Le 22 juin dernier, dans mon billet «Les «vieux» partis», je revenais sur le fait étonnant selon lequel et le PQ et le PLQ avait chacun un militant très, très haut placé faisant du lobbyisme pour Osisko, la compagnie se préparant à creuser une gigantesque mine d'or à ciel ouvert à Malartic, en Abitibi. Un projet dénoncé vertement à l'Assemblée nationale par Amir Khadir de Québec solidaire.
(Tel que rapporté le 19 juin sur le site des lock-outés du Journal de Montréal:
et repris le lendemain dans les pages du Devoir.)
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(*) En complément d'info, voici d'ailleurs aussi deux articles parus le lendemain de ce billet:
http://www.ledevoir.com/2009/07/14/258976.html
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Depuis, le BAPE a rendu son rapport public, ouvrant la porte à une autorisation possible du projet controversé.
Le sujet est peut-être moins sexy que la mort de stars de la pop ou de la boxe, mais pour le Québec, ce retour à certaines pratiques de la part de compagnies et de gouvernants, rappelant celles d'avant la Révolution tranquille, mériterait sûrement qu'on s'y arrête plus sérieusement.
Même en été…
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À titre d'information, voici donc le communiqué émis aujourd'hui par la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine!
«Communiqué – Pour diffusion immédiate
Rapport du BAPE sur le projet de mine à ciel ouvert d'Osisko à Malartic
Constats flagrants, recommandations timides
Québec, 13 juillet 2009. Dans son rapport rendu public jeudi dernier, la commission du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) conclut que le projet de mine à ciel ouvert d'Osisko «pourrait être autorisé à certaines conditions», et ce, malgré une série de constats flagrants que la commission dresse elle-même concernant les bévues et les torts occasionnés aux citoyens, les cadres règlementaires déficients, les risques de contamination des eaux souterraines et l'absence d'analyse détaillée pour la restauration des résidus miniers et de la fosse une fois les opérations terminées. La commission constate également qu'en l'absence des redevances minimales, les lendemains de la ville de Malartic ne sont pas garantis et signale que «des efforts restent à faire» afin d'assurer la relance économique de la ville.
Face aux constats du BAPE et le précédent créé par ce projet au Québec, la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! maintient sa demande d'exiger une consultation plus élargie afin de déterminer s'il est dans l'intérêt de la région et du Québec d'aller de l'avant avec les mines à «fort tonnage faible teneur» au cours des prochaines décennies. Ce type de mine a des conséquences sur l'environnement, les territoires et les populations qui sont, à bien des égards, irréversibles et beaucoup plus importantes que les mines souterraines.
La ville, le gouvernement et le promoteur blâmés
C'est à peine à mots couverts que la commission critique la façon dont s'est déroulé le déménagement massif des résidents et les torts que plusieurs ont subis, avant même que le projet minier ne soit autorisé. La commission blâme l'encadrement gouvernemental inadéquat et s'interroge «sur le plan éthique et humain» de la façon d'agir de la compagnie dans ce processus. La ville de Malartic n'y échappe pas non plus. Selon la commission, la ville «aurait pu assujettir la délivrance d'un permis de construction ou de lotissement à l'obligation de conclure une entente avec le promoteur» et ainsi exiger des conditions optimales pour protéger les citoyens. Ce sont là des critiques que la coalition et ses membres, notamment le Comité de vigilance de Malartic, avaient déjà formulées à de nombreuses reprises.
Mandat du BAPE limité
Malgré que la commission reconnaisse les «enjeux majeurs» que soulève l'encadrement gouvernemental actuel, notamment aux plans de la Loi sur les mines et d'une meilleure protection environnementale, elle estime que ces enjeux «débordent du mandat qui lui a été confié» et ne sont donc pas pleinement pris en compte dans son analyse.
Redevances insuffisantes
La coalition proposait récemment que tout projet minier soit assujetti à une redevance minimale de 2 à 5% sur les revenus bruts, dont au moins la moitié devrait être partagée avec les régions et les communautés directement touchées. Actuellement, la coalition estime que moins de 0,1% des revenus bruts seraient versés par l'entreprise dans un fond local de développement (150k$/année), ce qui paraît nettement insuffisant pour assurer la diversification de l'économie de Malartic à moyen terme. La commission s'inquiète également de ce constat, mais ne propose rien de précis pour y remédier.
Absence de plan de restauration détaillé
Jusqu'à ce jour, aucun plan de restauration détaillé n'a été rendu public et rien ne semble indiquer que des consultations publiques, ouvertes et transparentes auront lieu sur cet enjeu au cours des prochains mois. Le type de restauration à définir est pourtant fondamental dans une perspective de gestion durable et intégrée du territoire.
Risques à réévaluer
Plusieurs risques et incertitudes demeurent à mieux définir. C'est le cas, notamment, de la contamination possible des eaux souterraines, du compactage des argiles et de ses impacts potentiels sur les résidences, des risques d'effondrement de la route 117, ainsi que des risques de drainage minier acide à long terme. Sur ces enjeux, la commission renvoie la balle à la compagnie en recommandant qu'elle fasse davantage d'études.
Des questions sans réponse
À la lumière des informations disponibles actuellement, il n'est pas clair de qui des contribuables ou de la compagnie serait responsable d'assurer le remplissage de la fosse pendant les 12 à 24 années suivant la fermeture de la mine. Pourquoi, d'ailleurs, les coûts estimés pour chacun des scénarios de remplissage de la fosse ont gonflé de près de 200% entre décembre 2008 et le début des audiences publiques en mars 2009, rendant dès lors les scénarios beaucoup moins attrayants sur le plan économique? La coalition et plusieurs intervenants craignent que la fosse ne soit jamais restaurée et puisse servir à y déposer de futurs résidus industriels ou domestiques. De plus, qui des contribuables ou de l'entreprise serait responsable de rétablir la qualité des eaux souterraines en cas d'une contamination éventuelle? Enfin il reste à savoir pourquoi le rapport du BAPE reste muet sur la question du contournement probable de la route 117, qui est pourtant une préoccupation majeure de la population?
La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! a vu le jour au printemps 2008 et est aujourd'hui constituée de plus d'une douzaine d'organismes représentant plusieurs milliers de membres au Québec. La coalition s'est donnée pour mission de revoir la façon dont on encadre et développe le secteur minier au Québec, dans le but de promouvoir de meilleures pratiques aux plans social et environnemental. La coalition juge essentiel d'engager et de maintenir un dialogue constructif avec les différents intervenants du secteur minier québécois, le gouvernement du Québec, de même qu'avec les communautés et les citoyens qui sont directement affectés.
Les membres actuels de la coalition: Action boréale Abitibi-Témiscamingue (ABAT) ▪ Association de protection de l'environnement des Hautes-Laurentides (APEHL) ▪ Coalition de l'ouest du Québec contre l'exploitation de l'uranium (COQEU)▪ Comité vigilance Malartic (projet minier Osisko)▪ Conseil central de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) en Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec ▪ Écojustice▪ Forum de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM ▪ MiningWatch Canada▪ Mouvement Vert Mauricie▪ Nature Québec▪ Professionnels de la santé pour la survie mondiale▪ Regroupement pour la surveillance du nucléaire▪ Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)▪ Société pour la nature et les parcs du Canada – SNAP-Québec▪»
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Est-ce que ces partis ne sont pas, actuellement, face à de gigantesques problèmes d’éthiques. Il est évident que l’on sape de toutes part les efforts tangibles de M. René Lévesque qui s’était bien promis de faire le ménage dans ces procédures ordurières.
Dans presque tous les dossiers, ce gouvernement agit de façon scandaleuse. Bush a donné le ton et cette mentalité de cowboys s’est propagé partout, faisant fi du respect des citoyens. Depuis le début de la mondialisation, ce que Bush père surnommait « Le nouvel ordre mondial », cet implant guerrier d’une compagnie minière en est un triste exemple.
Vous écrivez : «le PQ et le PLQ avait chacun un militant très, très haut placé faisant du lobbyisme pour Osisko,»
Est-ce à dire que ce sont les partis politiques qui font maintenant du lobbying auprès des compagnies qui ont besoin du gouvernement ? Ça semble le monde à l’envers ça, à moins de vouloir du financement pour les caisses électorales, ce qui n’est pas permis.
Hélas malgré ce message fort intéressant des risques encourus dans ce projet la majorité des québécois n’y verront qu’une coalition d’écologistes et de gauchistes irresponsables encore une fois. Il ne faut pas oublier que le Canada dont le Québec qui en fait encore partie est le pays du G7 le moins responsable en matière d’écologie.
La majorité des risques dans ce projet se projettent dans le futur . Aujourd’hui les industriels ne pensent qu’aux profit immédiat et les dommages à moyens ou à long termes ils en n’ont rien a cirer. Même chose pour les gouvernements et les politiciens, ils veulent être élus ou réélus le plus tôt possible alors ils préfèrent se faire prendre en photos en serrant les mains des petits maires et des exploiteurs plutôt que se demander si c’est un bon projet .
Et le bon peuple comme toujours applaudira le projet et dénigrera les opposants sans penser aux générations futur évidemment.
Je vis moi-même en Abitibi-Témiscamingue, à l’ombre de ces cheminées de la Noranda qui crachaient encore, dans les années 70, des particules acides. Quand l’anhydride sulfureux était retenu par un quelconque effet de serre, l’air devenait irrespirable. Et périodiquement, des taches produites par ces émanations acides attaquaient la peinture des véhicules et le revêtement des maisons.
Des contraintes plus sévères ont forcé la Noranda à améliorer ses procédés.
À l’époque, les eaux qui coulaient dans certains fossés, le long des routes, étaient orangées. Les résidus miniers sont mieux gérés, de nos jours, mais de nombreux « parcs à résidus miniers » n’ont pas encore été revitalisés et sont responsables d’une étonnante désertification, dans cette région qui compte autant de lacs que d’habitants (!!!).
La Noranda (maintenant intégrée à la multinationale suisse Xstrata) a beaucoup donné à la ville qui l’a vu naître (un aréna, notamment) et dont elle était, dans les années 20 et 30, la propriétaire. Littéralement. Mais elle a fait mal à l’habitat, avec le consentement tacite du gouvernement.
Malartic? Osisko? Cela me rappelle que dans les années 80, un quartier de Malartic a été condamné; les résidents ont dû quitter, en raison de la dégradation des galeries souterraines sous le quartier. Les résidents entendaient les pierres qui tombaient du plafond de ces galeries, trop près de la surface, et des maisons pouvaient s’effondrer à tout moment.
Le problème, c’est que d’une part les gouvernements n’exigent pas suffisamment de garanties financières avant de permettre l’exploitation minière. Sans compter le problème des redevances qui ne sont pas payées.
Le problème, c’est l’absence de normes adéquates. À Duparquet, la Eldorado Gold Mines (qui n’existe plus!) a enfoui des centaines de barils d’arsenic. Les barils rouillent. Leur contenus’échappe. Tout près, il y a le lac du même nom (un lac superbe, parsemé d’îles), et il y a la ville, et ses habitants… Qui doit payer pour ça? Le gouvernement, faute d’avoir exigé, à l’époque, des garanties financières. Et faute d’avoir réglementé sur les déchets miniers. Pourquoi de l’arsenic? Parce que là où il y a de l’or sous terre, il y a aussi de l’arsenic…
Le cratère que s’apprête à creuser Osisko à Malartic, pour sa mine à ciel ouvert, qui va le combler? Se fier sur l’entreprise minière, c’est risqué. Dans le domaine minier, les entreprises naissent à la faveur de la flambée du prix des métaux, et meurent quand les marchés s’effondrent. Attendre la fin de l’exploitation et compter à la fois sur la santé financière (très aléatoire) et la bonne foi de l’exploitant, c’est suicidaire.
Des jobs, oui. Mais pas à n’importe quel prix. Mieux vaudrait laisser l’or et le cuivre enfouis plutôt que d’en permettre l’extraction sans s’assurer (par les mesures coercitives appropriées) que les lieux seront remis en état aux frais de l’exploitant. C’est un minimum…
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À Malartic, l’entreprise Osisko a entrepris une vaste campagne de séduction des autorités municipales et des citoyens, en faisant preuve d’une magnanimité de façade à l’égard de la communauté. Mais dès qu’on gratte un peu… Je dis bravo au comité de vigilance et à Nicole Kirouac, sa porte-parole, une ex-enseignante, devenue avocate sur le tard, maintenant retraitée. Une femme qui voit clair…
Etait-il vraiment nécessaire de confirmer une fois de plus que le Québec est une république de bananes. Nos dirigeants sont à la solde de grossiers capitalistes qui se moquent éperduement de nos droits à une vie saine.
Comme le rappèle M. Lavoie, René Lévesque avait dans son collimateur ces expolitants de mines, exclavagistes, et Jean Lessage, sans doute à leur demande, à déplacé René Lévesque de ce délicat ministère. Son successeur ne se chauffait pas du même bois. René Lévesque dérangeait parce qu’il défendait l’intérêt collectif. René Lévesque avait du coeur et il était à la bonne place.
Nos boutiquiers à la tête de notre province comprennent que l’argent n’a pas d’odeur et que les gens ne sont pas importants, l’environnement non plus. Après moi le déluge, disait un autre malade méprisant.
Il vaudrait mieux en effet laisser ce pauvre minerais là où il est plutôt que de ravager et détruire sans vergogne ce coin de notre » Belle province « .
Pauvres de nous.