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Parlons «signes» religieux

Et parlons de l'art de tout confondre…

Le tout en continuité de ma chronique de cette semaine: «Au-delà du voile».

Donc, cet après-midi, le sujet du port de signes religieux dans les services publics a rebondi à la période de questions.

La chef intérimaire de l'ADQ, Sylvie Roy, a demandé à la ministre responsable de la condition féminine, Christine St-Pierre, quelle était la position du gouvernement libéral sur ce sujet.

Et là, s'en est suivi un échange surréaliste où la confusion la plus totale régnait!

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200905/13/01-856245-christine-st-pierre-na-pas-dopinion-sur-le-port-du-voile.php

Comme seule «ligne», Mme St-Pierre répétait que l'«égalité homme-femme» était une valeur fondamentale au Québec, qu'elle était fière d'avoir amendé en conséquence la charte québécoise des droits et libertés,, etc…

La chef du PQ, Pauline Marois, posa la même question à son tour, mais à la bonne personne, soit la vice première ministre (en l'absence de Jean Charest) et concluait que les réponses de la ministre St-Pierre confirmaient que le gouvernement n'avait aucune position, aucune opinion sur le sujet.

C'était étourdissant de confusion!

Primo: le gouvernement a une position sur le port de signes religieux dans les services publics. Elle s'appelle le statu quo. Donc, ce port est permis. On peut être pour cette position. Ou on peut être contre. 

Mais il est clair que depuis la Commission Bouchard-Taylor, le gouvernement Charest a choisi de ne poser AUCUN geste dans ce domaine apte à établir la laïcité et la neutralité de l'État québécois en interdisant le port de signes religieux dits ostentatoires par ses représentants et employés.

Secundo: la réponse de la ministre portait sur un AUTRE sujet, soit la question de l'égalité homme-femme, qui concerne en partie, mais transcende également celle du port de signes religieux. À moins que l'on ne considère le voile islamique comme le seul et unique signe religieux dont on parle ici! Ou que l'on considère qu'aucune oppression des femmes n'existe ici hors de la question des signes religieux!

En d'autres termes, répondre «égalité homme-femme» à une question portant sur le port de signes religieux dans les services publics, c'est ne PAS répondre à la question.

Surtout, poser la question à Mme St-Pierre est la poser à la mauvaise personne, puisque Mme St-Pierre est responsable de la condition féminine et des communications. La question du port du voile, du kirpan, du crucifix ou de la kippa dans la fonction publique n'est pas vraiment de son ressort.

La bonne personne à qui il faudra poser cette question est le premier ministre.

Pourquoi? Parce qu'il dirige ce gouvernement. Et que s'il démontrait une volonté claire d'établir la laïcité et la neutralité de l'État en interdisant le port de signes religieux dans les services publics, vous pouvez être certains que ce serait déjà fait! Et s'il croit que cela ne ferait pas la moindre différence, qu'il le dise aussi et explique pourquoi.

Surtout, pour éviter encore plus de confusion – et comme je le démontre dans ma chronique «au-delà du voile» -, ne commettons pas l'erreur faite par la Fédération des femmes du Québec en y mêlant aussi la question de l'«intégration» et de l'«exclusion»!

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La question du port des signes religieux dans la fonction publique relève de celle de la laïcité et de la neutralité de l'État.

Celle des diktats vestimentaires imposés à certaines femmes pour des raisons «religieuses» relève de l'éducation; de messages clairs adressés aux leaders religieux qui refusent de respecter l'égalité homme-femme; d'un encouragement à une mixité sociale toujours croissante; et d'une prise de conscience plus prononcée quant au problème politique posé par des religions aux préceptes anti-égalitaires.