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Vous avez dit «participation civique»?…

 

«Le «jury citoyen» créé par le Directeur général des élections rejette l'idée de permettre aux entreprises de contribuer à la caisse des partis politiques. Ce jury, formé de 12 citoyens, a rendu son «verdict» ce matin, après avoir étudié la question du financement politique au cours des derniers mois.

Le DGE, Marcel Blanchet, lui avait demandé de se prononcer sur l'idée d'ouvrir le financement des formations politiques aux compagnies. Le jury écarte cette option et veut le maintien du financement populaire. (…)

Le jury réclame toutefois des changements au système actuel, comme l'abolition des dons anonymes, la hausse du financement public des partis, l'augmentation des amendes en matière de contributions illégales. Ces éléments se trouvent déjà dans le projet de loi qui a été déposé par le ministre Claude Béchard l'automne dernier et qui sera débattu en commission parlementaire ce mois-ci.

D'autres recommandations n'en font toutefois pas partie, comme le remplacement du crédit d'impôt actuel par un autre qui serait géré par le DGE. Les donateurs seraient tenus d'attester par écrit que la contribution pour laquelle il réclame un crédit est faite à partir de leurs propres biens, volontairement, sans compensation ni contrepartie et qu'elle ne fera pas l'objet d'un quelconque remboursement.

Le jury citoyen propose également la création d'un organisme indépendant pour promouvoir «la participation civique et la démocratie». «L'augmentation du cynisme» et «la désaffection des citoyens» à l'égard de la vie politique est «le problème fondamental» du système politique, croit-il.»»

Extrait de: http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201002/01/01-945173-le-jury-citoyen-dit-non-aux-dons-dentreprises.php

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Là-dessus, une petite question.

Comment se fait-il qu'au moment même où les questions d'éthique et d'intégrité ébranlent ce qui reste de la confiance des électeurs envers leurs gouvenants et leur classe politique, le DGE se tourne vers un «jury citoyen» pour déterrer ce qui semblait pourtant être devenu de l'histoire ancienne au Québec – soit la question du financement des partis par les entreprises?

Le DGE s'est dit aujourd'hui «agréablement surpris» par leur réponse. Et c'est bien tant mieux!  Mais pourquoi avoir même posé la question?

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Il n'y a qu'à regarder du côté des États-Unis où le Président Obama en est sûrement tombé en bas de sa chaise du bureau ovale lorsque le 21 janvier dernier, la Cour suprême américaine rendait une décision à 5 juges contre 4 levant les limites au financement des campagnes électorales par les entreprises privées, les syndicats et une brochette de lobbys.

Un jugement proprement anachronique parce qu'il ouvre toute grande la porte au retour des élections «achetées» par des intérêts privés.

Bref: 

Parti Démocrate = 0

Parti Républicain = 1.

C'est pourtant à se demander si, au-delà de leurs évidents penchants conservateurs, les cinq juges majoritaires ont pris ne serait-ce que quelques secondes pour réfléchir un tant soit peu au fait que leur jugement allait miner les fondements mêmes d'une démocratie américaine pourtant déjà suffisamment dysfonctionnelle?

De véritables apprentis sorciers.

Voir: http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2010/01/21/argent-amp-politique.aspx

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Quant à la suggestion de ce «jury citoyen» du DGE proposant la création d'un organisme indépendant pour promouvoir «la participation civique et la démocratie», on ne peut que l'appuyer.

Face à des taux de participation aux élections qui ne cessent de chuter, un tel organisme ne ferait sûrement pas de tort.

Mais ce qui gruge principalement la «participation civique à la démocratie», c'est surtout une érosion constante de la confiance des électeurs envers la classe politique.

Laquelle découle en partie d'une impression croissante à l'effet que les élus eux-mêmes exercent de moins en moins leurs propres pouvoirs. Et que lorsqu'ils le font, la notion de «bien commun» n'est pas toujours la priorité…

Bref, un organisme de promotion de la vie civique est certes une bonne idée en soi. C'est certain.

Mais la véritable clé de l'affaiblissement du «cynisme» et de la «désaffection des citoyens», ce sont les élus eux-mêmes qui la possèdent…

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