Le rapport d'autopsie saura dire si oui ou non, Nelly Arcan se sera donné la mort.
Je ne la connaissais pas «personnellement», comme on dit dans le milieu des communications, autre que de l'apercevoir de temps en temps dans ce quartier qu'on partageait avec tant d'autres.
Mais comme pour toute mort prématurée, on craque. On encaisse, mais on reste muet.
Et s'il advenait que c'était en effet un suicide, on ne pourra, comme pour tous les suicides, que penser à la profonde souffrance de l'âme et de l'être qui l'aura précédé.
Et on se murmurera peut-être un mot: espoir. On se demandera comment il fait, depuis la nuit des temps, pour échapper aux uns et, parfois, en sauver d'autres.
On réalisera qu'il n'existe dans les faits aucune réponse à cette interrogation.
Une de mes chroniques préférées de Madame Arcan, de son nom de plume, était celle, superflue d'apparence, sur l'astrologie. Mais surtout, sur la fascination qu'elle exerce sur plusieurs femmes.
Son propre signe, le Poisson, lui avait inspiré ce passage, avec, bien entendu, une solide dose d'ironie:
«Personne n'en veut jamais au Poisson. Il émet des bulles. Il passe son temps à rêver, en silence, dans les algues de la vie, en attendant d'être mangé par un Lion, un Taureau, ou un Scorpion. Tout le monde s'entend bien avec le Poisson. Il parle peu ou pas du tout. Il est créatif et intelligent, mais, devant l'adversité de tous les autres signes, surtout s'ils chargent ou rugissent, le Poisson fuit. Le Poisson est neutre (nul) et c'est en fonction de cette neutralité (nullité) qu'il jouit d'une immunité. Un ticoune.» «Nulle»? Surtout pas. Tout sauf. «Poisson»? Plus précisément une sirène. Dans tous les sens du mot… **************************************** Mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Nelly Arcan. ****************************************
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Celle dont j’ai fait la connaissance par ses chroniques dans le défunt hebdo ICI s’est éteinte consumée par son mal de vivre. Triste.
Si terminer la lecture de ces chroniques demandait parfois des efforts; j’ai en mémoire entre autres ses escapades chez Ikéa ou ses fracassantes rencontres avec des pigeons et qui ne manquait jamais de me faire soupirer en levant les yeux aux ciel… ce qui immanquablement faisait dire à ma blonde — je devrais dire ma brune — » mais franchement pourquoi tu continues à la lire? » et à chaque fois je disais » c’est son talent qui m’y ramène, son intelligence ! »… Bref, cette sirène avait beau jaser ou chroniquer sur la crème antirides ou les vibro machins , elle le faisait avec un talent fou… et toujours dans l’onde on voyait l’intelligence se mouvoir entre ces lignes…
Jeudi matin après avoir déplacé l’auto ma brune est venue me réveiller et m’annoncer la mort de celle que moi, que nous, avions connue sous le nom de Nelly Arcan, elle en avait le coeur gros et les yeux pleins d’eau…
Nous avons ressenti une grande tristesse pour celle qui est partie et nos sympathies vont à ses amis, parents et proches de mademoiselle Arcan.
Ce n’est jamais un bon jour lorsque s’éteignent intelligence et talent…
bonne nuit,
Quel beau titre Mme Legault, si évocateur et réaliste.
Le décès de Nelly Arcan ne laisse personne indifférent et à lire les commentaires des gens qui l’ont rencontré, je dois dire que je me sens un peu exclus de ne pas avoir eu la joie de discuter avec elle.
Heureusement que jai un livre qui dort quelque part…
J’ai connu Isabelle.
Nelly Arcan était un être à part. Elle était une princesse, mais une princesse seule, sans chevaliers.
Dieu avait planté une fleur dans le nihil québécois mais elle était trop douce, trop sensible, trop intelligente et trop vulnérable pour être capable d’y survivre.
Tu vas me manquer.
RIP
Réflexion sur l’hypothèse traumatique autour d’une double disparition. Ce qui ici exprime une hypothèse parmi d’autres plus ou moins discutable selon les règles des sciences humaines mais néanmoins sincère de ma part.
La vie humaine dans ce qu’elle à souvent de caractère impitoyable confronte des individus à l’effet de traumatismes vécus qui par la suite s’infiltrent dans la mémoire consciente et inconsciente forgeant ainsi des personnalités brillantes mais qui sont souvent torturées de l’intérieur. Il en est d’autant plus ainsi que le traumatisme qui laisse sa marque sur la personne en est un généralement de caractère humiliant. C’est l’humiliation qui oui incite à la résistance de l’être à le faire réagir par une combativité accrue mais c’est aussi l’imprégnation de l’humiliation dans l’esprit de l’être qui par usure peut finir par lui porter des coups fatals.
L’humiliation en tant que traumatisme se reconnaît une source collective qui dans ce cas atteint des sociétés ou qui de façon plus directe, brutale et souffrante atteint la santé psychologique de millions d’individus. Dans les parcours d’un certain type d’individus connus comme P.Falardeau et Nelly Arcan ou dans celui d’une masse de personnes inconnues la marque de l’humiliation peut vous transformer en une sorte de prophète politique ou de témoin littéraire ou encore vous plonger dans des ténèbres complètes. L’humiliation ne fait pas de compromis avec vous elle vous frappe au cœur, elle vous fait saigner de l’intérieur et surtout dans les situations les plus graves elle peut par ses effets vous transformer en mort vivant.
Mais le propre de l’humiliation c’est son essence profondément humaine, elle est faite de tous les rapports humains, de tous ces moments de domination, de rejet et de mépris qui se mettent en scène dans des milieux familiaux puis sociaux ou entre les nations en situation de guerre ou de subordination impérialiste.
En phrases plus simples, la trace de l’abus de pouvoir se trouve à peu près partout et c’est celui-ci qui créé les situations d’humiliation.
Le pouvoir par son usage abusif en politique, dans les sociétés, dans les milieux familiaux et dans l’intimité de la conversation c’est celui-ci qui dans l’humanité la transforme en masse occulte.
L’humiliation fille du pouvoir du dictat, du pouvoir de la dictature dans le sens large n’est jamais que résultat de ce que nous faisons dans l’intimité ou en relations internationales.
En partie par maladie physiologique ou plus directement par le suicide de personnes disparues, chacun de nous pouvons aussi tuer indirectement par nos actes, décisions ou par nos paroles.
La disparition prématurée de figures connues peut servir selon différentes échelles à comprendre qu’un phénomène traumatique d’humiliation existe et qu’il ne se résous pas toujours par de belles histoires de success story ou de résilience. Mais surtout de rappeler que les rapports humains en structurant des liens de pouvoir créent les conditions d’une résistance infinie qui est la seule condition d’un rapport au moins plus ou moins démocratique au monde sans trop laisser sur le chemin de l’existence de vies inutilement sacrifiées.
Dommage …
La sirene est morte, vive la sirene !
Mais si je veux être franc, voici ce que j’ai à dire au sujet de la mort de cette « étoile filante » :
Rare les fois où j’étais d’accord avec Nelly Arcan (j’étais et je suis choqué de ce qu’elle a fait de la tribune et de la reconnaissance qu’elle avait chèrement gagné), choqué par ses opinions, choqué par plusieurs de ses prises de positions et plusieurs de ses écrits…
SAUF QUE sa mort est une grande perte pour notre monde (notre société et bien entendu pour le monde de la littérature). D’accord ou pas, je sais reconnaître le talent qui était sien, je sais reconnaître la grande valeur d’un point de vue différent qui se démarque à la fois par sa différence et sa force. Ce qui je tiens à le préciser, ne change en rien ma profonde opposition à plusieurs idées qu’elles véhiculaient si bien…
Elle ne pouvait avoir toujours raison ou toujours tort (qui le pourrait de toute façon)… Moi je crois qu’elle avait tort et c’est mon droit (malheureusement elle n’est plus là pour en discuter)…
Enfin… Nelly (même si « tu ne me connaissais pas pentoute »), si j’avais su que tu allais partir si vite, je me serais demandé s’il existait une façon de te convaincre de rester un jour de plus et ensuite encore un jour… Peut-être que mon rêve était / est / impossible, mais quand on cesse de rêver, c’est le début de la fin.
Il faut savoir s’émerveiller dans la vie… Il faut résister et être patient, car il est rare que les choses changent aussi vite que l’on voudrait… Et ça, c’est tellement dur à faire…
Correction à mon dernier texte…
« Ce qui je tiens à le préciser, ne change en rien ma profonde opposition à plusieurs idées qu’elle véhiculait si bien… »
Texte intéressant d’Odile Tremblay dans le Devoir : « Mourir la plume à la main ».
http://www.ledevoir.com/2009/09/26/268798.html
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LECTRICES RECHERCHÉES
Pour une étude sur les personnages de femmes représentés dans cinq récits d’autofiction :
Borderline et La Brèche de Marie-Sissi Labrèche
Putain et Folle de Nelly Arcan
Le dégoût du bonheur de Mélikah Abdelmoumen
Bonjour,
Je suis étudiante à la maîtrise en communication à l’Université de Sherbrooke. Mon mémoire porte sur les personnages de femmes représentés dans cinq récits d’autofiction et sur la perception qu’en ont les lectrices qui font partie de la « génération X ».
Je suis donc à la recherche de femmes de 29 à 50 ans pour connaître leurs opinions sur les récits en question, soit Borderline et La Brèche de Marie-Sissi Labrèche, Putain et Folle de Nelly Arcan et Le dégoût du bonheur de Mélikah Abdelmoumen. Que pensez-vous des auteures, de leurs oeuvres et des personnages qu’elles mettent en scène? C’est ce que je cherche à connaître dans le cadre de ma maîtrise.
Je souhaite réaliser des groupes de discussion ou entretiens collectifs. Ce type d’entrevue se veut convivial. Il ne s’agit pas de réfléchir sur la valeur littéraire des récits, mais de discuter des thèmes qui y sont abordés et qui vous ont touchées. Vous aurez ainsi la chance d’échanger sur des sujets qui vous intéressent avec d’autres femmes de votre génération.
Pour participer, vous devez avoir déjà lu (dans le passé) au moins un des cinq livres à l’étude. Vous aurez quelques semaines pour lire un autre titre de votre choix avant la tenue du groupe de discussion auquel vous serez conviée, lequel se tiendra dans la région de Montréal entre la mi-juin et la fin juin.
Vous êtes intéressée? Je serais heureuse de vous donner tous les détails et de répondre à vos questions. Vous pouvez communiquer avec moi à l’adresse courriel suivante : [email protected].
Au plaisir de vous entendre,
Karine Bellerive