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Les gloutons

 

Pour Jean Charest, le dossier de la Caisse de dépôt et placement est devenu un séance perpétuelle de gestion de crise. 

Dernier épisode: Michael Sabia, le nouveau patron de la CDP, et le choix du même Jean Charest, aurait reçu 21 millions de dollars en 2008 lors de son départ de BCE.

http://blogues.cyberpresse.ca/lapresseaffaires/cousineau/?p=735

Et après ça, on tentera de nous faire croire, pauvres petites valises que nous sommes, à un geste magnanime de complète abnégation lorsque Sabia a «renoncé» à sa pension de la Caisse de dépôt…

Vous vous souvenez lorsque je vous ai parlé du phénomène de la «cooptation»? (Voir ma chronique «Les intouchables»). Eh bien, disons qu'il y a des «cooptés» plus gâtés que d'autres…

D'ailleurs, voici ce qu'on en disait de plus à la période des questions de cet après-midi:

«François Legault: M. le Président, je répète ma question. Michael Sabia, le président de la Caisse de dépôt, détient, pour trois ans, 863 000 options d'achat d'actions de BCE. Que ce soit lui ou un fiduciaire, il n'y a pas personne qui vont vendre ces actions-là avant trois ans, et plus le prix des actions de BCE sera élevé, plus il va faire de profit. Ça, c'est clair. En même temps, la Caisse de dépôt est un investisseur important dans Vidéotron qui est un compétiteur de BCE. Est-ce que la ministre des Finances ne voit pas un conflit d'intérêts au moins en apparence?

Le Président: Mme la ministre des Finances.

Monique Jérôme-Forget: M. le Président, je pense que ça fait la quatrième fois… Si ce n'est pas un cours d'arrogance, c'est un cours de radotage qu'il a besoin, M. le Président

Et encore une fois, comme dans le cas de sa pension de la Caisse, M. Sabia a attendu jusqu'à ce que cette information sorte dans les médias pour annoncer qu'il y fera quelque chose…

Les gloutons ne sont jamais pressés…  

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Tenez. Une question, comme ça, en passant: Voyant que de toute évidence, M. Sabia est TRÈS, TRÈS indépendant de fortune, pourquoi diable a-t-il accepté de travailler à temps plein pour des grenailles, soit 235 000$ par année?

Le pouvoir d'influence et les réseaux? Peut-être. Qui sait?

Rendre «service» à un premier ministre qui cherchait désespérément un PDG partageant sa vision d'une Caisse de moins en moins interventionniste dans l'économie québécoise, et provenant du même sérail conservateur que lui? Sûrement aussi.

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Les salaires indécents de cette classe de gloutons chroniques de l'univers de la haute finance ont beau n'être que la pointe de l'iceberg d'un système profondément dysfonctionnel expliquant, en partie, l'écart croissant en Occident entre les plus riches et les plus pauvres, il y a de ces chiffres qui donnent tout de même la nausée.

Voir ceci sur les parachutes dorés des gloutons:

http://www.theglobeandmail.com/servlet/story/LAC.20090402.RPARACHUTES02/TPStory/?query=Michael+Sabia

Et il y a de ces chiffres propres à galvaniser la colère qui monte dans plusieurs pays. Pas surprenant qu'au G-20, à Londres, on ait demandé aux banquiers de ne pas s'habiller en complet-cravate cette semaine. Question de passer inaperçus devant les manifestants. Et pas surprenant qu'en Grande-Bretagne, également, se soit créé un mouvement «jail the bankers». De la colère, vous dites? You bet.

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Et en voilà un autre chiffre qui donne la nausée: 42 milliards de dollars.

42 milliards de NOS dollars. 42 milliards de NOS dollars qui seront dépensés dans les prochains cinq ans en constructions et infrastructures tous azimuts.

Normalement, une bonne chose en soi en période de récession.

Mais dans une société où ce genre de contrats plantureux va trop souvent aux mêmes, et où les liens entre certains contracteurs et criminels ressortent à certains moments, et où la classe politique dit ne rien voir ou savoir, on tremble à la pensée de ce 42$ milliards de NOS dollars. Et on ne parle pas de ces anciens élus ou hauts-fonctionnaires qui se retrouvent parfois, aussi, dans des postes fort bien rémunérés chez les mêmes firmes de contracteurs ou d'ingénieurs auxquelles ils avaient octroyé des contrats…

Et cela n'a rien de nouveau. Allez louer le film «Réjeanne Padovani» de Denys Arcand, tourné en 1973. Juste pour voir.

Il vaut 32 thèses de doctorat sur le sujet…

Cela dit, la probité existe. Et je ne voudrais surtout pas généraliser.

Mais de toute évidence, il y a un problème quant à la manne des fonds publics trop souvent vue ici comme une gigantesque assiette au beurre. Gloutonnerie…

Voir aussi:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200904/01/01-842441-enquete-dans-la-construction-quebec-est-preoccupe.php

http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/yves-boisvert/200903/31/01-842214-une-commission-cliche-pour-notre-temps.php

Et surtout:

http://www.ledevoir.com/2009/03/26/241799.html

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Et sur l'art de se tirer dans le pied et de s'appauvrir collectivement sans même le savoir:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200904/02/01-842972-le-quebec-se-comporte-en-republique-de-bananes-dit-amir-khadir.php