Tenez donc. Une autre «victime». Comme quoi, la mode se poursuit… Je crois qu'on appelle ça la «déresponsabilisation»…
Eh oui. Aujourd'hui, à l'émission Larocque-Lapierre, Frank Zampino, ancien président du Conseil exécutif de la Ville de Montréal, est sorti de son mutisme depuis l'histoire de ses vacances passées sur le yacht luxueux de son «ami» Tony Accurso, dont l'entreprise Simard-Beaudry, avec Dessau, a obtenu le plus gros contrat de l'histoire de Montréal. Soit le fameux contrat de 355 millions de dollars pour des compteurs d'eau. Ajoutons le fait que M. Zampino s'était également retrouvé vice-président chez Dessau dans les mois qui ont suivi sa démission surprise de la Ville. Et ce, avant que toute cette affaire l'amène à démissionner de chez Dessau. Question de tenter de préserver la capacité de cette firme de continuer à cumuler les gros contrats publics.
http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2009/05/20090510-152304.html
Sans grande surprise, à l'instar du maire Gérald Tremblay, M. Zampino s'est présenté en victime d'acharnement médiatique. Selon lui, les journaux, surtout La Presse et The Gazette, se tromperaient. Point à la ligne. Donc, pas de conflit d'intérêts ici. Seulement une «apparence». Et pas de trafic d'influence, non plus. Soit exactement ce que le maire jurait dur comme fer aux deux mêmes co-animateurs le19 avril dernier. Tout serait donc beau à la Ville. Et selon les deux hommes, le Vérificateur général devrait le confirmer. Bonne chance.
À telle enseigne, on se demande alors pourquoi M. Zampino a pris des semaines et des semaines avant de parler?
Et qu'a-t-il dit? Que d'avoir passé ses vacances sur le yacht de son «ami» Accurso avait été une «erreur». Mais pas en soi. Plutôt parce que cela a créé l'«apparence» d'un conflit d'intérêt. Un peu comme si sa «confession» suffisait maintenant à mettre fin aux questionnements. «J'ai péché, mon père.» «Récitez dix Je vous salue Marie et allez en paix, mon enfant.»
Eh non, ce n'est pas si simple que ça.
Disant aussi qu'il était allé sur ce yacht «sans arrière pensée», on se demande pourquoi il aurait alors insisté pour payer ses factures – qu'il refuse toujours de rendre publiques. Ou pourquoi même avoir demandé d'être «facturé» puisqu'il se joignait à un «ami», «sans arrière pensée»?
Se défendant d'être «intervenu» à la Ville en faveur de son «ami», Zampino a aussi insisté pour dire que le maire n'avait jamais été mis au courant de ce voyage fort particulier. Ah bon?
Si tel était le cas – ce que le maire affirme aussi -, M. Zampino aurait commis ici une faute grave dans la mesure où il n'aurait pas informé le maire, son patron, qu'il allait se la couler douce sur le méga yacht d'un homme s'adonnant être un des contracteurs les plus puissants et les plus influents du Québec – un contracteur à ce moment-là en attente du plus gros contrat de l'histoire de la Ville de Montréal…
Sur la question du coût du contrat de compteurs d'eau, M. Zampino a affirmé que le prix était juste, ce qui aurait été prouvé. Désolée. Mais pas encore à notre connaissance.
Surtout, il a repris la «ligne» de la Ville, à savoir que 355$ millions, cela ferait SEULEMENT 14$ millions par année sur 25 ans. Une vraie aubaine, quoi!
Comme argument tordu, c'est dur à battre. Ce n'est pas parce qu'on divise un coût exagéré par 25, 15 ou 50 que cela rendrait la facture finale plus «juste».
Bref, rien dans cette histoire n'a encore été expliqué clairement.
Mais ce que la sortie de M. Zampino confirme surtout est qu'en cette année électorale au municipal, le maire et ses proches, actuels ou passés, commencent à s'inquiéter plus sérieusement pour eux-mêmes de la suite des choses.
Quelle entrevue pénible et lassante à regarder et à écouter ! Entre un teigneux et M. Zampino, le second trouve le moyen de pleurer sur son sort !
Membre du Barreau du Québec, Tremblay ne peut pas ignorer qu’aux yeux de son ordre professionnel, non seulement le conflit d’intérêt ne peut pas exister, mais même l’apparence de conflit d’intérêt suffit à disqualifier un avocat.
Pourquoi? Parce qu’il suffit d’une apparence de conflit pour discréditer ces institutions que sont la Justice et le Barreau.
De même, il suffit d’une apparence de conflit d’intérêt pour discréditer la Ville de Montréal, son maire et son entourage politique. Ni Tremblay ni Zampino ne sauraient nier le poids des apparences. Ni Tremblay ni Zampino ne sauraient nier par ailleurs que des journalistes aux aguets, ça fait partie intégrante d’une démocratie en action.
En s’inquiétant davantage des effets qu’aura eu cet épisode sur leur petite personne que des effets qu’il aura eu sur le cynisme des Montréalais à l’égard de leurs institutions démocratiques, aussi bien Tremblay que Zampino démontrent qu’ils ne sont que des opportunistes. Ce qui, par ailleurs, contribue à ternir l’image de la formation « Union Montréal ».
Si j’étais montréalais, cet acharnement maladroit m’inciterait à « sortir » Tremblay et ses candidats – quelle qu’en soit la valeur. de ces derniers de l’Hôtel de Ville. Tremblay a adopté une politique de la terre brûlée; ou, en d’autres termes, après lui, le déluge.
Pour le bien de la démocratie, et pour le bien de sa formation politique, il devrait quitter. Maintenant. Ce qui donnerait à son successeur un peu de temps pour se dissocier et pour refaire l’image de cette formation.
Son refus donne à penser qu’il faut se méfier de lui. Comme s’il souhaitait garder les deux mains sur le volant (!) du « damage control »…
Gerald Tremblay, vous dégagez une odeur de corruption; non pas que vous avez nécessairement trempé (je ne crois pas que vos mains soient sales), mais en défendant l’indéfendable, vous vous portez caution des magouilleurs réels ou présumés. L’odeur est trop forte; aux douches!
« Complaisance totale »
J’ai trouvé l’entrevue de Frank Zampino à Larocque-Lapierre d’une complaisance innommable.
Ou bien ils ne connaissaient pas le dossier ou bien ils sont eux aussi chum avec lui…
Le journaliste qui a traité de la question la semaine dernière à «Tout le monde en parle » demandait comment se faisait-il que l’installation de innocents 2 coudes de plomberie à 3.50 était facturé à 80$ pour 10 minutes de travail ?
D’autre part, il est absolument non crédible que deux amis se rencontrent n’aborde pas un contrat 350 millions…
Il faut vraiment prendre le monde pour des valises…
Aux prochaines municipales, je nous recommande vraiment de voter pour « Projet Montréal »
À bons entendeurs…
Christian Montmarquette
Références :
Scandale des compteurs d’eau : Richard Bergeron porte plainte à la police :
http://www.projetmontreal.org/communique/66
Tous mes articles chez Vigile.Net :
http://www.vigile.net/_Montmarquette-Christian_
Monsieur Peace, je trouve votre réflexion sur les apparences de conflit d’intérêts et les effets délétères de la corruption sur la démocratie très pertinente.
Je souhaiterais que ce type de réflexion s’étende sur l’ensemble de nos institutions démocratiques qui me semblent attaquées de toutes parts par l’appât du gain, sous l’oeil goguenard d’un gouvernement consentant.
Faut pas demander a Jean Lapierre plus qu’il n’est capable , c’est plus fort que lui faut toujours qu’il trouve un moyen de minimiser les petites passes malhonnête des politiciens , surtout fédéralistes ! Normal quand tu viens du PLC !
@Christian Montmarquette
Cette fois -ci j’approuve et je voterai pour Projet Montréal !
PS: J’espère que » personne » ne parlera du supposé complexe de l’argent des québécois dans le cas de Zampino et de ses petites affaires louche quand même !
Mme Lachance a raison. Les mêmes personnages de ce réseau d’intérêt libéral sont actif a la grandeur du Québec. Mais ne comptez pas sur Gesca-La Presse pour couvrir tout le terrain.
Le squattage de l’État par des réseaux d’intérêts de plus en plus puisant se passe aussi ailleurs. Peut de politiciens ont le courage de dénoncer ces réseaux, sauf Bayrou en France, dans son livre Abus de pouvoir:
(…)
Troisième abus de pouvoir, plus difficile à évoquer parce que nous n’en voyons que la partie émergée de l’iceberg, c’est que ce régime met progressivement en place un réseau – des réseaux – sur la société française, qui unissent des intérêts financiers, des intérêts médiatiques, des intérêts industriels, des intérêts politiques. La caractéristique de ces réseaux, c’est qu’ils ne disparaissent pas avec l’alternance. (…)
Le Fouquet’s c’était (…) la scène primitive du sarkozysme, qui n’était pas élu depuis trois minutes que se réunissaient, dans le lieu de la richesse démonstrative, les vrais vainqueurs. La plus grosse fortune de France, la plus grosse fortune de Belgique, la plus grosse fortune du Québec, des milliardaires comme s’il en pleuvait, des médias amicaux comme s’il en pleuvait. C’était les vrais vainqueurs. Pendant ce temps, les pauvres bougres place de la Concorde, ils attendaient, ils se battaient les flancs.
(…)
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2708
P.s Allez visiter le site de Bayrou: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2708
Il faut voir toute cette histoire positivement: si la population de Montréal allume et s’indigne, Projet Montréal pourrait être élu aux prochaines élections.