Maintenant que Jean Charest a ses «deux mains sur le volant», attendez-vous à ce que son gouvernement plonge aussi bientôt ses «deux mains dans votre portefeuille» pour tenter d'éliminer le déficit qu'il est en train d'accumuler lui-même.
Et que, en toute probabilité, il le fasse en augmentant éventuellement les tarifs d'un certain nombre de services publics.
Bref, attendez-vous à ce que le discours du «sacrifice» digne de l'époque du déficit-zéro de Lucien Bouchard fasse un retour remarqué!
C'était d'ailleurs ce que j'avançais vendredi dernier dans The Gazette:
«When it comes to public finances, it looks as if Quebec might be heading straight for a serious case of déjà vu all over again. During my vacation and while Quebecers' attention has been focused less on politics recently and more on the crazy weather, the planets were aligning for a return to the famed rhetoric of "sacrifice" that dominated the painful years of Lucien Bouchard's zero-deficit crusade launched in 1996. Bouchard chose to slash public services. But chances are this new "sacrifice" operation will start instead with an increase in a number of government rates and fees.»
http://www.montrealgazette.com/news/Sacrifice+back+Quebec+political+agenda/1914612/story.html
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IMPORTANT: nouvelle fraîche d'aujourd'hui, soit au lendemain de la première version de ce billet-ci:
«S'inspirant de Lucien Bouchard et de son sommet économique de 1996, le premier ministre Jean Charest tiendra une «vaste consultation» d'ici le prochain budget afin de définir les moyens de retrouver l'équilibre budgétaire.»
Qu'est-ce que je vous disais dans ce même billet hier et dans The Gazette vendredi dernier!
Le voilà bel et bien de retour, ce parfum de 1996…
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Sur la question des tarifs, voici d'ailleurs ce qu'en disait ce lunid à RDI, le nouveau ministre du Développement économique, Clément Gignac: «C'est plutôt du côté des tarifs qu'il faut regarder pour retourner à l'équilibre budgétaire».
Diffile d'être plus clair que ça.
Comme je l'écrivais vendredi, les planètes s'alignent en effet dans ce sens-là.
Non seulement le gouvernement Charest a l'avantage d'être maintenant majoritaire, mais l'ADQ approuve également de telles augmentations.
Quant au PQ, s'il est divisé sur le sujet entre d'un côté, l'aile «lucide» qui partage la vision d'un François Legault, et de l'autre, l'aile «progressiste» qui la rejette, Pauline Marois s'est dite «ouverte» tout au moins à en «débattre».
Une belle porte bien ouverte pour M. Charest.
Ce qui lui manque, par contre, c'est l'opinion publique.
Surtout la classe moyenne, les travailleurs à petits salaires et les plus démunis qui souffriraient, de toute évidence, de toute hausse marquée des tarifs publics.
Heureux de sondages (*) qui lui semblent favorables, M. Charest cherchera sûrement neanmoins un moyen de tenter de préparer et d'amadouer l'opinion publique dans ce sens.
Voici ce qu'en disait justement Clément Gignac ce lundi sur RDI: «On ne fera pas ça en cassant de la porcelaine. On doit expliquer aux Québécois l'importance, si on veut garder la qualité des services, de regarder du côté de la tarification.»
Décidément, ce Clément Gignac, contrairement au ministre de la Santé, est un modèle de clarté!
Alors, dîtes-moi, vous ne le sentez pas le parfum de 1996? Ce parfum des «sacrifices» qu'on exige, mais toujours des mêmes…
En 1996, on coupait dans les services.
En 2010 ou 2011, ce seront sûrement les tarifs qu'on augmentera…
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*** Notez qu'on y parle encore de la «défaite» du PQ dans Rivière-du-Loup ce printemps, alors que dans les faits, c'est l'ADQ qui a perdu ce comté.
Pour ceux qu'une analyse plus pointue des résultats de cette élection partielle intéresse, voir:
http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/06/23/retour-sur-rivi-232-re-du-loup.aspx
Couper les services ou augmenter les tarifs, je n’approuve ni l’une ni l’autre approche. D’autant plus que je ne pense pas que ces approches, détestables, soient nos deux seules possibilités.
Au gouvernement, il y a bien souvent des bataillons avec plein de subdivisions pour s’occuper de ce qu’une petite poignée de personnes organisées pourrait plus efficacement accomplir. Qu’on commence par faire le ménage de ce côté.
Puis, non seulement ne sera-t-il peut-être plus nécessaire de couper par-ci ou d’augmenter par-là, mais il serait même possible qu’il se dégage un surplus suite à la réorganisation du travail. Un surplus avec lequel on pourrait réduire les tarifs…
De la tarification … Pas sûr que tout le monde comprendra ce terme ! Un autre mot techno-bureaucratique voulant dire que le citoyen d’ici paiera davantage malgré la présence d’impôts plutôt élevés par rapport aux autres provinces et états nord-américains. Choix de société toujours et encore …
Il me semble qu’on passe aussi notre temps à « faire dans le ménage » sauf votre respect M. Perrier. Voilà qui est aussi embêtant ! Combien de réformes, refontes, réingénierie, restructurations, révolutions … Faisons dans la débrouillardise plutôt que dans le ménage ! Pour éviter d’aller à l’hôpital et augmenter l’engorgement d’un système de santé : faisons du sport et mangeons bien ! Remercions aussi les sportifs et les végétariens …
Et que dire des échappatoires fiscales et d’une fiscalité très avantageuse pour la grande entreprise, quoiqu’on en colporte..!
Cynisme ou naïveté? Miroir aux alouettes.
Les inconscients et les aveugles qui ont voté libéral, et tous les autres, vont y goûter avec Charest. Attendez de voir les tarifs …
J’ai écrit tous les autres, mais il y a des exceptions: les gros bonnets et autres PPP vont se la couler douce.
M. Charest a commencé la dernière campagne avec 5 millions $ (d’où venaient-ils ?) en caisse pour déclencher les élections et placarder tous les poteaux.
Maintenant c’est nous autres qui allons passer à la caisse …
Salut le blogue,
Je me permets de vous citer l’Autre point de vue de notre très controversé mais néanmoins coloré comptable Léo-Paul Lauzon, tiré de son livre Contes et comptes du prof Lauzon lll, édité en 2007.
« Il n’y a pas de formule d’imposition plus régressive que de taxer et de tarifer les services publics comme l’électricité, l’éducation et le transport en commun. Ce qui est plus équitable, c’est de taxer le revenu et la richesse par le biais d’impôts progressifs. Il est faux de prétendre que Hydro Québec subventionne le consomateur résidentiel, et il est risible d’avancer que les entreprises subventionnent le tarif résidentiel via l’interfinancement. En 2004, HQ a contribué pour plus de 3 milliards dans les revenus de l’État du Québec, soit le bénéfice net de 2 milliards plus un autre petit milliard versé en cold cash à titre de taxes sur le capital, de taxes sur les services publics, et de frais de garantie de ses emprunts. Trois milliards de contribution aux finances publiques, et on vient nous dire qu’on ne paie pas le coût « réel » de l’électricité. HQ contribue aux revenus annuels du Québec autant que les 300 000 compagnies versent en impôts sur le revenu et en taxes sur le capital.
En lieu et place des hausses de tarifs, on pourrait instaurer un impôt minimum aux entreprises, mettre fin à la fraude fiscale dans les paradis fiscaux, rétablir la taxation des gains de capitaux à 75% et ramener la déduction fiscale des REER à $7500. Toutes ces mesures fiscales sont appliquées ailleurs dans le monde. Mais non, on s’acharne plutôt sur le monde ordinaire par la tarification des services publics. Contrairement aux compagnies, le particulier doit payer la TPS et la TVQ sur sa facture d’électricité qu’il ne peut déduire de ses impôts. En somme une facture d’électricité de $1000 revient net à $1150 pour l’individu, alors que la même facture revient à $650 net à une entreprise si son taux combiné d’impôt est de 35%. »
Les Autres solutions sont claires. Mais dans notre beau pays démocratique, les médias doivent converger vers l’information à saveur néolibérale. Comment réagirait la population et qu’exigerait-elle des politiciens élus si elle savait tout ça?
@Mme Bourassa. Merci pour cet extrait. Le côté «régressif» des augmentations de tarifs, dont l’hydro-électricité, est justement ce que j’expliquais aussi dans ma chronique du 21 août parue dans The Gazette:
http://www.montrealgazette.com/news/Sacrifice+back+Quebec+political+agenda/1914612/story.html
Les planètes nous aligne vers les sacrifices….comme une fatalité. Les médias se gardent bien de ne pas faire connaître les autres avenues à la population…..mais eux les politiciens les connaissent. Pourquoi ne les empruntent-ils pas? La peur? la corruption? Le pouvoir?
Les deux mains dans notre porte-feuille…..pour bien des gens c’est les deux mains dans leur porte-monnaie….