BloguesVoix publique

La Saint-Jean à qui?

 

Un P.S. sur la «controverse» du jour…

Le débat est fascinant et vos commentaires confirment à quel point cette situation appelle une analyse plus large que celle portant strictement sur cette «Autre Saint-Jean» dans Rosemont-Petite Patrie.

Pour ma part, je persiste et signe. Il me semble qu'on a télescopé beaucoup d'éléments dans cette nouvelle «controverse»… Et surtout, qu'il y en a eu, qui ont eu de bien gros mots à la bouche. Ou à leur plume. Comme quoi, le sens de la mesure et des «nuances» n'est pas toujours au rendez-vous lorsqu'on aborde la question linguistique…

Alors. Oui. Sur une vision plus large des choses:

Il y a ce recul, visible et audible, de la langue française à Montréal depuis au moins un bon 15 ans. (Sans oublier la situation fragile dans l'Outaouais!) Un problème, comme la plupart d'entre vous l'avez souligné, qui commanderait des actions réelles et concrètes. Mais des actions qu'aucun gouvernement, péquiste ou libéral, n'a daigné entreprendre depuis.

Résultat: l'inquiétude monte, avec raison, chez les francophones de la grande région de Montréal. Il arrive par conséquent que cette inquiétude, fondée, se métamorphose en un réflexe de préservation qui recouvre tout. Même ce qui n'a pas besoin de l'être. Comme dans toute cette histoire…

Car, qu'avons-nous ici? Deux groupes anglophones québécois invités à participer à un spectacle de six heures avec une brochette de groupes francophones québécois dans le cadre des festivités de la Fête nationale. C'est tout. Deux groupes dont le répertoire est de langue anglaise, comme l'est, encore une fois, celui d'un Leonard Cohen.

On parle donc ici d'ARTISTES, dont l'ART s'exprime en anglais. Point à la ligne.

Et deux groupes qui se seraient probablement fait un plaisir de pousser une chanson ou deux EN FRANÇAIS (on sait que Lake of Stew le fait déjà en régions).

Primo: parce qu'ils ont été INVITÉS à se joindre à la Fête nationale. Secundo: par conscience du fait que leur auditoire dans Rosemont-Petite Patrie, serait francophone. Et que c'est en effet la langue officielle du Québec. Moitié courtoisie. Moitié respect et lucidité. (* On vient d'apprendre que ces deux groupes «désinvités» viendraient d'être réinvités. Mais la décision finale viendra mercredi).

Ceux et celles qui me lisent depuis des années savent à quel point je considère comme ESSENTIELLE une protection nettement plus ACTIVE de la langue française.

Mais au risque de me répéter:

Franchement, et en toute humilité, il me semble que de fermer la porte à des artistes anglophones à la Fête nationale n'est PAS la manière de renforcer le français. Vraiment pas.

**********************************************************

Mais je comprends aussi la frustration croissante de nombreux francophones face à l'inaction patente depuis des années de leurs gouvernants, péquistes et libéraux, dans tout le dossier linguistique.

Tentons seulement de ne pas tout confondre. Et de se souvenir que le problème, ce sont des gouvernements inertes sur cette question pourtant fondamentale. Ce n'est surtout pas deux petits groupes de musiciens anglo-montréalais qui, de surcroît, étaient bien contents et honorés d'avoir été invités à la Fête nationale…

*****************************************************

Parlant d'inaction gouvernementale et d'absence de nuances et de sens de la mesure, les commentaires de la ministre Christine St-Pierre en sont un bel exemple:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200906/15/01-875808-fete-nationale-st-pierre-fustige-les-souverainistes-radicaux.php

Plutôt que de tenter de récupérer cette histoire à des fins partisanes, la ministre devrait plutôt se préoccuper de l'inquiétude fondée des francophones quant à la situation linguistique.

Oui. Oui. Je sais. Je sais. On appelle ça «rêver en couleurs»…