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Attention: ce PLQ recule fréquemment…

 

Lundi matin, la une du Devoir titrait: «Le Parti québécois passe en tête».

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/278281/sondage-leger-marketing-le-devoir-le-parti-quebecois-passe-en-tete

Selon le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir, le PQ est à 41%, le PLQ à 37% et l'ADQ à 8%.

Mais chez les francophones, le PQ domine avec 47%, tandis que le PLQ n'a que 29% d'appuis.

Quant au taux d'insatisfaction envers le gouvernement, il atteint les 60%.

Ce qui fait dire à Christian Bourque, vice-président de Léger Marketing: «C'est la première fois qu'on peut dire que si des élections avaient eu lieu pendant la période du sondage, le PQ aurait formé un gouvernement majoritaire.»

Pourtant, ce n'est pas tout à fait la première fois en 2009 que des sondages donnent la victoire au PQ….

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Regardons-ça de plus près…. Et vous verrez que le recul du PLQ date en fait du printemps dernier.

Les chiffres sont nombreux, je sais, mais vous verrez mieux ainsi qu'ils se ressemblent passablement depuis mars, à quelques points près et à une exception près. (*** Puisque le vote francophone est le plus déterminant, je m'en tiendrai surtout à celui-ci)

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Donc, le 26 mars 2009, un CROP-La Presse indiquait déjà que le PQ menait chez les francophones avec 48%, alors que le PLQ n'avait plus que 27% de ces appuis. Quant au taux d'insatisfaction, il était à 58%! (Le titre de l'article était d'ailleurs: «Les libéraux dégringolent»…)

Pourtant, le 29 janvier 2009, un autre CROP-La Presse plaçait les Libéraux chez les francophones à 34% et le PQ à 39%. Et avec un taux d'insatisfaction raisonnable de 48%. Donc, en deux mois seulement, le PLQ avait déjà reculé de 7 points chez les francophones.

Puis, dans le CROP-La Presse du 27 mai 2009, le PLQ stagnait à 29% chez les francophones pendant que le PQ le devançait toujours, cette fois-ci avec 45%. Mais avec un taux d'insatisfaction qui venait de grimper à 52%. Ce qui faisait dire à la représentante de CROP que si des élections avaient eu lieu pendant la période de ce sondage, soit en mai, le PQ «aurait tout de même remporté les élections»…

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Ah! Mais vous me dites que le sondage de ce lundi matin est un Léger Marketing, pas un CROP! C'est vrai. Toutefois, depuis le début de l'année, les résultats des deux maisons de sondage tendent à se recouper. À quelques points près, évidemment.

À preuve: restons en mai. Les chiffres des deux maisons se recoupaient..

Puisque le 25 mai 2009, un Léger Marketing-Le Devoir donnait le PQ chez les francophones à 48% et le PLQ à 31%. Avec un taux d'insatisfaction de 58%. Et le titre de l'article était justement: «Le vote francophone porterait le PQ au pouvoir»…

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Bref, les deux firmes indiquaient déjà que s'il y avait eu une élection en mai, le PQ aurait probablement pris le pouvoir.

Notons aussi, et je dirais surtout, que ces chiffres datant du printemps sont comparables avec ceux du Léger Marketing-Le Devoir de ce matin.

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En d'autre termes, le recul du PLQ dans les intentions de vote semble en fait s'être amorcé dès le mois de mars – soit à peine trois mois après sa victoire majoritaire.

Ce que j'expliquais sur mon blogue le 28 mai dernier: http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/05/28/plq-amp-pq-224-233-galit-233.aspx

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Par contre, le 26 août, un CROP-La Presse indiquait une remontée du PLQ chez les francophones à 37%, et une baisse du PQ à 39%. L'exception à la règle depuis mars.

Toutefois, notons qu'une hausse des appuis au gouvernement en place est chose habituelle au sortir de l'été, alors que l'actualité politique et les controverses font place aux vacances.
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LES CAUSES: QUELQUES HYPOTHÈSES

Dans Le Devoir de ce lundi matin, Christian Bourque de Léger Marketing affirmait ceci: «Il y a une seule explication possible, et c'est le refus du gouvernement de déclencher» une enquête publique sur les allégations de collusion et de corruption dans l'industrie de la consctruction.

C'est certes un facteur très important.

Mais puisque dans les faits, les appuis au PLQ ont commencé à baisser en mars dernier – pour ressembler étrangement dès mai à ceux qu'indique le sondage de ce matin – je crois qu'il serait plus plausible d'avancer que ce refus obstiné de tenir une commission d'enquête a surtout contribué à ramener le PLQ à ses niveaux de mars et de mai derniers. Et donc, que ce refus viendrait en fait solidifier le recul des Libéraux dans l'opinion publique depuis sa dernière élection. Ou, si vous préférez, l'empècherait d'amorcer une remontée.

On pourrait aussi avancer que les résultats d'aujourd'hui, semblables à ceux de mai, sont le résultat d'un cumul de facteurs négatifs que le gouvernement porte dans sa besace depuis des mois: résultats désatreux à la Caisse de dépot; retour du déficit; «menace» de hausser plusieurs tarifs gouvernementaux; tests erronés du cancer du sein; inaction sur le front linguistique (recul du français à Montréal & jugement de la Cour suprême sur la Loi 104), etc…

Ma grand-mère aurait appelé ça la «force de l'usure»… 

Et plus récemment, se sont ajoutés au refus de tenir une enquête publique, la sortie spectaculaire de la Fraternité des policiers de Montréal et de l'Association des policiers provinciaux contredisant le premier ministre lui-même sur la capacité des enquêtes policières d'aller au fond des choses. Sans oublier le spectacle désolant auquel on assiste à l'Assemblée nationale…

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LE CALCUL POLITIQUE:

Bien sûr – et tous les commentateurs l'ont noté -, l'important aux yeux du gouvernement Charest est qu'il est majoritaire et qu'il a par conséquent un autre trois ans devant lui pour «redresser» la situation.

Et que de toute façon, comme le veut le cliché, la mémoire de l'électeur moyen est une faculté qui oublie

Et le gouvernement le croit sûrement.

Mais l'avenir seul pourra nous dire s'il a raison de le croire.

Pourtant, le gouvernement serait sûrement plus sage de se souvenir de 2003… L'année de sa première élection…

Une année où, même s'il venait tout juste d'obtenir une majorité et avait un autre trois ans pour rectifier la situation, son programme de «réingénierie» de l'État, son attitude perçue comme «arrogante», sa tentative de vendre le Mont-Orford et une brochette d'autres mauvaises décisions, avaient néanmoins suscité la colère, provoqué de nombreuses manifestations et fait plonger son gouvernement dans les sondages pendant des mois et des mois et des mois.

Jusqu'à ce qu'en 2007, il se retrouve minoritaire

Et j'avancerais que si le PQ avait eu à l'époque un chef plus populaire et plus crédible aux yeux de l'électorat francophone qu'André Boisclair, le PLQ aurait même risqué la défaite….

Comme quoi, la mémoire de l'électeur moyen n'est pas nécessairement TOUJOURS une faculté qui oublie…

Surtout lorsque les mauvaises décisions s'accumulent au fil du temps et que par conséquent, le lien de confiance se brise entre une population et son gouvernement…

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