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La danse des canards boiteux

 

À Lévis, Jean Charest et Stephen Harper ont annoncé pour 2,3 milliards $ d'investissements en infrastructures.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200903/26/01-840598-infrastructures-ottawa-et-quebec-investiront-23-milliards-.php

Pour les deux premiers ministres, ce furent les grandes retrouvailles. Alliés objectifs en 2006 et 2007, on se souvient que les deux ont vécu un divorce politique douloureux l'an dernier alors que M. Harper faisait les yeux doux à Mario Dumont…

Il est vrai que l'argent aide parfois à la réconciliation.

Mais surtout, piquant chacun du nez dans les sondages, on sent que les deux hommes ont tout à coup besoin l'un de l'autre.

Appelons-ça la danse des canards boiteux.

Au Québec, pour ce qui est des Conservateurs, le CROP-La Presse d'aujourd'hui les place chez les francophones à un tout petit 17%, alors que le Bloc mène avec 41%, suivi du PLC à 27%. Et ce n'est sûrement pas le dernier croc-en-jambe de Stephen Harper à Radio-Canada qui l'aidera auprès de l'électorat francophone, qui considère la SRC comme un service essentiel…

(Et à regarder M. Harper patiner ce soir au Téléjournal plus maladroitement encore que les Canadiens, on comprend mieux pourquoi il avait refusé avant aujourd'hui de donner une entrevue à Céline Galipeau. Trop, trop difficile de répondre à des questions trop, trop clairement posées… Ce qui, en passant, est l'hypothèse que j'avançais à Infoman il y a deux semaines.)

Quant au gouvernement Charest, CROP le place à 27% chez les francophones, le PQ à 48%, l'ADQ à 11% et Québec solidaire à 8%.(Au Québec, le PLQ est à 33%, le PQ à 40% et l'ADQ à 10%.)

Et le taux de satisfaction, maintenant de 37%, est un véritable désastre.

Bref, même si 38% des répondants voient encore M. Charest comme le meilleur premier ministre, contre 37% pour Pauline Marois, le tableau pour le gouvernement libéral n'a rien de jojo.

Il est vrai qu'en politique, les choses peuvent toujours changer.

Mais en ce début de printemps 2009, force est de constater que:

Primo: la défaite du gouvernement Harper à la prochaine élection fédérale semble de plus en plus probable;

Secundo: on voit mal comment les Libéraux de M. Charest pourraient aller chercher un 4e mandat la prochaine fois. Non seulement parce qu'un troisième, ça tenait déjà du miracle! Mais aussi parce que ce début de mandat est catastrophique et laissera, sans aucun doute, des séquelles. Ce qui, évidemment, s'applique tout autant à Jean Charest lui-même.

Bref – et vous me pardonnerez de paraphraser cette chanson populaire: c'est la danse des canards boiteux… qui en sortant de la mare, se secouent les sondages, et font coin-coin…

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Sur la nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement, voici la dernière indécence en date d'aujourd'hui: une pension de 235 000$ par année, à vie, si le monsieur fait 5 ans à la Caisse. Et de 275 000$ pour six ans. Et, tenez-vous bien, de 300 000$ après 7 ans – le lucky seven de Sabia!

http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/200903/26/01-840333-quebec-offre-une-retraite-doree-a-sabia.php

Et ce, AVANT que l'on sache si l'homme fera ou non un bon boulot. Remarquez qu'Henri-Paul Rousseau, malgré le fiasco de 2008, est sorti, lui aussi, avec une rente à vie dorée. Une situation qui s'applique aussi à combien d'autres encore dans nos sociétés d'État???

Indécent? Oui. Il n'y a plus d'autre mot possible. Indécent? Définitivement. Avec ou sans récession. Indécent. Un point, c'est tout.

L'acceptation de telles conditions par des hommes déjà indépendants de fortune, c'est de la cupidité. L'offre de telles conditions par le gouvernement, c'est de l'irresponsabilité. De toute évidence, personne parmi tout ce beau monde n'a la moindre compréhension de la colère qui monte un peu partout en Occident contre cette culture de l'avidité et de l'enrichissement personnel de ces «élites» à même les fonds publics.

Comme quoi, l'argent des contribuables est encore et toujours vu comme une jarre à biscuits sans fond dans laquelle certains ne se gênent aucunement pour s'y plonger la main jusqu'au coude.

Mais là, oups, coup de théâtre en fin de journée: M. Sabia renonce à sa prime de départ, à ce régime de retraite et à ses primes de rendement pour 2009-2010.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2009/03/26/005-caisse-sabia-primes.shtml

Constatant que sa nomination soulève des critiques de plus en plus sévères, et sur celle-ci et sur le processus de sélection, on dirait bien que M. Sabia fait maintenant dans la gestion de crise. Bon. C'est sûrement apprécié qu'il renonce à une partie de la jarre à biscuits. Mais disons que le geste aurait semblé nettement plus «désintéressé» s'il avait été posé dès sa nomination, et non après cette montagne de critiques… 

Ce qui, en passant, ne fera aucunement oublier ni ses faiblesses objectives quant à ce nouveau rôle de PDG de la Caisse, ni un couronnement qui, selon tous les observateurs, fut bel et bien téléguidé directement du bureau du premier ministre.

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D'ailleurs, sur ce, voici le coup de poing sur la table de Jacques Parizeau:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200903/26/01-840617-caisse-de-depot-parizeau-conteste-le-choix-de-sabia.php