Je me suis surprise cette semaine à être immensément émue par le décès du sénateur Edward M. Kennedy.
Il faut dire que pour nous, les enfants des années 60, la dynastie Kennedy était au centre des premiers balbutiements de notre culture politique en devenir. Ils incarnaient aussi un espoir certain…
Mais l'émotion venait aussi du fait que malgré tout, je n'ai toujours pas développé de regard «cynique» envers la Politique (je parle bien sûr ici de celle avec un P majuscule). Seulement, j'espère, un regard un tant soit peu «lucide» (dans le sens originel du terme!).
Aussi, peut-être, parce que je continue à croire qu'il existe une noblesse intrinsèque au service public.
Évidemment, lorsqu'on parle en effet de service «public», et non de se servir soi-même.
Voici ce que j'en écrivais dans The Gazette de ce matin:
http://www.montrealgazette.com/news/miss/1937369/story.html
Et en voici, en quelque sorte, la démonstration concrète dans ce texte de Richard Brooks (New York Times):
http://www.nytimes.com/2009/08/28/opinion/28brooks.html
M. Edward Kennedy a fait de son mieux pour se refaire une virginité, après ses frasques monumentales et sa conduite criminelle. Tant mieux pour les USA.
Le pardon a parfois du bon, quand l’individu fautif est assez noble pour s’élever au dessus de la mêlée. Ce fut le cas.
Les USA ont perdu un bon homme d’état.
R. I. P.
Le sénateur Edward Kennedy a dû, bien malgré lui, reprendre et porter à son tour la croix de ses frères assassinés. Mission difficile, sinon impossible.
Alors, probablement inconsciemment, il s’est peu à peu disqualifié lui-même pour la tâche, au point que des années plus tard, enfin assagi et réconcilié avec la « mission », et désirant reprendre la croix longtemps délaissée, on s’empressa de lui signaler que sa disqualification était permanente.
Va pour le Sénat, mais pas la Présidence.
En fin de compte, Edward Kennedy aura vaincu l’adversité et aura été un grand homme d’état. Lui qui, au départ, n’était que le petit frère…
La dynastie Kennedy avait plus d’influence dans les années 60 que maintenant. La population américaine s’est modifiée depuis ce temps et est devenue de plus en plus multi-ethnique. L’époque de l’Amérique blanche (Wasps) ne colle plus sur la réalité actuelle et B. Obama en est le plus bel exemple. Je perçois le sénateur Kennedy comme le dernier des mohicans.