime rappeler ce que le gouvernement Bouchard a fait en 1996 du rapport «Plourde-Legault» sur la situation du français (précision: c'est de cette manière que les médias l'avait rebaptisé à l'époque) – un rapport commandé par Jacques Parizeau en 1995. Ayant fait une maîtrise sur le sujet, j'en étais la directrice de recherche. Michel Plourde, un expert renommé, en était le rédacteur officiel.
Comme le répète la Ministre, le gouvernement Bouchard a fait réécrire la version préliminaire du rapport par des fonctionnaires en mettant moins l'accent sur certains reculs du français que nous avions documentés. Le message de la Ministre au PQ est clair: vous avez politisé le dossier linguistique, alors laissez-nous tranquilles.
La Ministre est certes libre de se servir de cet épisode pour détourner la critique. Le jeu de tout ministre est partisan par définition et sa liberté d'expression est entière. Il reste toutefois un principe immuable, du moins en analyse politique: la turpitude des uns ne saurait justifier la turpitude des autres.»
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Et puisque nous sommes maintenant en campagne électorale, ceux et celles cherchant à se faire élire ou réélire, pourraient-ils tout simplement faire l'honneur aux électeurs de débattre plutôt du FOND de la question?
Petite réflexion sur la dernière phrase de votre article:
»Et puisque nous sommes maintenant en campagne électorale, ceux et celles cherchant à se faire élire ou réélire, pourraient-ils tout simplement faire l’honneur aux électeurs de débattre plutôt du FOND de la question? »
Il n’y a plus aucun débat de fond au Québec depuis longtemps. Le branding et le marketing politique (appliqués de manière maladroite en plus) ont pris le dessus sur les débats d’idées, sur l’expression sincère d’une pensée politique et sociale. La politique québécoise est fade, vide et elle n’intéresse plus personne. Les chefs des principaux partis ont l’air de froids calculateurs, sauf Dumont, parce qu’il calcule encore très mal…
Quel politicien québécois actuel donne l’image d’un personnage politique fort aux idées canalisatrices et inspirantes?
J’ai honte.
Je me demande où est le plaisir de gouverner et pourquoi tant d’irresponsables s’accrochent ou veulent accéder au pouvoir si le pouvoir ne sert à rien. Le pouvoir ne sert effectivement à rien puisqu’il ne permet pas, selon ce qu’on nous en dit, de corriger les erreurs du gouvernement précédent. Le gouvernement ne peut pas corriger les problèmes puisque le gouvernement précédent a toujours détraqué la machine et laisser le nouveau gouvernement avec un trou financier impossible à combler. Est-ce que quelqu’un peu m’expliquer pourquoi on s’entre-tue verbalement pour mettre la main sur la patate chaude ou le dégât irréparable du gouvernement précédent? Coup donc, les politiciens seraient-ils tous des masochistes incurables? C’est quoi cette manie de toujours blâmer son prédécesseur pour sa propre impuissance et son incompétence? Quand on ne peut pas faire la job on ne postule pas pour l’emploi, il me semble.
Bon! Admettons que les péquistes sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux libéraux, que les libéraux sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux péquistes la fois précédente, que les péquistes sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux libéraux la fois précédente, que les libéraux sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux péquistes la fois précédente, que les péquistes sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux libéraux la fois précédente, que les libéraux sont responsables du fouillis gouvernemental légué aux péquistes la fois précédente, et ainsi de suite. En passant, après avoir vainement tenté pendant longtemps d’inventer le mouvement perpétuel en mécanique, je viens, sans trop m’en rendre compte, d’inventer le mouvement perpétuel en écriture. Je n’ai pas de mérite car je ne faisais que décrire le mouvement perpétuel en politique qui consiste à perpétuellement blâmer le gouvernement précédent. Toujours est-il qu’il y a bien un responsable du fouillis originel légué à la postérité. De qui s’agit-il? De Matusalem? D’Adam ou Ève? De Dieu le Père en personne (pour ceux qui y croient), d’un Élohim ami de Raël, de la Grande Tortue, de l’étincelle initiale, du Big Bang? Ça ne fait pas sérieux.
Plus sérieusement on peut conclure qu’il ne s’agit pas de l’ADQ ou de tout autre parti qui n’a jamais gouverné. Bon alors on peut blâmer bien du monde dans le passé mais il faut remonter à un passé crédible. Maurice Duplessis et son Union Nationale ne sont pas responsables, du moins pas complètement, du fouillis actuel. Restent alors le PLQ et le PQ. À entendre ces deux partis on en arrive à la conclusion que le responsable est dans le passé pas trop récent. Alors logiquement entre le PQ et le PLQ le seul responsable ne peut être que le PLQ. Pourquoi? C’est pourtant simple. Parce que le PLQ était là bien avant le PQ. Le Parti Libéral du Québec n’a peut- être pas créé le chaos politique mais c’est bien lui qui l’a transmis au Parti Québécois en 1976. Ou bien il faudrait conclure qu’avant le PQ tout allait pour le mieux dans le meilleur de mondes. Et si tel avait été le cas pourquoi alors les québécois auraient-ils changé de gouvernement?
Alors le PLQ est perdant sur tous les tableaux. S’il a créé le chaos il en est responsable. S’il n’a fait que le transmettre il est alors un grand irresponsable.
Ce qui est assez curieux c’est que si le PQ ou même l’ADQ prenait le pouvoir le 8 décembre, le PLQ serait immédiatement accusé d’être responsable du piètre état dans lequel le vainqueur trouverait le gouvernement à son arrivée au pouvoir. Je suis persuadé que les québécois accepteraient cette affirmation comme un fait. Pourtant si Jean Charest revient au pouvoir il héritera du même gouvernement mais il ne dira jamais qu’il a trouvé l’État en piètre état. C’est un autre des curieux paradoxes de la politique. Une seule et même chose est du bonbon ou du poison, selon le cerveau derrière les yeux qui la contemplent.
Comment peut-on alors prendre au sérieux un gouvernement qui blâme sans cesse le gouvernement précédent pour tous les malheurs vécus par l’État? Après un an ça peut s’avaler. Pas après 5 ans et 7 mois. Si un gouvernement n’a pas réussi à faire le ménage après tout ce temps il ne le fera pas davantage dans les mois suivants. Alors, confions le pouvoir à quelqu’un d’autre. À quelqu’un qui s’y connaît de préférence.
« … débattre plutôt du FOND de la question… » vous dites, Madame Legault? Humm. Pas facile.
Avec toutes les promesses, parmi lesquelles plusieurs dont on se passerait, le FOND a depuis longtemps cédé. L’économie s’en va à la dérive et on fait comme si de rien n’était.
Et on continue de remplir le gros sac des promesses électorales à qui mieux mieux. Des promesses qui ne font que passer dans un gros sac dépourvu de FOND…
Heureusement.
Débattre du fond des questions, voilà la question pour laquelle les partis politiques, sauf s’ils sont certains d’avance qu’ils ne seront pas élus et que même peut-être ils n’espèrent même pas de l’être un jour, se musellent eux-mêmes à qui mieux mieux. S’ils se réduisent au silence, c’est parce que leur clientélisme savamment entretenu par des experts, politologues et spécialistes en sondage de tout acabit, leur fait refuser comme la peste la simple considération des remèdes qui pourraient être impopulaires. Le premier de ces remèdes est la nécessité de pouvoir compter sur des fonds suffisants pour honorer ses engagements. Or ces rentrées de fonds ne peuvent venir pour l’essentiel que des seules contributions involontaires des citoyens sous forme d’impôts.
Plutôt que d’envisager froidement cette nécessité, ces partis espèrent que les contributions volontaires des citoyens pourront pourvoir le manque à gagner et qu’ils se mettront à jouer encore plus à la loterie, le faisant parfois indirectement quand ils encouragent les citoyens à s’adonner aux jeux de hasard, parfois plus directement quand ils encouragent les administrateurs, par primes au rendement interposées, à participer au jeu des subprimes des banques d’investissement. Cette tentation est d’autant plus forte que du même coup, ils se montrent disposés à réduire encore plus les impôts des sociétés et des corporations qui leur montrent leur évangile commun où sont imprimées les prophéties de la libre entreprise et du marché tout puissant.
Ils se rabattent donc sur la petite marge qui leur reste et qui se situe du côté des compressions de service. Tout leur art consiste alors à faire croire que seulement là réside la vraie sagesse et que personne ne sera puni ou ne souffrira de cette décision. Seuls les paresseux, les malveillants et les profiteurs chroniques à leurs yeux paieront cette facture. La palette des écarts entre partis pouvant prétendre raisonnablement au pouvoir vient donc de se restreindre considérablement. Il demeure encore une petite marge, mais il faut la chercher dans le détail, les plus à droite militant pour encore plus de compressions. C’est ainsi que l’ADQ s’en prend aux assistés sociaux et à ce qu’elle nomme la culture de l’assistance ou encore aux fonctionnaires qui bénéficiaient tous de sinécures. Il s’en remet par ailleurs au privé pour délester un État qu’il voudrait voir réduit à la portion congrue, à la manière des idéologues qui ont montré au monde entier avec leurs inepties ce dont ils étaient capables avec l’administration américaine du Président Bush. Pour sa part, le parti libéral fait semblant de ne pas vouloir faire ces compressions, mais s’en remet systématiquement aux partenariats du public et du privé en espérant parvenir au même but. Entre les deux, il y a moins de différence d’idéologie néolibérale que de divergences dans la tactique et la stratégie. Quant au parti québécois, il avance timidement et du bout des lèvres qu’il pourrait réduire la part du privé, notamment en santé, en fermant le robinet par lequel s’écoulent les ressources humaines du public vers le privé, tout en persistant par ailleurs à prendre à la charge de l’état d’autres pans de services, notamment dans le secteur des garderies. Par ailleurs, il s’affirme nettement au plan culturel en mettant à l’avant-scène sa volonté de rapatrier tous les pouvoirs en matière de culture.
C’est à la fois peu d’un point de vue théorique, mais aussi beaucoup d’un point de vue pratique.
Le problème fondamentale au Québec est que nos dirigeants insistent pour nous faire vivre selon nos besoins, pas nos moyens. Voilà pourquoi nous n’avons pas de déficit zéro, malgré la propagande. Le déficit zéro est un mythe.
Pour retomber sur nos pattes fiscales il faut sabrer dans les services qui nous tirent vers le fond. Ce n’est pas populaire et ce n’est pas près de se faire. Voilà pourquoi il n’y a pas de débats d’idées, la réalité est trop effrayante et le courage manque. Il n’y a pas que sur la scène du St-Denis où les humoristes prolifèrent. A l’Assemblée nationale il y en a une belle brochette, tous des professionels. Les rois de l’illusion.
Et vogue la galère.
Mme. Legault !
Je ne suis pas spécialiste comme vous de la question linguistique au Québec et je me souviens très bien d’un certain LULU qui me semblait beaucoup plus PM que souverainiste a cette époque . Le PQ a fait des erreurs certes , mais pourquoi quand c’est un gouvernement du PLQ qui est pouvoir que les adversaires de la loi 101 s’en donnent a coeur joie dans le non-respect de cette langue ? Pourquoi quand c’est un gouvernement du PLQ qui gouverne que la situation du français a Montréal régresse ?
Depuis les six dernières années c’est fou comment l’anglais a pris du gallon dans la vie quotidienne Montréalaise !
A moins que ce soit ma partisanerie qui m’aveugle ! Mais être aveugle ne rend pas sourd a ce que je sache !
L’anglais, quelle belle langue. Surtout à l’étranger. Au Québec, c’est malheureusement une arme à deux tranchants. Que des touristes parlent anglais, japonais ou allemand, on ne s’en formalise pas, c’est pain-béni pour l’industrie du tourisme.
Mais que des néo-canadiens\québécois choisissent, sciemment, de nous cracher au visage, ne saurait être toléré. Nous avons assez de nos indigènes unilingue anglophones qui nous insultent quotidiennement en pratiquant leur unilinguisme impunément sans nous incliner devant l’impertinence des néo qui se moquent de nous dans notre propre pays.
Ce que Mme Marois n’a pas compris, ce qui est assez surprenant étant donné son quotient intellectuel, c’est que au Québec on ne peut se permettre d’ouvrir les vannes à l’apprentissage de l’anglais à un âge précoce. L’inverse n’est pas comparable au Canada anglais. Un anglophone qui apprend le français durant toute ses études, parviendra sans efforts à l’oublier complètement en quelques années de vie adulte car cette culture est sans intérêts pour lui\elle. Je l’ai vécu pendant plus de trente ans à la fonction publique fédérale où je pouvais compter sur les doigts de la main les anglophones francophiles qui pouvaient parler littérature et cinéma français.
Apprendre l’anglais au québec, à un âge tendre, est courir à l’assimilation presque certaine. Ce phénomène, naturel, c’est produit dans l’Empire romain quand le latin est devenu la langue d’usage dans les pays conquis. En une génération, de petits pays ont vu leur langue disparaître de la carte linguistique. Une génération, c’est tente ans. Le Québec est un petit pays. Qu’on ne se fasse pas d’illusions. J’ai vécu le phénomène de l’assimilation au canada anglais et le Québec est très fragile face à ce danger. La région de Montréal surtout, où réside la moitié de la population du Québec.
On peut très bien apprendre l’anglais après l’âge de 15 ans. Tout est dans la manière. Des cours intensifs pendant dix mois, à deux reprises, et on produit des francophones qui se débrouillent en anglais. Pour la maîtrise, il revient à chaque individu de faire les efforts constants pour amméliorer ses connaissances. Au Québec, dans la région de Montréal, ce serait du gâteau.
Dans un pays, le Québec, où des étudiants en arts dramatiques sont incapables de jouer les grands classiques du théatre international car ils ne comprennent rien au texte écrit en français standard, dixit une grande dame du théatre de chez-nous, l’apprentissage intensif de l’anglais au début de l’adolescence serait suicidaire pour notre culture française.
Nous sommes fragiles. Ne l’oublions pas.
Vous avez droit à vos opinions, Monsieur Gingras. Comme tout le monde.
Toutefois, je suis en total désaccord avec vous lorsque vous vous opposez « à l’apprentissage de l’anglais à un âge précoce ». Ou de toute autre langue, le cas échéant. Parce qu’une langue, c’est justement à un « âge précoce » que cela s’apprend le plus facilement.
Lorsque j’avais à peine 3 ans, j’habitais à Hull. Mon petit voisin, du même âge, était anglophone. Quand notre famille a quitté pour la région de Montréal quatre ans plus tard, j’étais déjà parfaitement bilingue. Et je ne pense pas que mon français ait trop souffert de mon bilinguisme…
Au Québec, ce que je constate, c’est que grâce à la loi 101, nous avons à présent plein d’anglophones bilingues d’un côté et, de l’autre, une majorité de francophones unilingues (dont le français s’avère très souvent douteux, de surcroît).
On ne peut vraiment pas se permettre, au XXIe siècle, de vivre en vase clos. Le monde est devenu un village global. Et l’anglais est la langue de communication internationale. Si cela avait été le portuguais plutôt que l’anglais, c’est le portuguais qu’il nous faudrait alors apprendre dès un « âge précoce ».
Pour le moment, l’avantage est aux anglophones québécois (grâce à la loi 101) et cela durera tant que les petits francophones québécois ne pourront dès que possible apprendre la 1ère langue internationale, l’anglais.
Ceci dit, je conviens avec vous qu’il y a des bornés du côté anglophone qui ne réalisent pas leur chance d’apprendre le français, et qui « sans efforts » parviendront « à l’oublier complètement en quelques années de vie adulte », comme vous dites. Des bornés, je répète. Mais est-ce une raison pour que nous le soyons également?
@ M. Perrier
Je suis pour l’apprentissage de toute autre langue que l’anglais durant l’enfance. Je ne fais que répéter les conseils éclairés d’un liguiste français interviewé chez Bernard Pivot. Je n’ai pas sa culture, ses connaisances, mais je sais reconnaître un maître lorsque j’en entends un.
Avant l’âge de 12 ans, un enfant peut aisément apprendre n’importe quelle langue. Allons-y. Mais l’anglais est tellement envahissant, dominateur, surtout au Québec, que son apprentissage prématurée pourraît être fatal.
J’adore la langue anglaise, qu’on ne se méprenne pas, mais étant donné les occasions innombrables de le pratiquer dans la région de Montréal, je crois plus prudent, plus sage, d’apprendre un paquet d’autres langues que l’on ne pratiquera pas souvent dans sa vie adulte et laisser l’apprentissage de l’anglais à un âge où la pratique pourraît être fréquente, ce qui permettrait l’enrichissement du vocabulaire.
Je ne suis pas anglophobe, je suis francophile et aussi anglophile, mais dans cet ordre. Si un Québécois francophone désire améliorer la maîtrise de l’anglais, il peut le faire sans efforts, même au Québec. Ce n’est pas le cas pour les autres langues qui elles sont étrangères. L’anglais est aussi endogène, depuis 1763.
Simple curiosité. Votre jeune voisin anglophone de Hull a-t-il réussi à apprendre le français ou bien est-il demeuré ignorant de notre belle langue?
Cordialement.
@ Monsieur Gingras
Merci d’apporter quelques précisions additionnelles à votre opinion.
Mais lorsque (plutôt que l’anglais, avant l’âge de 12 ans) vous écrivez croire « plus prudent, plus sage, d’apprendre un paquet d’autres langues que l’on ne pratiquera pas souvent dans sa vie adulte », pour ma part je ne vois là ni prudence ni sagesse.
En reléguant à plus tard l’apprentissage – sans effort – de l’anglais, j’y vois plutôt une occasion manquée. On risque ainsi de n’éventuellement parvenir qu’à baragouiner approximativement la langue internationale par excellence sans jamais réellement la maîtriser. Le vocabulaire, les expressions, l’accent. Alors qu’il n’en aurait rien coûté à sa langue maternelle française.
À l’âge de la retraite, on apprendra bien un peu d’italien, de portuguais ou d’espagnol, si on veut. Au moment où on partira en croisière avec l’âge d’or…
Et si votre crainte est que l’apprentissage de l’anglais à un très jeune âge « serait suicidaire pour notre culture française », comme vous l’écrivez, comment se fait-il alors que tant de Québécois francophones, ne parlant pas un seul mot d’anglais (et même peu ou pas du tout en contact avec cette langue), malmènent-ils aussi ignoblement le français?
L’anglais n’est pas à blâmer pour un aussi inexcusable laxisme.
Si le français est aussi important qu’on se plaît à le crier sur toutes les tribunes, alors qu’on se retrousse donc les manches et qu’on s’attelle sans plus tarder à la tâche de l’apprendre enfin convenablement! Ou serait-il plus tentant, plus commode, de rejeter sur l’autre les causes de son propre manquement?
Bon, j’ai la pénible impression de sermonner ici… Mais de voir à quel point la langue française est galvaudée, piétinée, par ceux-là mêmes qui se prétendent – et qui devraient d’ailleurs effectivement être – ses défenseurs me hérisse depuis fort longtemps.
Je décèle néanmoins que vos intentions sont bonnes, Monsieur Gingras. Que vous pensez sincèrement qu’il y aurait péril à ce que l’anglais soit appris dès le plus jeune âge. En ce qui me concerne, je ne vois là aucun péril. Bien au contraire, celui que je perçois très distinctement a plutôt trait à l’apprentissage tardif de cette langue.
Tandis que la nouvelle génération de Québécois anglophones est de plus en plus bilingue (gracieuseté de la loi 101), ici-même à Montréal où je réside, les francophones pour leur part peinent presque autant dans leur propre langue qu’en anglais. Ce qui n’augure pas très bien dans le contexte de très forte concurrence internationale actuel. Nous risquons de reculer à la course à moins de réagir sans délai.
Voilà. C’est ainsi que je vois les choses. Comme je l’ai écrit précédemment, si c’était plutôt le portuguais qui était la première langue internationale de communication, alors ce serait le portuguais qu’il nous faudrait apprendre au plus vite.
Au Québec, les francophones ont l’inestimable chance de pouvoir sans trop d’effort facilement maîtriser deux des plus importantes langues mondiales, le français et l’anglais, et cela à l’heure de la mondialisation, du village global, des communications instantanées.
Et qu’a-t-on fait de cet incommensurable avantage? Jusqu’à présent, trop de francophones rechignent face à l’anglais, massacrent allègrement leur propre langue le français et, comme si cela ne suffisait pas, ont trouvé le moyen de faire en sorte que les Québécois anglophones soient pour leur part – et contrairement à eux – bilingues.
Mais n’allez pas considérer tout ce qui précède comme étant des remontrances que je vous adresse personnellement, Monsieur Gingras! Ce n’est nullement le cas, je vous assure. Je profite tout simplement de l’occasion pour faire valoir ce que j’estime depuis toujours important. Aux lectrices et lecteurs, et à vous-même, d’en faire ce que bon pourra vous sembler. En ce qui me concerne, je devais l’écrire – et je l’ai écrit.
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P.S.: mon petit voisin de Hull, cela fait plus de cinquante ans que je ne l’ai pas vu et, franchement, je ne me rappelle pas du tout s’il a réussi de son côté à apprendre le français. Je l’espère néanmoins, parce qu’être bilingue depuis très jeune, c’est tout un avantage…
@ M. Perrier.
Bonjour Monsieur. Ceci devrait être ma dernière missive sur le sujet. Je me réjoui qu’il n’y ait aucunne animosité de votre part itou. Entre gens civilisés, il n’y a pas lieu.
A mon grand regret, force est de constater que le français international est une langue étrangère pour beaucoup de nos compatriotes. J’ai toujours trouvé renversant d’entendre des africains, des asiatiques, des européens maîtriser la langue de Molière comme peu d’entre nous y parviennent. Pourtant, ils sont partis de zéro. Notre handicap vient du fait que nous présumons parler français, alors que nous parlons une forme de français. Une forme apauvrie, pour des raisons historiques, 1763 et tout ce qui suivit. Notre vocabulaire est pauvre.
Oui, nous sommes francophones, mais…
L’anglais est dangeureux, pour nous en particulier, à cause même de la qualité de notre langue française. Elle est affaiblie, donc vulnérable aux assauts d’une langue vigoureuse et envahissante, aussi sympathique soit-elle.
Parler anglais avec un accent, ça n’est pas la fin du monde. C’est même un avantage pour séduire ces demoiselles. Pensez à Charles Boyer, Maurice Chevallier, Louis Jourdan, Charles Aznavour, etc. Contrairement aux français, et aux allemands me suis-je laissé dire, les anglophones ne se formalisent pas excessivennt du massacre de leur langue. Ils sont très tolérants, n’est-il pas? Cela dit, il faut toujours chercher à améliorer la connaissance de cette langue. Rien ne vaut la lecture.
Ironie du sort, j’ai aussi enseigné l’anglais et l’enseigne présentement à mon épouse pour qui ce sera la quatrième langue. Elle va à l’école du soir et je l’aide à faire ses devoirs. En plus des devoirs, nous\elle lisons Harry Potter, dans les deux langues. Quel outil merveilleux.
Le sujet est intarrissable, mais il faut savoir passer aux autres sujets que nous soumet si aimablement Mme. Legault.
A la prochaine!
Merci, Monsieur Gingras.
Vous êtes une personne correcte, capable d’échanges polis. Une qualité qui se perd trop souvent, hélas. Et mes meilleures salutations à votre épouse, également. Quatre langues!
Enfin, je suis sûr que Harry Potter vous adoucira la tâche…
Au plaisir d’échanger à nouveau avec vous.