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Ministre sous surveillance

Tenu coupable d'avoir trop inquiété les femmes atteintes d'un cancer du sein en dénonçant trop crûment le laxisme du gouvernement dans le dossier des tests de pathologie pouvant orienter ou non leur traitement vers l'hormonothérapie, les critiques ont fusé contre le docteur Gaétan Barrette, le président de la Fédération des médecins spécialistes. Entre autres, par le docteur Yves Lamontagne, président du Collège des médecins.

Mais s'il est vrai que rares sont ceux et celles à apprécier les méthodes parfois rudes ou la personnalité abrasive du docteur Barrette, il n'en reste pas moins que sans ses hauts cris poussés depuis mercredi dernier, le docteur Lamontagne n'aurait jamais tenu sa conférence de presse ce lundi, tout calme et posé, pour annoncer qu'il recommandait fortement au ministre de la Santé, Yves Bolduc, de faire enfin ce que les pathologistes et le même docteur Barrette réclamaient depuis des années à un gouvernement qui bougeait jusqu'à maintenant dans ce dossier à la vitesse d'un escargot! Remontant, au moins, jusqu'à Philippe Couillard.

Voir:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/200906/01/01-861932-le-college-des-medecins-recommande-un-programme-dassurance-qualite.php

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Ces demandes et ce que le docteur Lamontagne recommande au gouvernement sont de fait les mêmes:

1) «instaurer un programme d'assurance qualité externe, qui soit «systématique et obligatoire» dans les laboratoires du Québec pour avoir l'heure juste concernant la qualité des tests qui y sont faits.»;

2) former un comité d'experts pour déterminer quelles femmes pourraient avoir besoin d'être testées à nouveau.

En d'autres termes, d'un point de vue strictement politique, lorsqu'un gouvernement ne semble réagir et AGIR que lorsqu'il est face à des crises, des coups d'éclat médiatique et/ou une opinion publique en colère, nul ne devrait se formaliser d'en voir certains user en effet de la seule méthode apte à le faire bouger.

Oui, bien des femmes ont été inquiétées pendant quelques jours. TRÈS inquiétées. Étant moi-même en rémission d'un cancer du sein et connaissant des femmes en traitement, cette inquiétude, je l'ai sentie jusque dans mes propres os!

Mais c'est bel et bien la combinaison de l'étude du docteur Gaboury, de l'approche plus agressive d'un Gaétan Barrette et d'une opinion publique exigeant des réponses, qui, en bout de piste, aura réussi à brasser la cage du gouvernement. Et donc, à le faire bouger en quelques jours.

Ce que des années de correspondances et de discussions civilisées et dicrètes entre les médecins et le ministère de la Santé n'avaient jamais réussi à faire!

Et c'est précisément parce que le jeu aura été forcé publiquement que ces mêmes femmes, ainsi que toutes celles qui apprendront un jour qu'elles ont un cancer du sein:

Primo: ont enfin appris qu'il existait un problème important qui pourrait en concerner certaines d'entre elles quant aux résultats de leurs tests de pathologie décidant de quel type de médicament elles doivent prendre – un élément majeur et crucial;

Secundo: ont maintenant espoir que des améliorations notoires seront apportées au niveau de la pathologie au Québec.

Et pourquoi? Parce que les femmes SAVENT maintenant ce qu'il en retourne.

Parce que le Collège des médecins, la Fédération des médecins spécialistes et les oncologues qui soignent leurs patientes peuvent maintenant interpeller le gouvernement à visière levée, sur la place publique.

Et parce qu'Yves Bolduc sera dorénavant un «ministre sous surveillance»…

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Ce qui, par contre, n'enlèvera RIEN aux craintes que devront vivre plusieurs femmes atteintes du cancer du sein tant et aussi longtemps que toute cette histoire ne sera pas enfin derrière elles…