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Les «otages»

 

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/200905/31/01-861642-bolduc-tente-de-calmer-le-jeu.php

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Définition du mot «otage» : « Personne que l'on arrête et détient comme gage pour obtenir ce que l'on exige».

Voilà probablement comment se sentent bien des femmes atteintes du cancer du sein face au spectacle surréaliste auquel elles assistent, impuissantes, depuis mercredi soir.

Ce soir où elles ont appris qu'il était possible que certaines d'entre elles n'aient pas reçu le bon médicament dû à un rapport de pathologie erroné. (Voir mon billet précédent «Je me sens déchirée…»)

On croirait alors que dans de telles circonstances, LA priorité du ministre de la Santé serait de commander, calmement, que l'on teste à nouveau les lames des patientes visées?

Ou, que sa deuxième serait d'accélérer sérieusement le processus visant à imposer une norme panquébécoise au niveau du contrôle de la qualité à TOUS les laboratoires de pathologie du Québec, et de fournir les ressources nécessaires?

Ou, que sa troisième, serait de retirer l'épaisse couche de cire que son gouvernement a dans les oreilles, l'empêchant, semble-t-il, d'entendre l'URGENCE qu'il y a au Québec de créer, enfin, une agence responsable de normaliser les procédures de diagnostics et de traitements prodigués au Québec pour les cancers. TOUS les cancers?

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Mais non. Pour le moment, le bras de fer se poursuit entre le ministre (et donc, le gouvernement) et le président de la Fédération des spécialistes du Québec, le docteur Gaétan Barrette.

Qui dit vrai? Qui sait? Mais il y a sûrement toute une colonie d'anguilles sous cette roche là!

De fait, le DANGER ici est que ce «combat de coqs», qu'il soit ou non réel, soit l'arbre qui cache la forêt, l'élément «spectaculaire» risquant de masquer la vraie problématique, à savoir:

1) la nécessité de s'assurer que toutes les femmes atteintes du cancer du sein reçoivent le traitement approprié à leur condition – de même que toutes les personnes atteintes du cancer, point à la ligne.

2) le besoin d'une approche standardisée pour le Québec.

Mais à preuve que le mystère demeure entier: même le ministre s'est dit incapable de dire combien de femmes devraient, ou devront être retestées!

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Pour les patientes, le spectacle que leur aura été servi en ce dimanche est proprement désolant.

Et elles seront sûrement nombreuses à ne vouloir qu'une chose dans les circonstances: que le gouvernement débloque rapido les ressources nécessaires pour que les spécimens de celles qui devraient être retestées le soient. Un point, c'est tout.

Pour le reste, que cela plaise ou non au gouvernement, le débat est bel et bien lancé sur la question du cancer au Québec.

C'est pourquoi la tentative du ministre de se dépeindre en «victime», qui des médias, qui de Gaétan Barrette, ne réussira pas à enterrer ce débat, lequel ne fait que commencer!

La semaine dernière, le ministre avait mis de côté la «langue de bois» en reconnaissant que la situation avait de quoi inquiéter les patientes concernées.

Mais ce dimanche, sa langue de bois aurait couvert une forêt entière!

Et pourtant, en conférence de presse, il aura tout de même lâché ceci:

«La majorité des victimes du cancer du sein peuvent avoir confiance qu'elles ont été traitées de la bonne façon».

La majorité? Ah bon. Tenez donc. Mais, au fait, une majorité de combien? 51%? 60%? 85%? Etc…

Et la «minorité»? Qui s'en occupera? Et quand?

En espérant une réponse rapide, monsieur le ministre! Et cette fois-ci, CLAIRE.

Sans panique. Seulement avec le respect le plus absolu pour les patientes concernées.

Je crois qu'on apelle ça une action concertée, responsable et efficace…

Mais, de toute évidence, ce sera à suivre.

Surtout, et avant tout, par les femmes qui se sentent prises en otage par une situation qui semble n'avoir aucun bon sens…

Pourtant, tout ce qu'elles veulent et attendent, c'est la vérité. Pas des luttes de pouvoir puériles.

Les personnes atteintes du cancer méritent mieux que cela.

Leurs énergies vitales doivent aller à se soigner.

Pas à subir ce triste spectacle…

Espérons maintenant qu'en ce lundi, le Collège des médecins saura apporter un peu de lumière…