La situation en Haïti est d'une tristesse infinie. Comme quelqu'un le disait à la radio aujourd'hui – je ne me souviens plus qui -, ce pays d'une pauvreté désolante, poussé à bout par ce tremblement de terre, aurait besoin de son propre Plan Marshall…
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Maintenant, sur un tout autre sujet, je m'en voudrais par contre de ne pas vous signaler que la magnifique exposition sur Paul Sauvé se terminera ce dimanche 17 janvier à 17h00.
Pour ceux et celles qui habitent Montréal ou ses environs – ou qui y feront un petit saut d'ici là – je vous jure que c'est à ne pas manquer! Et je pèse bien mes mots.
Voici les infos sur l'exposition tenue au Château Dufresne, de surcroît un des plus beaux édifices de Montréal. http://www.chateaudufresne.com/pagesfr/chateau-dufresne-exposition.htm
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Donc, pourquoi voir cette exposition?
Primo:
Parce que Paul Sauvé – que Jacques Parizeau, entre autres, considère avec raison comme LE véritable père de la Révolution tranquille – demeure encore aujourd'hui, et injustement, le grand oublié de notre histoire contemporaine.
Il est donc encore entièrement à découvrir… Cet homme du «Désormais».
À la mort de Maurice Duplessis, Paul Sauvé lui succéda comme premier ministre. Mais son règne ne durera que 112 jours, alors qu'il meurt subitement à 52 ans, le 2 janvier 1960.
Courte période pendant laquelle il réussira néanmoins à faire adopter 70 projets de loi! Autres temps, autres moeurs, n'est-ce pas?….
Paul Sauvé, même s'il était le «dauphin» du cheuf, était fait d'une autre étoffe.
Un conservateur social, certes, mais un «progressiste», si l'on peut dire pour l'époque, dès qu'il devient premier ministre.
Il fut aussi celui qui aura mis fin à la corruption au sein de l'Union nationale, du moins, celle instituée par Duplessis lui-même.
Secundo:
Parce que vous verrez aussi dans cette exposition une superbe collection d'objets de propagande politique produits par et pour l'Union nationale, et qui vous laisseront bouche bée.
Vous verrez à quel point nos partis politiques d'aujoud'hui sont de véritables amateurs dans le domaine, du moins, comparé à l'ère Duplessis. (Heureusement, d'ailleurs!)
De fait, l'Union nationale sous son cheuf, comme on le surnommait, s'inscrivait ainsi dans une tendance mondiale où des théoriciens de la propagande politique dite moderne créaient des modèles d'endoctrinement d'une efficacité redoutable.
Une propagande principalement caractérisée par son omniprésence; une étude préalable de la «psychologie» des groupes; et, bien entendu, des moyens financiers aussi considérables que de provenance obscure…
Vous verrez donc une brochette d'objets propagandistes vantant les mérites de Maurice Duplessis et de l'Union nationale, leurs politiques, leurs promesses et surtout les montants dépensés dans tel ou tel programme gouvernemental ou route!
Le tout marqué, bien sûr, à l'effigie constante du même drapeau québécois que Duplessis avait lui-même fait adopter… Comme si le drapeau lui servait de logo politique personnel…
Vous verrez des cartons d'allumettes portant photos, slogans et promesses électoraux; des bandes dessinées (!); des livres; des pamplhets; des affiches; des slogans qui furent «piqués» plus tard par d'autres partis; des boutons de manchette, de la vaisselle; des calendriers, etc…. Bref, Duplessis et l'Union nationale étaient partout, partout, partout… Un vrai don d'ubiquité.
Mais pour moi, la pièce maîtresse est un casse-tête – eh oui! -, représentant Duplessis et son conseil des ministres, tous assis à leur grande table avec le drapeau du Québec au-dessus de leurs têtes! C'est à voir au moins une fois dans sa vie….
Tertio:
Parce que vous pourrez également y visionner un documentaire fascinant, rempli d'images inédites, de Paul Carvalho et Paul Labonne. Ce dernier étant aussi l'auteur de l'ouvrage «Paul Sauvé. Désormais, l'avenir», disponible au musée.
Cette page majeure de notre histoire nous manque terriblement.
Cette exposition nous la redonne.
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@ Photo: Biliothèques et Archives nationales du Québec. Fonds Paul Sauvé.
Merci pour le tuyau et le rappel de notre histoire.
Et comme plusieurs grands, M. Sauvé n’a pas vécu longtemps, pas le temps de faire trop d’erreurs comme « premier », on s’entend.
Je suis déjà allé voir l’exposition en novembre suite à une première mention de Madame Legault.. Le documentaire de MM. Carvalho et Labonne a été présenté à la SRC et RDI durant les fêtes, il est à souhaiter que plusieurs ont pris le temps de le visionner. Je suis également d’avis que ce film est nécessaire dans la mesure où il comble un vide à certains égards en ce qui a trait à la connaissance de notre histoire (je suis dans la jeune quarantaine, connaissais mal Paul Sauvé).
À Oka, il y a le parc Paul-Sauvé tandis qu’à Montréal, il y a déjà eu l’Aréna Paul-Sauvé.
Et, possiblement aussi, la station de métro Sauvé (sur la rue du même nom, à Montréal), mais je n’en suis vraiment pas sûr.
Pas grand-chose pour nous rappeler celui qui serait « LE véritable père de la Révolution tranquille », cette cassure d’avec un passé de grande Noirceur…
@Claude Perrier
La rue Sauvé et la station de métro Sauvé?
La rue Sauvée a été ainsi désignée le 27 mai 1912; elle tire son nom de celui d’un propriétaire du quartier Ahuntsic, où cette voie est située.
Tiré de :
Ville de Montréal. Les rues de Montréal. Répertoire historique. Montréal: Méridien, 1995.
voir aussi: http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=1560,11245605&_dad=portal&_schema=PORTAL
Merci bien, Monsieur Peace.
(D’ailleurs, je doutais assez que la rue et la station de métro puissent avoir un lien avec l’ex-premier ministre. Mais, juste au cas où…)
Bonjour à tous,
Est-ce que Monsieur Paul Sauvé dans cette Histoire que l’on dit Nationale fut plus oublié que Monsieur Adélard Godbout qui eu le mauvais rôle d’être un libéral et qui ne passeras pas la rampe de l’Histoire car étant du mauvais bord, soit d’être un Rouge ! Et en visionnant ce documentaire sur les ondes de Radio Canada sur ce Monsieur Paul Sauvé, je suis resté avec la perception que cet ancien militaire de l’Armée Canadienne était un libéral de l’époque peut-être à son corps défendant car Monsieur Paul Sauvé était malheureusement sous l’étiquette de l’Union Nationale dans le mauvais parti car n’incarnant pas ses valeurs libérales ! Merci de Erwan Basque.
Le plan Marshall pour Haïti, c’est Jean-François Lisée qui en a parlé chez Christianne Charette. 🙂
Il est bien malheureux que M. Sauvé soit mort prématurément. Au moins, les Libéraux sous Jean Lessage et l’Équipe du tonnerre ont pris le relais. C’était dans l’air.
Duplessis avait compris que après lui la marmitte sauterait. Il était temps.
Quelle époque déprimante.
Aujourd’hui, la corruption a un autre visage. Quand je pense que M. Accurso traîne Radio-Canada devant les tribunaux. Je souhaite ardemment que des témoins, sous protection policière, viennent lever le voile que M. Charest et le PLQ tiennent mordicus à tenir en place. Il s’agit peut-être là d’une chance inespérée de faire sortir le chat du sac. On souhaitait la grande porte, avec l’enquête publique, on aura peut-être la porte de service grâce À M. Accurso et sa superbe. 🙂
M. Accurso est trop sûr de lui, il s’en mordra peut-être les doigts. Nous, on se lèchera les pouces. La partie sera serrée. M. Accurso ignore peut-être tous les atouts de la police.
Voyons-voir maintenant qui meure prématurément et en quelles circonstances. Ce sera révélateur. La Mafia a le don d’escamotter les témoins potentiellement gênants. A lire : la chronique nécrologique…
Un beau programme que vous nous prévoyez là, Monsieur Gingras…
Mais, comme vous le faites valoir, on verra bien…
Merci Josée de nous avoir recommandé cette exposition. Je ne connaissais que le Centre Paul Sauvé et je n’avais aucune idée de qui il était. J’ai écouté le documentaire 2 fois tellement j’ai été surprise de mon ignorance et aussi revoir comment, un peu par accident, Paul Sauvé a fondé le «désormais» Québec sur une base inexpérimentée encore en politique : la justice sociale.
Surprenant aussi de voir les dérapages de parti. Aujourd’hui on le qualifierait de social-démocrate alors qu’en ce temps, il était du parti progressiste-conservateur….Tout ce qui a subsisté de ce dernier parti avec le temps est la petite valise qui contient les preuves de collusion-corruption, tout comme le parti libéral.
Il parlait déjà de laïcité dans l’éducation, d’autonomie politique et économique, de syndicalisation, de sécurité d’emploi pour les fonctionnaires à la merci des changements de partis, de pauvreté, etc….il nous fondait une société en signant une pile de projets de Lois.
Lesage, Bourassa, Lévesque, Parizeau ont continué la construction pour qu’on soit maîtres chez nous avec Hydro Québec, la Caisse de dépôt et placement, l’éducation et les soins de santé universels, l’entrepreneurship québécois dans tous les domaines, de l’agriculture à la culture, etc…
Aujourd’hui, Jean James (le pas Bond) Charest, ascendant progressiste-conservateur, bâtisseur autoproclamé qui tout souriant, les deux mains sur le volant, nous garroche son boulet de démolition, avec ses lois bâillons, ses privatisations, sa réélection sur des mensonges, ses hausses de tarifs, ses lois fiscales pour les biens nantis, son plan nord, Rabaska, la rivière Romaine, Gentilly…. !!??
Pour revenir à Paul Sauvé, il a de toute évidence été un homme politique marquant, éminemment inconnu, dans notre histoire de révolution tranquille, mais un petit bémol. Quand ses hauts fonctionnaires ont forcé Mme Jeanne- D’Arc LeMay, avocate et artisane du plan d’éducation et de rééducation des délinquants, à démissionner parce qu’elle se mariait….il me semble qu’il aurait pu intervenir. S’il ne l’a pas fait, alors qu’il en avait le pouvoir, c’est qu’il n’était pas rendu là….pourtant sa femme avait fait campagne pour lui en 1944…
Pour finir, la dernière fois que je suis allée au Centre Paul Sauvé, c’est au référendum de 1980…il a été démoli en 1996….aujourd’hui ce sont ses politiques qu’on démoli.
Pour finir pour de vrai, il devrait y avoir un poste télé où tous les québécois auraient accès à tout ce qui concerne l’histoire du Québec : films, événements, documentaires, discours politiques, entrevues, livres, etc….Encore avant-hier Fred Pellerin disait dans l’émission Club social : à St-Élie de Caxton j’ai un certificat de localisation qui défini mon terrain avec 4 pines. Mais en tant que québécois, je ne sais pas où sont mes pines.
@Danièle Bourassa
« Pour revenir à Paul Sauvé, … un petit bémol. Quand ses hauts fonctionnaires ont forcé Mme Jeanne- D’Arc LeMay… à démissionner parce qu’elle se mariait….il me semble qu’il aurait pu intervenir. »
Je voudrais bien vous donner raison, madame Bourassa, mais c’était la fin des années ’50.
On partait de loin…
La notion d’égalité des droits n’était pas encore très bien définie. Les descendants de Frank Roncarelli pourraient en parler, lui dont le Procureur-Général (Duplessis lui-même) a retiré le permis d’alcool, non pas pour une infraction à la « loi des liqueurs » mais parce que Roncarelli était un sympathisant des Témoins de Jéhovah.
Saviez-vous qu’il aura fallu attendre à 1964 pour que la femme québécoise puisse intenter un recours en justice sans l’autorisation de son mari?
« Chéri, aurais-tu l’amabilité de m’autoriser à intenter contre toi une action en séparation? Dis oui… Dis oui… »
= = =
En d’autres termes, Sauvé avait beau être à l’avant-garde, the year was… 1959. La société québécoise a beaucoup évolué en six ans, sous Lesage. Sauvé avait mis la table et annoncé les entrées. Lévesque, Kierans, Gérin-Lajoie auront forcé la main de Lesage. Sauvé, lui, était entouré de ministres plus conservateurs et ses militants, c’est Duplessis qu’ils avaient élu.
De cela, il faut AUSSI tenir compte…
J’ai vu l’exposition, merci de la suggestion à J.L.
Dernier après midi, le concepteur a servi de guide bien intentionné pour commenter l’expo sur la propagande unioniste moderne pour l’époque.
Duplessis le père de la nation, celui qui a ressorti le drapeau fleurdelysé.
Paul Sauvé a fait mieux par la suite en projets progressistes mais le tabac a contribué à le tuer à 52 ans.
C’était bien.
M. Peace vous dites : Saviez-vous qu’il aura fallu attendre à 1964 pour que la femme québécoise puisse intenter un recours en justice sans l’autorisation de son mari?
C’est ce qu’on appelle la personnalité juridique? Je croyais que c’était en 1960….
Nous avions eu le droit de vote en 1940 et sa femme a fait campagne pour lui en 1944 pendant qu’il était en service militaire en Normandie. C’est pourquoi je croyais que son ouverture d’esprit était aussi sur ce terrain.
Mais je comprends votre point de vue. Il était peut-être ouvert mais était contraint de ne pas le manifester.