Sur le sujet de l'augmentation annoncée des tarifs gouvernementaux, voici une question-quiz. D'où provient cette citation:
«Personne ne sait pendant combien d'années encore le système de santé public offrira des services gratuits. Aurez-vous économisé suffisamment pour vous payer des soins privés, des services à domicile et des médicaments coûteux?»
De l'Institut économique de Montréal? Non. De Claude Castonguay? Non plus. De Mario Dumont? Eh non. Ce n'est pas de lui.
Tenez-vous bien. Cette citation vient du Mouvement Desjardins, tirée d'une brochure de Desjardins -Sécurité financière! Bref, là où on sait ce qui s'en vient, la confiance ne règne vraiment pas quant aux beaux discours sur la «préservation du système public» et surtout, du fait que l'on ne doive pas payer des soins de santé avec sa carte de crédit… pour reprendre une image utilisée par Jean Charest lors d'un débat des chefs…
***************************************************************
Monique Jérôme-Forget a annoncé que plusieurs tarifs gouvernementaux seront «indexés» dès 2011. On nous dit que c'est pour mieux préserver les services publics maintenant que le Québec est dans le rouge d'un bon gros 4$ milliards. Ah bon? En entrevue à La Presse, le 21 mars, elle a même soulevé la possibilité d'imposer un ticket modérateur en santé avec une «approche intelligente» (!?!?!?).
Et s'il avait rapatrié les deux points de TPS abandonnés par Harper, ce serait 2,5$ milliards récurrents par année que le gouvernement aurait en plus depuis deux ans. Faites le calcul…
Bref, le gouvernement entend accorder aux entreprises des crédits d'impôt à coup de centaines de millions de dollars, mais ce sont les contribuables qui en paieront la facture en se tapant des tarifs plus élevés! Les plus démunis et les travailleurs à petits salaires écoperont. Tout comme la classe moyenne qui, à force d'essuyer des augmentations de ceci et cela, se retrouvera tassée dans le fond de l'entonnoir. Mais, what else is new?
Ce dont on ne semble avoir aucune compréhension chez nos élites politiques. La déconnexion avec la vraie vie du vrai monde est sidérante.
Ce qui explique peut-être aussi pourquoi, en temps de crise, on laisse le Casino de Montréal se commander un lifting de 300$ millions sur quatre ans. Ce qui veut dire qu'il finira sûrement par coûter au moins le double!
Et que dire des bonis et des primes de départ généreuses que des gestionnaires ont encaissés, à même les fonds publics, même lorsque leurs résultats ont été désastreux. Je pense ici à la Caisse de dépôt et placement (je jetterai un regard plus détaillé sur ce cas dans ma prochaine chronique hebdomadaire).
Je pense aussi à l'ancien recteur de l'UQAM, Roch Denis. Et combien d'autres hauts «gestionnaires» aux résultats déficients, soit dans d'autres sociétés d'État, soit dans des postes similaires payés par les impôts des contribuables, ont aussi reçu des primes de toutes sortes?
Aux États-Unis, la plupart des gestionnaires d'AIG, obligée par une gestion incompétente d'être rescapée à grands frais par les Américains, rembourseront maintenant leurs primes. Pas de danger ici qu'on verrait la même chose… ou qu'on oserait l'exiger.
C'est presque à se demander si dès qu'elles sont payées par l'argent des contribuables, les primes au rendement ou de départ ne sont pas INVERSEMENT proportionnelles aux résultats obtenus?
Il faut se souvenir que le recteur de l’UQÀM de l’époque, R. Denis, était appuyé par les professeurs, lesquels vantaient ses mérites et sa vision…, en tout cas, en ce qui concerne le pavillon des sciences. C’est vrai, on disait de lui qu’il avait des idées de grandeur aussi…, avec le sourire…
Avant de lui lancer le roc, toutefois, il faut comprendre (comme vous le dites si bien d’ailleurs quand vous mentionnez le « lifting » du Casino) que la gestion de projet a de toute évidence été confiée à des vendeurs « d’hameçons » qui, en conservant le fil, visaient à attraper le gros poisson pour lui faire cracher tous ses boyaux.
Possiblement que si cette gestion avaient été confiée aux étudiants en maîtrise de l’ÉSG, l’UQÀM aurait moins de bâtiment, mais une note « A+ ».
Aujourd’hui, c’est « E » qu’elle a à son bulletin, et elle voudrait son diplôme avec mention, plus une prime de 12%.
La cerise dodue sur le « sunday » glisse sur la langue quand on se rappelle que personne d’autre que M. Corbot avait eu le courage de prendre la barre de l’UQÀM. Je me souviens… On s’est amusé à lui lancer des « rocs ».
L’humanité vit un grand moment de son histoire. Je ne suis pas antisyndical ni anticontestataire, mais il y a des limites à marcher la tête en bas des fesses. Nombre d’étudiants parlent de changer d’université, et plusieurs autres ne veulent plus voir l’UQÀM comme choix possible pour leurs études.
Remarquez que je ne parle pas du gouvernement Charest ici, je ne crois pas qu’un fantôme puisse en aider un autre.
1) Le système de santé du Québec n’est pas gratuit mais son accès est universel.
2) Le système de santé n’est déjà plus entièrement public. Pourquoi ? Depuis quand et dans quelle condition ?
3) Dire que les coûts exploseront a l’avenir simplement en invoquant le vieillissement de la population est une tactique alarmiste pour forcer l’individualisation des frais assumés par la fameuse vache a lait du gouvernement : la classe moyenne.
4) Depuis que Desjardins a eu l’autorisation de vendre de l’assurance en tous genres, on rêve aussi chez ces gens-la une forme de privatisation de la palette de soins offerts « gratuitement » aux patients afin de profiter de l’insécurité créée par le ministre de la Santé du Québec.
5) Tant et aussi longtemps que la prise de conscience des frais reliés a l’utilisation des urgences par rapport aux CLSC et au service 811, on aura un système de Santé toujours aussi « mal » utilisé par les citoyens.
6) Si on investissait davantage dans les soins de proximité et dans le suivi des patients dans les différentes localités, on couperait dans les coûts sans pousser les plus pauvres dans la misère ou la classe moyenne dans les bras du secteur prive qui rêve de faire une piastre sur le motif d’insécurité majeur d’une population : la santé.
En laissant la confusion persister sur la « gratuite » des soins et en négligeant GRAVEMENT les coûts reliés au désengagement de l’état dans certaines interventions de Santé, on essaie clairement de fourvoyer la population.
On n’a qu’a penser a la manière « intelligente » avec laquelle on a géré la desinstitutionnalisation en psychiatrie et le « virage ambulatoire », on peut avoir des doutes sérieux sur la manière RESPONSABLE et EFFICACE avec laquelle le PLQ pourrait instaurer le ticket modérateur d’autant plus qu’il n’a PAS été élu pour ça.
Pas de mandat = pas de légitimité.
Point final PQ.
Récemment, je devais consulter un ophtalmologue, je demande donc un rendez-vous au CHUL à Ste-Foy.
J’ignorais que l’ensemble des activités d’ophtalmologie de la région de la Capitale-Nationale ont été regroupées à l’Hôpital Saint-Sacrement, à l’exception de la neuro-ophtalmologie qui est demeurée à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, et de l’ophtalmologie pédiatrique qui a été consolidée au Centre mère-enfant du Centre hospitalier universitaire de Québec.
Au lieu de transférer ma demande de rendez-vous à Saint Sacrement, ils m’ont référé au Centre Oculaire, toujours à Ste-Foy.
Pas une seule fois, on m’a averti de la vocation semi-privée du centre; ce n’est qu’au moment de quitter la clinique que la secrétaire m’a avisé que je devais débourser 30 dollars, vous imaginez ma surprise.
Est-ce ainsi que le privé s’infiltre lentement? Le fait que les listes d’attente pour consultation en ophtalmologie soient démesurément longues ne justifie aucunement qu’on réfère des patients au privé ou au semi-privé, surtout lorsque, comme dans mon cas, il ne s’agit pas d’une urgence.
Mais ce qui me dérange le plus, c’est que je n’aie pas été informé par qui que ce soit de la vocation semi-privée de la dite clinique. Je me méfierai la prochaine fois…
Le but de la Commission tripartite, qui compte maintenant une vingtaine de membres et dont les délibérations sont secrètes, est de redonner au secteur privé le maximum d’accès aux services. Partout où cette philosophie a réussie, les coûts ont montés et les défavorisés se sont rerouvés sans soins.
Il faut se battre sans répits contre ses sangsues qui n’apprécient que le profit, l’argent, même au prix de notre santé, de notre vie.
Il faut dénoncer ces criminels.
Tout comme on l’a fait après les nombreuses grèves dans des secteurs névralgiques de la société québécoise, il faudrait amorcer une réflexion PUBLIQUE sur ce que les québécois considèrent comme des SERVICES ESSENTIELS offert par le gouvernement aux Québécois.
Une fois ces services identifiés (l’Éducation, la Santé et l’aide Sociale, par exemple), on pourrait beaucoup mieux réfléchir de rendre l’État Providence québécois plus « aérodynamique ».
Ainsi, on pourrait se poser des questions sur la pertinence de VOIR Québec régenter l’alcool, les jeux et autres administrations moralement discutables afin de se consacrer plus efficacement sur les ministères vitaux du Québec, ceux qui donnent toute la légitimité nécessaire au niveua d’imposition actuel.
(On éviterait d’avoir des investissements publics dans un Casino en pleine crise financières, par exemple, et on n’entretiendrait plus le double discours incitatif/préventif que le gouvernement du Québec tient auprès du public – d’un côté, on incite au jeu ; de l’autre, on rappelle les dangers du jeu compulsif…)
Il est essentiel de faire cette réflexion collectivement et il est extrêmement dommage que la dernière campagne électorale (axé sur un phénomène mondial réduit à sa dimension « météorologique » – la « tempête » économique) n’ait pas été abordé.
Mais comme « on ne peut pas parler de quoique ce soit de sérieux durant une campagne », est-ce qu’on pourrait le faire après ??
Doit-on toujours attendre une CRISE pour ouvrir un débat public (ou mieux : ouvert au public) afin de réfléchir sur les acquis du « modèle québécois » au lieu de tout envoyer dans le tordeur de la « crise » en justifiant n’importe quelle dérive par l’impératif de réagir « vite et bien » ??
—
Cela dit, je suis absolument éberlué de VOIR le gouvernement québécois actuel sans cesse parler de « tempête économique » en parlant de « récession effective », de « dépression appréhendée » ou d’éclatement spéculatif financier.
C’est fou à quel point le discours de l’État est infantilisant et c’est délirant à quel point les médias se font les courroies de transmission d’un tel mode de communication débilitant !
Comment en est-on arrivé là ?
Est-ce que les vertus pédagogiques du gouvernement ne se limitent qu’à instruire la population de manger des légumes et d’économiser l’électricité pour X, Y et Z raison ??
Je suis abasourdi et je crains beaucoup que ce type de gestion des affaires publiques (dénuée d’une volonté claire et substantielle d’expliquer avant tout la raison de notre mauvaise position économique) finissent par nous entraîner encore plus profondément dans une crise ultérieure plus radicale encore.
Par exemple, ce que l’on doit craindre le plus, ce n’est pas un enlisement financier mondial mais une reprise trop soudaine puisque cet épisode critique n’aura rien appris à personne au Canada et encore moins au Québec.
Ce qui n’est pas le cas des États-Unis et de l’Ontario, par exemple.
Barack Obama occupe les ondes et défend son plan de redressement bec et ongles en répondant à des questions difficiles devant un parterre de journalistes.
En Ontario (élection printanière oblige, mais tout de même), on prend acte que l’orientation économique de la province doit être repensée et restructurée pour répondre à l’effondrement de l’industrie automobile.
Pendant ce temps-là, au Québec : on rit carrément du monde en n’affrontant pas la crise de la CDP comme du monde et, en plus, on n’ose même pas réfléchir au-delà de la cassette et des annonces post-budgétaires pour se faire du capital politique en forme de photo-OP !!
Comme si le Québec vivait sur une autre planète ou que les changements climatiques avait provoqué le détachement de la province du continent américain pour le précipiter dans le milieu de l’Atlantique pour qu’il se transforme en nouvelle Atlantide (à l’épreuve des tempêtes économiques) !!
Franchement, le Québec n’avance pas, il régresse à son stade le plus sombre. Celui où la parole publique se limite à des formules toutes faites et archi-usées qui interrompent chaque interrogation publique sur l’orientation de l’État québécois…
Navrant. Déprimant. Et c’est encore plus inquiétant que l’érosion du fonds pour les générations à venir… C’est la preuve évidente que le Plan Nord n’est pas une panacée et la « tempête économique » un phénomène météorologique mondial qui excuse n’importe quoi ou l’égarement actuel du gouvernement Charest.