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Retour sur le Bye Bye 2008

 

Comme vous le savez, le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a rendu une «décision» critiquant vertement certains propos tenus au dernier Bye Bye de Véronique Cloutier et Louis Morissette.

Même si je faisais partie de ceux et celles n'ayant guère apprécié ce Bye Bye, je crois que son contenu ne vaut pas cette réprimande arbitraire.

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Ce mercredi, dans La Presse, Frédérick Bastien, prof à l'Université Laval, mettait le doigt sur l'aspect le plus troublant de cette histoire:

«Le processus par lequel le CRTC a traité ces plaintes met en lumière la démission de cet organisme de régulation et sa propension conservatrice à soumettre la radiodiffusion publique aux intérêts du secteur privé. En effet, plutôt que d'examiner directement le bien-fondé des plaintes qu'il a reçues, le CRTC a choisi d'en confier l'analyse à un autre organisme, le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR). C'est en bonne partie sur la base du rapport du CCNR que le CRTC a rendu sa décision lundi dernier. Le CCNR est un organisme établi par l'Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), un lobby qui se définit sur son site web comme «le porte-parole national des radiodiffuseurs privés au Canada». Ceux qui adhèrent au CCNR s'engagent à respecter les codes déontologiques établis par cet organisme. Lorsque le CRTC reçoit une plainte concernant la programmation d'un radiodiffuseur privé membre du CCNR, il la dirige maintenant vers cet organisme et c'est ce dernier qui statue sur la plainte.»

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/200909/01/01-897775-le-bye-bye-du-crtc.php

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Mais en lisant ce texte, fort pertinent, quelque chose me chicotait. Le CCNR? Ça me rappelait quelque chose, mais je ne me souvenais pas tout à fait de quoi…

Puis, ce matin, ça m'est revenu.

En 1998, le même CCNR, choqué aujourd'hui par le Bye Bye, avait rendu une «décision» suite à une plainte portée contre Howard Galganov, du temps qu'il animait une émission sur les ondes de CIQC, une station de radio anglo-montréalaise privée. Dans la période post-référendaire, M. Galganov était connu pour ses prises de position extrêmes, son langage cru et son anti-souverainisme virulent.

Le CCNR rapporte que dans certaines de ses interventions, l'animateur avait traité le PQ de «racist», les souverainistes en général de «scum» et de «bastards», son auditeur francophone de «puke». Il disait aussi, entre autres choses: «I feel so superior to those people who don't want to speak English and either can't or won't» ou «What we have to do is beat the crap out of all these nationalistic ethnocentric Québécois crapheads who are destroying what we've built over the years» . Etc…

Et, me mentionnant tout à coup, il me qualifiait, comme ça, en passant de «cow».

Dans sa décision, le CCNR, disant considérer les propos comme faisant partie du «discours politique» protégé par la Charte des droits, écrivait ceci:

(…) it is the view of the Council that, of all of the categories of speech, none can be worthier of protection than that speech which can be described as political. After all, the freedom to express political views is at the very root of the need for a guarantee of freedom of expression in the first place. It is that speech which has historically been the bridge to democracy. This is not to say that all speech which can be described as political will be free from any oversight but rather that such speech will be most carefully protected in the face of that oversight

Et ceci: «The Regional Council members listened to tapes of the programs in question and reviewed all of the correspondence. The Council considers that the program in question did not violate any of the aforementioned provisions of the CAB Code of Ethics

Puis ceci: «The question for the Quebec Regional Council to decide is whether the speech was political and not excessive or political but beyond the bounds of protection for even such speech. The Council's answer to the first question is that the speech was political and, as to the second, it does not consider that the speech encountered on this date triggered the application of Clause 2 of the CAB Code of Ethics, the "human rights" provision, which prohibits abusively discriminatory comment based on certain protected grounds, namely "race, national or ethnic origin, religion, age, sex, [sexual orientation] marital status or physical or mental handicap".»

Et encore ceci: «Leaving aside for the moment the issue of vulgar language which is dealt with below, the Council does not find the statement "we have to … beat the crap out of all these … crapheads" to be in breach of the fairness requirement of the Code. The Council does not view this statement as "[translation] a call to violence" (…) the Council does not consider this isolated comment to be more than an unpleasant, tasteless, juvenile comment, but not a genuine pre-meditated attempt to encourage the commission of a criminal offence.»

Ou ceci: «the Council sees no overriding societal interest in curtailing the broadcaster's right to freedom of expression and, therefore, considers that concerns about the crude and vulgar language in Galganov in the Morning should be "regulated" in the same way as other matters of taste, i.e. via the on/off or dial button

Ou encore: «The Council has generally held to the principle that questions of taste are left to the market place

http://www.cbsc.ca/english/decisions/1998/980814c.php

Version française:

http://www.cbsc.ca/francais/decisions/1998/980814c.php

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Mais dans sa décision sur le Bye Bye, le CCNR écrit ceci: «(…) le Comité tiendra pour acquis que la norme plus stricte du Règlement sur la télédiffusion à l'égard des commentaires abusifs n'a pas été respectée.»

Et ceci: «Les commentaires indûment discriminatoires se présentent dans plusieurs formes, dont la dérision, le stéréotype et la moquerie, et ici, toutes ces formes étaient présentes. Bien entendu, ces commentaires dérogent à la disposition sur les droits de la personne.»

Bon, bon, bon.

La morale de cette histoire?

Faire dans le «discours politique» extrême sur une radio privée semble moins déranger le CCNR que le divertissement fait sur une télé publique. Du moins, à certaines occasions….

Puisqu'au moins, suite à une plainte portée contre le fait que l'ancien animateur avait attaqué en ondes personnellement et nommément une de ses auditrices (atteinte à la vie privée), le CCNR avait déclaré que:

«La bienséance, la seconde exigence figurant dans le même paragraphe, détermine que les ondes publiques ne seront pas utilisées pour des attaques personnelles hors de propos ou gratuites au sujet de particuliers. Le Conseil considère que l'émission d'Howard Galganov diffusée le 9 décembre a enfreint ces deux principes. (…) L'abaissement hostile, grossier et méchant que l'animateur s'est permis dans son émission constitue un exemple tout à fait injuste d'intimidation. »