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Et l’imputabilité, bordel?

 

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, annonce qu'il n'y aura PAS de commission parlementaire sur les pertes de 39,8 milliards de dollars à la Caisse de dépôt et placement.

Récapitulons: PAS de commission parlementaire, PAS d'enquête indépendante, PAS de mandat donné au Vérificateur général pour passer la gestion de la Caisse au peigne fin. Du moins, pour le moment.

Et aussi, toujours PAS de pdg à la caisse depuis la démission de Henri-Paul Rousseau au printemps 2008.

Bref, PERSONNE ne veut répondre de ce qui s'est passé. Même pas la ministre RESPONSABLE de la Caisse de dépôt, soit Monique Jérôme-Forget.

De la transparence? On oublie ça. De l'imputabilité face à l'Assemblée nationale, et surtout, aux électeurs? On oublie ça.

Henri-Paul Rousseau ira s'«expliquer» ce lundi à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Mais PAS devant les élus, ni les contribuables. Mais ce ne serait pas par choix, nous dit-on, mais par nécessité de parler le plus vite possible. Et il est vrai qu'Henri-Paul Rousseau ne serait pas du genre à refuser de témoigner devant une commission parlementaire.

http://www.ccmm.qc.ca/fr/calendrier-conference_Henri_Paul_Rousseau

D'autres, par contre, avancent des hypothèses, disons, moins «charitable» quant à cette sortie de HPR lundi prochain.

1) En point de presse, cet après-midi, le député adéquiste François Bonnardel, parlait d'une «opération de marketing» de la part d'un gouvernement refusant d'assumer ses responsablités. Le député avança même la possibilité que dans cette opération de marketing, Jean Charest aurait bien pu aussi téléphoner à HPR pour lui dire «écoute, mon homme»…. va parler devant la chambre de commerce à la place…

2) Quant à l'auteur Robin Philpot, il voit dans l'annonce de cette conférence une autre influence:

http://www.vigile.net/Quand-l-Etat-Desmarais-a-les-deux

 

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Je l'ai écrit ici dans un billet précédent. Je crois que le premier ministre ne mesure pas très bien le bris de confiance qui risque de s'installer entre son gouvernement et les Québécois. Après avoir nié pendant la campagne électorale qu'il n'y aurait une récession et un déficit, le refus de répondre de ce qui s'est passé à la Caisse – ça commence à ressembler à trois prises de baseball.

De toute évidence, étant maintenant majoritaire, ce gouvernement se sent suffisamment en sécurité, politiquement, pour ne pas se sentir imputable dans ce dossier. Et après, on se demandera pourquoi le cynisme envers la classe politique d'ici gagne de plus en plus de terrain.

Pour citer Michel Nadeau, un ancien de la Caisse, aujourd'hui sur les ondes de Radio-Canada. Si la décision ne ne pas tenir de commission n'est pas changée, «ce sera un jour sombre pour la démocratie». La raison? Parce que la Caisse appartient à tous les Québécois. Une évidence que quelqu'un devrait expliquer au PM.

Pour le moment, vous me permettrez tout de même une petite question connexe?

Comment se fait-il que les citoyens doivent compter sur les interventions d'un ancien premier ministre, Jacques Parizeau, maintenant un non élu, pour parler ouvertement et franchement de ce dossier?

Et puis, tenez. J'en ajoute une: si on ne décortique pas ce qui s'est passé à la Caisse pour identifier les problèmes, comment trouver les bonnes mesures pour corriger pour l'avenir? Laisserait-on son médecin prescrire un traitement sans diagnostic?

Question naïve, j'en conviens.