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Le «modèle» Parizeau

 

Si vous le permettez, exceptionnellement, je mettrai en ligne ma chronique hebdomadaire mardi après-midi plutôt que mercredi puisqu'elle portera sur le livre de Jacques Parizeau – «La souveraineté du Québec. Hier, aujourd'hui et demain» (Les éditions Michel Brûlé). Question de se tourner vers l'avenir.

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Mais pour le moment, revenons sur le passé récent et le présent.

Je me contenterai de relever ces deux citations, lesquelles, je crois, illustrent fort bien une des différences fondamentales existant entre Monsieur Parizeau et chacun de ses successeurs à la tête du Parti québécois quant à leur degré respectif de détermination face à leur option (1).

Celle de Mme Marois, quant à elle, rappelle qu'en quelque part, le manque de clarté et de volonté politique des successeurs de M. Parizeau aura aussi sûrement contribué à la décroissance des appuis à la souveraineté chez les 18-44 ans, de même qu'à cette majorité de Québécois qui, aujourd'hui, voit cette option comme étant «réalisable» mais tout en croyant par contre qu'elle «ne se réalisera pas» (2).

Cette combinaison étant en partie la résultante de l'inaction et du silence des élites souverainistes depuis 1996, autant sur leur option que sur la question linguistique ou le fameux «projet de société». S'en souvient-on seulement? Le problème étant que ces élites, qui sont aujourd'hui, pour la majeure partie, les mêmes, refusent également de prendre conscience des effets de leurs propres choix politiques post-1995 et donc, de réajuster le tir en conséquence. Ce refus semble les avoir empêché d'exercer leur leadership et de produire le renouvellement nécessaires à l'avancement de leur propre option.

Aujourd'hui, par contre, la chef actuelle a affirmé être en accord avec la nécessité de se remettre au travail. Et, d'une part, comme certains des membres l'ont souligné ci-bas, il est en effet vrai qu'elle propose au moins certaines initiatives – une constitution en étant une majeure, c'est le moins qu'on puisse dire.

Par contre, d'autre part, s'engager à tenter de «rapatrier» des pouvoirs dans un premier mandat risquerait fort de créér une approche d'«éparpillement» et de perdre un temps précieux à tenter de réformer un système dont ce parti dit vouloir sortir. Ce qui, on imagine, fera aussipartie de la «réflexion»…

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Voici donc les deux citations en question:

Primo: Pauline Marois, chef du PQ, ce midi, sur les ondes de Radio-Canada:

«Nous tiendrons un référendum lorsque nous jugerons pertinent de le faire».

Et faisant sûrement référence à son projet de plutôt «rapatrier» des pouvoirs d'Ottawa si le PQ prend le pouvoir, elle ajoute: «Avant de tenir un référendum, nous devons faire avancer le Québec». Puis ceci: «Je ne prendrai pas d'engagement sur le temps et le calendrier».

Secundo: Jacques Parizeau, ce matin, sur les ondes de LCN:

Répondant à une question portant sur le problème d'être au pouvoir et d'attendre pour bouger, M. Parizeau repond ceci:

«C'est une des raisons pour lesquelles quand on prend le pouvoir, il ne faut pas attendre trop longtemps pour se décider, pour donc faire un référendum. Avant 1995, j'avais dit, quand on prendra le pouvoir, il y aura un référendum dans les huit à dix mois qui suivront. C'était la bonne formule. Puis, le pays, on l'a raté par 52,000 voix sur 5 millions.»

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(1) Lucien Bouchard disait attendre les «conditions gagnantes»; Bernard Landry attendait l'«assurance morale de gagner» et inséra dans la plateforme électorale de 2003 le projet d'une «union confédérale»; André Boisclair parlait quant à lui d'un référendum «le plus rapidement possible», mais une vaste majorité de Québécois ne le considérait pas crédible même comme chef de parti; Pauline Marois refuse cet engagement.

(2) Voir:

http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/06/09/un-jugement-s-233-v-232-re.aspx