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OBAMARAMA

Comme moi, vous avez sûrement au moins tenté de suivre la «longue marche» de Barack Obama vers son inauguration demain comme président des États-Unis.

Et quel spectacle! Le train Obama-Biden; le concert formidable d'hier – «we are one» – devant le Lincoln Memorial à Washington; la visite d'Obama ce midi, jour de Martin Luther King, à un groupe de bénévoles qui n'en croyait pas sa chance; les séances de photos; les poignées de mains données généreusement, etc….

Bon. Oui. Tou cela commence peut-être à ressembler à un début de «culte de la personnalité», accompagné d'attentes gargantuesques que Barack Obama s'entête à vouloir ramener à un niveau, disons, plus réaliste…

Mais dans les faits, ce qu'on voit surtout, ce qu'on sent, ce qu'on observe, non seulement chez tant d'Américains, incluant bien des journalistes(!), c'est un enthousiasme heureux, calme et respecteux. Et c'est quand la dernière fois, même ici, qu'on aura vu une telle chose?

On le voit dans la manière dont les citoyens approchent Barack Obama, dans la manière dont ils le regardent, dont ils lui donnent la main. Ce sont des regards calmes et respectueux face à un homme qui, après tout, demeure une donnée inconnue pour la plupart d'entre eux.

Ce qu'ils voient, c'est l'arrivée, bien sûr du premier président noir des États-Unis – un accomplissement quasiment miraculeux en soi. Mais c'est aussi l'arrivée d'un homme de moins de 50 ans, d'un intellectuel, d'un travailleur communautaire, d'un Américain aux origines très métissées, aux sensibilités internationales plus ouvertes. Dans un contexte où la haine des États-Unis et de l'Occident monte depuis des années dans plusieurs régions du monde – merci W. Bush! -, les voilà qui se sont donnés un président semblant avoir été taillé sur mesure, et pour la politique intérieure et pour la politique extérieure.

À un point tel où ce sentiment déborde nettement leurs propres frontières. Je ne sais pas si vous avez senti la même chose que moi en regardant cette «longue marche» d'Obama, mais pour la première fois de ma vie adulte, toutes ces manifestations de patriotisme américain ne m'ont pas autant tombé sur les nerfs… Enfin, pas trop.

Pourquoi? Essentiellement, parce qu'elles semblaient prendre une signification différente pour les Américains eux-mêmes. Moins une illustration de chauvinisme et de sentiment de supériorité morale sur le reste du monde entier, qu'une espèce de confiance en leur capacité de faire mieux au cours des prochaines années.

De mémoire lointaine, cela m'a rappelé une observation du Général de Gaulle. Un véritable leader, disait-il, n'est pas tant celui qui accomplira lui-même de grandes choses, que celui qui réussira à convaincre son peuple de sa propre capacité à faire de grandes choses. C'est l'art d'inspirer tout en dirigeant.

Un art que très peu d'hommes et de femmes ont maîtrisé dans l'histoire du monde.

Les prochaines années nous diront si Obama fera partie de cette très courte liste.

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Petite suggestion-télé: ce soir, 19h00, CNN, un film-hommage à Martin Luther King qui semble très prometteur.