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Faux et vrais scandales

C'est l'été. Et donc, ce qui remplit l'actualité laisse parfois pantois…

Comme ce faux «scandale» suite à la consommation, ou la non consommation d'une hostie par Stephen Harper lors des funérailles catholiques d'un ancien gouverneur général.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200907/09/01-882690-harper-na-rien-fait-de-mal-en-acceptant-lhostie-affirme-larcheveque.php

Si on veut parler «religion» et politique, parlons plutôt d'un premier ministre socialement conservateur et obsédé par le clientélisme électoral ayant donné à plusieurs lobbys issus de diverses communautés de culte au Canada un accès privilégié à son gouvernement. Des lobbys qui, d'ailleurs, lui rendent très bien l'ascenseur. Autant dans l'urne que lors des levées de fonds pour le Parti conservateur…

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Maintenant, côté «vrai» scandale:

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/200907/09/01-882642-cancer-du-sein-nouveaux-tests-pour-2730-femmes.php

Le scandale, c'est celui, doit-on le répéter, d'un ministère de la Santé qui se traîne les pieds depuis des années dans le dossier de la pathologie au Québec.

Qui a préféré créer des comités de ceci et de cela, cherchant eux-mêmes à créer une nouvelle «structure bureaucratique», plutôt que d'exiger, clairement et simplement, que TOUS les laboratoires de pathologie au Québec se dotent d'un système reconnu et homologué de contrôle externe de qualité.

Des systèmes qui existent pourtant déjà depuis longtemps sur le marché pendant qu'au Québec, plus de la moitié des labos en ont aucun.

Pis encore, on apprend que même du côté du CHUM – un réseau d'hôpitaux UNIVERSITAIRES, et donc, dont on attendrait qu'il soit à la fine pointe de la rigueur en pathologie -, «certains» établissements s'étaient dotés seulement tout récemment de contrôle de qualité externe, mais sans évaluation de son taux de concordance.

Comme quoi – et je répète ce que j'ai écrit ce printemps sur ce blogue -, même si sa manière fut inélégante, le président de la Fédération des spécialistes du Québec, Gaétan Barrette, avait parfaitement raison de sonner l'alarme publiquement sur l'état de la pathologie au Québec. Et de soulever la possibilité tout à fait logique qu'avec autant de labos de pathologie dénués de tout contrôle externe de qualité, il puisse aussi y avoir eu des erreurs quant à d'autres types de cancer.

Question naïve: alors, il sert à quoi le méga ministère de la Santé?

Et comment se fait-il que contrairement au CHUM, les hôpitaux du réseau McGill avaient déjà leurs propres systèmes de contrôle externe? 

St-Mary's, par exemple, utilise celui du American College of Pathologists. 

Alors, pourquoi le CHUM a-t-il tant tardé?

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Autre «vrai» scandale qui perdure:

«La principale action du gouvernement pour lutter contre le décrochage scolaire depuis 2002 n'a pas donné les fruits escomptés, révèle une analyse préliminaire effectuée par une équipe de chercheurs. La stratégie d'intervention Agir autrement, à laquelle Québec a consacré plus de 200 millions depuis sept ans, n'a pas permis d'accroître significativement la persévérance scolaire dans les écoles participantes.» Voir:

http://www.ledevoir.com/2009/07/09/258382.html

Tenez, une autre question naïve: alors, il sert à quoi le méga ministère de l'Éducation?

Par contre, le «décrochage» n'est pas la maladie, mais un de ses symptomes.

La maladie, c'est le fait que cette petite société qui s'appelle le Québec se «permet» le luxe d'avoir un système d'éducation à deux vitesses.

Ce qui fait de lui le seul État sur ce continent à avoir des écoles dites privées, mais subventionnées à 60% par tous les contribuables, lesquelles sont en pleine expansion pendant que trop d'écoles dites publiques peinent à offrir une éducation de qualité. Et il est là, le décrochage. 

Et qui dit un système d'éducation à deux vitesses, dit un avenir à deux vitesses pour les Québécois: ceux qui auront reçu une éducation de qualité et ceux qui, dont les parents ont des moyens plus limités, en auront été privés.

Je sais qu'il existe encore de très bonnes écoles publiques. J'en suis moi-même un produit et j'en suis très fière.

Mais force est aussi de constater que les temps ont bien changé depuis la fin de mon secondaire V, il y a de cela déjà beaucoup trop longtemps…

Car, de toute évidence, les statistiques parlent haut et fort: plusieurs écoles publiques ne répondent plus aux besoins. Entre autres, par manque de ressources humaines et matérielles, par manque de programmes plus rigoureux et plus exigeants, par manque d'évaluations plus strictes, etc…

Et c'est pour cela que de plus en plus de parents optent, lorsqu'ils le peuvent, pour l'école privée.

Le tout, sans oublier que le taux de diplomation est encore inférieur chez les francophones par rapport aux anglophones.

Si tout ça, ce n'est pas un vrai scandale…