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Mafia et politique

 

Si vous lisez attentivement l'article fascinant de Monique Deslauriers, politologue, paru dans Le Devoir de ce matin, vous comprendrez mieux le caractère transnational et très politique de la mafia (l'auteure donne comme exemple, parmi d'autres, celui de New-York).

http://www.ledevoir.com/2009/10/31/274598.html

Par conséquent, vous comprendrez l'étendue de l'ignorance de ceux qui semblent persuadés que le «système mafieux» gouvernant ici l'industrie de la construction est plus ou moins récent… ou qu'il serait limité aux frontières du Québec….

Bref, oubliez le sensationnalisme de la page couverture du dernier MacLean's et son journaliste écrivant que tout va bien dans les «autres ville», mais qu'à Montréal…: «While other cities grapple with garbage collection, snow removal and other humdrum realities of municipal politics, Montreal has, in the past several weeks, become a chaotic and dirty throwback to its bad old days.» Ou qu'il y a ici, «an endemic culture of corruption».

http://www2.macleans.ca/2009/07/08/macleans-covers-gallery/mac_cover_091109/

http://www2.macleans.ca/2009/10/29/montreal-is-a-disaster/

Et si vous avez l'estomac suffisamment solide, après avoir bien noté ce passage de l'article de Mme Deslauriers donnant l'exemple de New-York: «La corruption des syndicats est particulièrement tragique.»

Vous penserez peut-être à ce qu'on rapporte dans les journaux d'aujourd'hui sur l'opposition des dirigeants de la FTQ à toute enquête publique sur l'industrie de la construction.

Surtout si vous lisez ceci:

«Le président de la FTQ a reconnu au printemps dernier qu'il avait profité du yacht somptueux de l'entrepreneur Tony Accurso dans les îles Vierges, en novembre 2008; il était alors accompagné d'un autre dirigeant de la FTQ. Au printemps, il a défendu l'entrepreneur controversé, soutenant que le Québec aurait besoin de 10 Tony Accurso. «J'ai été cité hors contexte… Tony Accurso a été un excellent partenaire pour le Fonds de solidarité; on a fait un excellent rendement de 13% sur ces projets. Et puis? Est-ce qu'il y a des accusations contre Tony Accurso?» a demandé M. Arsenault.

Du côté de la FTQ-Construction, on qualifie de «show médiatique» ces commissions d'enquête, et on n'a clairement pas l'intention «d'en faire les frais», a soutenu Richard Goyette, porte-parole syndical de cette industrie qui emploie 146 000 travailleurs.» Extrait de:  http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/national/200910/31/01-917061-la-ftq-ne-veut-pas-denquete-publique.php

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PETITE NOTE pour la FTQ et le gouvernement du Québec, tous deux persuadés que des enquêtes policières pourraient «nettoyer» ce système:

Prenons un des exemples les plus connus de l'histoire moderne des États-Unis, soit celui du gangster Al Capone.

Notons donc ceci: même si le travail acharné de l'enquêteur légendaire Eliot Ness avait aidé à déstabiliser les affaires illicites de Capone, le fait est que le FBI ne fut jamais capable de prouver hors de tout doute ses activités mafieuses au point de pouvoir l'accuser et de l'envoyer derrière les barreaux – à part de brefs séjours en prison pour des activités mineures et accessoires du genre port illégal d'armes..

Car l'ironie finale de l'histoire est que ce fut en fait le fisc américain qui, ayant attrapé Capone pour simple évasion fiscale, a finalement été capable de le faire mettre en prison!

Voir: «Although never successfully convicted of racketeering charges, Capone's criminal career ended in 1931, when he was indicted and convicted by the federal government for income tax evasion. Capone was at the peak of his power in 1931, when he was arrested – ironically – for income tax evasion. The Internal Revenue Service succeeded where other authorities had failed: uncovering concrete evidence against Capone for tax evasion. It investigated Capone's earnings and discovered that – despite his huge income, which was judged to be approximately $105 million in 1927 – Capone had never filed an income tax return. In October 1931 Capone was tried in a federal court and found guilty. He was required to pay a penalty of $50,000 and to serve eleven years in jail.» Extrait de: http://www.lycos.com/info/al-capone–income-tax-evasion.html

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Et tenez, juste comme ça, voici quelques autres «perles» de l'article du MacLean's (y compris, bien sûr, (comment s'en susprendre dans un magazine anglo-canadien?), quelques références caricaturales à la question linguistique ajoutées ici à un article dont le sujet est pourtant la «corruption»):

«Should Tremblay fall, and there is a growing chance that he will, he will be replaced either by an ardent separatist and former Péquiste minister (Harel) who often refuses to speak English, (…)

(Elle ne«refuse» pas, elle ne le «peut» pas, ce qui n'est pourtant pas la même chose! (JL))

«More and more of its citizens are taking refuge in the suburbs, while big business continues to flee for Toronto, Vancouver and Calgary.»

«Meanwhile, the province's language hawks are yet again glancing sideways at the supposed creeping English presence among the city's immigrant populations.»

«Though the city has since been rehabilitated somewhat, its reputation for secretive, top-down governance à la Jean Drapeau (who took power in the 1950s and ruled for nearly three decades) remained, (…)»

«But Tremblay's party certainly hasn't had a monopoly on scandal. Louise Harel promised to clean up city hall "with a broom"-en français, bien sûr, given her triumphant inability to speak English.»

«Maybe it's why so many people and so many businesses continue to leave.»

«And the usual tussles over multiculturalism continue. Former Péquiste premier Bernard Landry, decrying the fact that immigrants and anglophone students now outnumber their old-stock French counterparts in Montreal-area schools (*) recently called for the provincial government to modify Bill 101 so as to restrict access to English colleges, known as CEGEPs, for recent immigrants. Old ghosts, it seems, die hard

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(*) Rédigé de cette manière: «decrying the fact that immigrants and anglophone students now outnumber their old-stock French counterparts in Montreal-area schools», l'article créé l'impression que l'ancien premier ministre est un xénophobe qui aurait dénoncé «le fait que les étudiants immigrants et anglophones sont maintenant plus nombreux dans les écoles montréalaises que les étudiants de vieille souche française» /sic/….. C'est fort en bibitte.

D'autant plus qu'en demandant à ce que la Loi 101 s'applique aux cégeps, le résultat serait dans les faits que dans les cégeps francophones – tout comme d'ailleurs dans les écoles primaires et secondaires francophones depuis 1977 -, il y aurait PLUS d'étudiants allophones.

Ce qui est en effet souhaitable et serait le but recherché!

Bref, le journaliste de Maclean's confond tout….