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La grippe et nous…

 

Aujourd'hui, j'ai passé la majeure partie de mon après-midi dans un hôpital, assise bien gentiment et patiemment, attendant de voir un spécialiste pour un rendez-vous de suivi bien ordinaire.

Et qu'ai-je vu et entendu dans les corridors?

(Avertissement: ceci est purement anecdotique, mais tout de même…)

On parlait de la grippe A H1N1. Partout.

Cela semblait être le SEUL sujet de conversation, du moins, que j'ai entendu. Que ce soit des patients qui attendaient (incluant moi-même!), ou des membres du personnel passant en coup de vent dans le corridor d'attente, mais dont CHAQUE bribe de conversation attrapée au vol semblait contenir les mots «grippe», «cold» ou «vaccin»…

Des patients, à peine enrhumés, portant leurs masques tel un bouclier, mais regardés par les autres comme des pestiférés des temps modernes, jasant ouvertement de leur peur noire d'avoir attrapé LA grippe porcine…

Puis, un agent de sécurité posté devant une porte bien ordinaire, dont on a déduit, au fil du temps, qu'il surveillait la porte derrière laquelle des employés se faisaient vaccinés.

Un agent de sécurité? Franchement…

On dirait bien que la peur de la grippe s'agrippe à nous de plus en plus.

Bref – et ne voulant surtout pas minimiser ce que cette grippe pourrait causer (en passant, j'entends moi-même me faire vacciner lorsque l'État m'en donnera enfin la permission) -, il reste que la frontière est de plus en plus mince entre une prudence bien avisée et une peur exagérée.

Là-dessus, une hypothèse, comme ça, pour ce qu'elle vaut:

Cette atmosphère ambiante d'inquiétude et de questionnements constants et répétitifs sur cette grippe n'aurait-elle pas avoir affaire, ne serait-ce qu'un tout petit peu, avec les éléments suivants:

1) Chaque bulletin de nouvelles, toutes heures, tous réseaux et langues confondus, ouvre avec un collier de reportages sur la grippe, l'attente, les symptômes, un décès par là, des écoles qu'on fermerait à titre préventif, etc…. Pas moyen vraiment d'y échapper;

2) Le tout avec une pléthore de médecins répétant constamment les mêmes consignes pendant que d'autres alimentent les pires théories de complot (dont j'ai aussi entendu aujourd'hui une kyrielle de versions dans les corridors de la part de patients ne sachant tout simplement plus qui croire); 

3) Et, paradoxe ultime: on regarde tout ça, jour après jour, bombardés collectivement, pendant que nous attendons que l'État décrète de quelle «catégorie» nous faisons partie, à quelle date on pourra se faire vacciner, dans quel centre d'achat ou stade on devra se pointer, et combien d'heures il faudra attendre avant de le recevoir enfin…. 

Le tout, pendant que les autorités fédérales et provinciales «ajustent» quotidiennement leurs propres plans de match….

Bref, comment se surprendre de l'anxiété ambiante alors qu'on entend parler de cette grippe et de ses dangers potentiels à la journée longue, mais pendant que nous sommes pris à attendre notre tour pour recevoir le vaccin?

C'est un peu comme si votre toit coulait un petit peu jour après jour, mais juste assez pour mobiliser toute votre attention, et qu'on vous parlait continuellement pendant ce temps des dangers de moisissures et de champignons qui pourraient affecter votre santé si ce n'est pas réparé, et le tout en vous demandant d'attendre qu'on vous dise quand un ouvrier spécialisé pourra venir s'occuper de votre situation…

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Bien sûr, ceux qui veulent se faire vacciner finiront bien par l'être éventuellement.

En attendant, disons que l'atmosphère ambiante n'est pas de tout repos…

Mais disons aussi, sans banaliser la situation objective ni les décès, que dans le palmarès des grandes souffrances humaines du XXe ou de ce tout jeune XXIe siècle, les grippes aviaires ou porcines ne risquent pas encore de se retrouver dans les premières positions.

Et heureusement, d'ailleurs.