BloguesVoix publique

Sauter les plombs

 

Hier, le maire de Montréal a sauté les plombs. Suite à un éditorial de La Presse l'enjoignant de démissionner, Gérald Tremblay s'est dit victime d'une «campagne de démolition» et d'un «déni de démocratie».

Je ne sais pas, mais cette sortie donne surtout l'impression que le maire se serait fait conseiller par un patenteux quelconque de relations publiques qu'il était maintenant temps de se mettre en «mode attaque» et en mode «offensive»! Le «mode offensive», ils aiment ça, les patenteux….

Le problème – et le maire ne semble pas l'avoir vu non plus – est qu'il «attaque» en jouant encore et toujours à la «victime»…

Mais M. Tremblay avançait aussi que ce sont les Montréalais qui en décideront, disait-il, et jurait qu'il se représentera à l'élection cet automne.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/regional/montreal/200905/01/01-852475-gerald-tremblay-je-ne-quitte-pas.php

Sur cela, il a parfaitement raison de dire qu'en bout de piste, ce sont aux Montréalais de décider de son sort. Et non aux journalistes.

Par contre, il ne peut plus échapper au portrait troublant qui se dégage de plus en plus clairement de son administration et à une certaine odeur de corruption qui s'en dégage. Même la Sureté du Québec est obligée de s'en mêler! Tout comme il ne peut nier que les personnes problématiques pointées ont été nommées par lui. À cet égard, non seulement La Presse, mais Le Devoir, par la plume, entre autres, de Kathleen Lévesque, font leur travail de journalisme d'enquête.

Et ils le font pendant que le maire s'entête à défendre Frank Zampino, le processus d'octroi du méga contrat de compteurs d'eau, son directeur de la Ville, et j'en passe. Bien sûr, il envoie de plus en plus de ces dossiers au Vérificateur général, mais il continue d'affirmer qu'il n'y a eu ni conflit d'intérêt, ni trafic d'influence dans quelque dossier que ce soit.

Plus que tout, c'est probablement ce comportement – cet entêtement à défendre l'indéfendable -, qui a sapé l'autorité morale du maire. Et si une «crédibilité», ça peut toujours se reconstruire, il est rarement possible de rétablir une autorité morale perdue…

Disons aussi que ce fameux édito de La Presse ne fut pas le premier à soulever l'hypothèse d'une démission. En toute humilité, votre humble chroniqueure le faisait déjà dans le VOIR de la veille dans la chronique «Le virus de la peur». http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/04/29/le-virus-de-la-peur.aspx

Plus précisément, au-delà de ma propre opinion, j'avançais surtout l'hypothèse que: «bien des Montréalais lui diraient de partir», soit «parce qu'il n'a rien fait» pour stopper les abus, «soit parce qu'il ne possède pas les compétences requises pour gérer la métropole du Québec».

Bien sûr, le maire est élu. Nous, les journalistes, ne le sommes pas. Dans notre cas, demander la démission d'un élu est du domaine de l'analyse et de la prise subséquente d'une position. Mais c'est en effet aux électeurs à décider du sort d'un élu.

Mais à voir aller Gérald Tremblay, on se demande bien dans quel état il finira par arriver à la prochaine élection…

*************************************************************************

Ce vendredi, à l'émission de Christiane Charette, ma collègue Nathalie Petrowski, Gilles Taillon et moi-même avons d'ailleurs discuté de ce sujet, de même que de la course à la chefferie à l'ADQ et des problèmes d'éthique qui s'accumulent aussi du côté du gouvernement Charest, dont les fameux fonds régionaux FIER où on semble retrouver pas mal de Libéraux bien branchés…

http://www.radio-canada.ca/emissions/christiane_charette/2008-2009/chronique.asp?idChronique=79778