Pendant que Jack Layton, le chef du NPD, revient enfin de vacances pour jouer au petit jeu du «s'il-y-a-des-élections-ce-sera-de-la-faute-à-Stephen-Harper-et-pas-celle-du-NPD», une chose est sûre: le Bloc québécois ne fait pas partie de ceux qui doutent de la tenue d'une élection fédérale cet automne…
Dès ce matin, plein de boîtes aux lettres recevaient un dépliant du Bloc dont la page couverture est ornée d'une photo en noir et blanc de Michael Ignatieff et de Stephen Harper et affublée du titre «COMPLICES»…
Et à l'intérieur, ce titre surprenant: LA COALITION IGNATIEFF-HARPER…
Et aussi, ce slogan au parfum très électoral: Le Bloc québécois, Debout! Pour le Québec.
Comme quoi, M. Ignatieff ne s'est pas fait d'amis au Bloc lorsqu'il a mis fin abruptement au projet de «coalition» PLC-NPD et soutenue par le Bloc…
Et comme quoi, le Bloc entend mettre le PC et le PLC dans le même papier politique…
L’ironie étant que se sont les libéraux qui ont gardés les conservateurs au pouvoir dans les dernières années. Dion et Ignatieff ont tous deux collaborés avec Harper dans les faits.
Pire encore, Ignatieff a jeté au panier le projet de coalition PLC-NPD soutenu par un Bloc responsable mais autonome en décembre dernier après la tentative de coup de force politique des conservateurs.
Lorsque le parti de l’opposition officielle soutient régulièrement le parti au pouvoir, les masques tombent tout au moins au Québec en ce qui regarde la différence que représenterait la prise du pouvoir du PLC à Ottawa. L’union soviétique a échoué également politiquement parce que ses dirigeants n’ont pas imaginés séparer leur pouvoir dans l’élection de deux partis frères et en même temps rivaux.
Au Canada et en Occident c’est une manoeuvre inventé depuis belle lurette. Il faut une loupe pour voir les différences entre conservateurs et libéraux fédéraux. Il suffit de dire: Afghanistan, politique économique, Québec, clientélisme politique et là on ne sait plus si on choisit un lait au chocolat ou un chocolat au lait.
Les Québécois n’ont que faire des deux villes canadiennes qui symbolisent ces partis dominants. Calgary pour le PC, Toronto pour le PLC.
Le Bloc a les meilleurs raisons du monde d’être faché contre le parti Libéral d’Ottawa. Il a trahit. Cette coalition, au pouvoir, nous aurait donné la chance de progresser vers une société plus évoluée, plus ouverte sur la coopération dans la différence.
Par petitesse, le PLC a dit » non, merci » à cette grande aventure. Par la faute des Libéraux, nous avons raté une bonne occasion de progresser.
Enfer et damnation!
N’empêche que moyennant certains accommodements satisfaisants pour le NPD et pour le Bloc Québécois, une coalition PLC-NPD-Bloc serait peut-être encore la meilleure solution pour tout le monde, une solution qui nous éviterait une autre campagne électorale et qui nous mettrait à l’abri d’un autre gouvernement Harper, PEUT-ÊTRE MAJORITAIRE EN PLUS.
C’est sûr que plus personne ne songe probablement à une telle coalition. N’empêche que ça permettrait aux canadiens de tester le nouveau PLC de Michael Ignatieff, de donner une chance au NPD de montrer ce qu’il a dans le ventre et peut-être au Bloc de faire quelques gains pour le Québec.
Une solution complètement folle direz-vous? Peut-être mais ça vaut mieux qu’une coalition mise sur pied à la suite de la réélection d’un nouveau gouvernement Harper minoritaire identique aux deux précédents ou que rien du tout à la suite de l’élection d’un horrifiant gouvernement Harper majoritaire.
Est-ce que quelqu’un a envisagé sérieusement la possibilité d’une telle coalition? Est-ce encore possible? Une telle chose forcerait peut-être Stephen Harper à déclencher des élections rapides et à en porter seul l’odieux. Politique-fiction? Peut-être, mais après cela on ne pourra pas m’accuser de ne pas chercher des solutions pour faire fonctionner le Canada… en attendant le prochain référendum.
@ Paolo
Merci de « chercher des solutions pour faire fonctionner le Canada »…
Nous n’en attendions pas moi de vous!
Oups…
(…) pas moins de vous!
@ Claude
On peut fort bien être souverainiste et souhaiter que le Canada fonctionne ET que le Québec fonctionne. Je souhaite simplement qu’ils fonctionnent indépendamment l’un de l’autre, côte-à-côte, en bons voisins, d’égal à égal, comme des adultes et non l’un comme le subalterne de l’autre.
Je n’ai jamais misé sur le mauvais fonctionnement du Canada pour promouvoir la souveraineté du Québec. J’ai tout simplement toujours adhéré à l’idée que pour s’épanouir et s’affirmer chaque nation a besoin de tous ses pouvoirs et de sa souveraineté pleine et entière. Je n’accepte pas que ma nation soit soumise au pouvoir d’une nation étrangère. C’est simple, clair, net et précis. D’autre part, je ne vois pas pourquoi je me gênerais pour souligner le fait que le Canada est une amanchure de broche à foin chambranlante qui ne nous sert pas trop mal mais hors de laquelle nous serions mieux servis parce que servis par nous-mêmes. Je ne dis pas que le Canada c’est l’enfer. Je dis simplement qu’on n’est jamais mieux ailleurs que chez soi, dans ses propres affaires qu’on a soi-même choisies.
Je peux toutefois concevoir que certaines personnes par paresse, par facilité, par manque de confiance en soi ou d’estime de soi, par auto-persuasion aveugle que tout est toujours meilleur ailleurs, par peur ou par masochisme préfèrent remettre leur sort entre les mains d’une nation étrangère. Pensez-vous que les canadiens anglais aimeraient autant leur beau Canada s’il était largement dominé par une majorité francophone?
Si vous connaissez d’autres nations de par le monde qui acceptent volontiers d’être dirigés par une majorité étrangère vous m’en ferez part. Ça m’intrigue. J’ai l’impression que nous sommes un cas exceptionnel… UN CAS.
Une coalition à ce moment serait préférable à des élections, et certainement moins cher. Il est temps de tester l’institution du GG. Voyons voir de quel bois se chauffe Michaelle Jean. Je prédits un refus d’autoriser la coalition sous prétexte que cela fait trop longtemps. Les derniers résultats ne seraient plus valables. Quelle belle porte de sortie.
Si les LIbéraux sont élus de façon minoritaire, ils pourraient proposer une entente à l’amiable avec les deux autres partis minoritaires eux aussi. Tout est une question de bonne voloté et d’honnêteté intellectuelle. J’avoue que les Libéraux ne sont pas fort là-dedans. Cela dit, qui sait?
Une coalition si nécessaire, Monsieur Gingras, mais pas nécessairement une coalition…
(rengaine connue, sur un tempo à trois temps)