BloguesVoix publique

Parlons «signes» religieux (II)

Encore une fois, et encore aujourd'hui, le «débat» est confus et part dans toutes les directions.

Ce matin, en entrevue, la ministre Christine St-Pierre (dont, je le répète, ce n'est même pas le dossier!), a finalement dit ce que je disais dans ce billet-ci. À savoir que le gouvernement Charest A une position sur le port des signes religieux dans les services publics. Soit le STATU QUO, ou l'opposition à leur interdiction! Me semble que c'est clair.

Maintenant, sur le «débat» lui-même.

Interdire ce port ne serait pas faire montre d'«intolérance», contrairement à ce que disait la ministre ce matin. Tout comme le permettre ne serait pas un signe de «tolérance». Puisque la question ici est ailleurs.

À savoir si l'État, à travers ses représentants et employés, doit ou non traduire sa neutralité et sa laïcité, entre autres moyens, à travers une directive portant sur les signes religieux dits ostentatoires. Point à la ligne. Et c'est un débat qui, en démocratie, peut se faire de manière tout à fait pertinente.

Mais, comme le notent certains des membres ici, avec raison, la laïcité n'est pas un trait de l'État québécois ou canadien… Ce qui ne veut pas dire, par contre, qu'il ne serait pas enfin temps d'y voir!

Bon. Ça, c'est une chose.

L'«intégration» ou l'«exclusion» des minorités en est une autre. Elle est beaucoup plus large que la simple question des signes religieux.

Et au risque de me répéter, et à mon très humble avis, le VRAI débat, celui que personne n'ose faire concerne l'intrusion du religieux ET dans l'espace public ET dans les services publics. Il concerne certains diktats antidémocratiques et antiégalitaires des grandes religions organisées que l'on «tolère» sous prétexte qu'ils sont des «croyances». Des religions, encore une fois, qui n'ont rien à cirer de nos belles Chartes des droits et de leur belle provision sur l'égalité homme-femme! Au contraire. Certaines de ces religions se SERVENT des chartes pour faire avancer leurs intérêts sous prétexte de défendre la liberté de conscience.

On parle du «voile» islamique, mais qui parle du contrôle qu'il représente des moeurs et du corps des femmes? Ou, qui parle de linterdiction des femmes d'accéder à la prêtrise et à la hierarchie catholique? On ne tolérerait pourtant pas qu'une organisation ou compagnie interdise son accès, disons, aux personnes noires ou asiatiques. Et avec raison! Mais le Vatican, et d'autres religions, excluent les femmes.
Qui parle des dikats de plusieurs religions contre la contraception, contre le droit à l'avortement et contre l'homosexualité? Etc….

La ministre peut bien se réfugier derrière ses beaux principes, il reste cette réalité, cette vérité troublante qui, elle, ne fait toujours pas partie du débat public. La raison? Ce serait une question de «croyance» personnelle? Mais alors, les «droits» et l'«égalité» ne veulent plus rien dire si de simples «croyances» édictées par des leaders religieux suffisent à les balayer de la main….

*********************************************************************

Bien sûr, en démocratie, on ne peut ni ne doit interdire les religions. Là, n'est pas la question.  Mais il manque de messages clairs de la part du politique sur ce qui est compatible ou non avec les principes de démocratie et d'égalité des sexes. Un article dans une charte des droits est nettement insuffisant. La simple question du «voile», c'est l'arbre qui cache la forêt..