Je m'en voudrais de ne pas mentionner, et surtout, de ne pas vous recommander, ce que je considère être une des très grandes séries radiophoniques des dernières années.
Soit la série «Vivre jusqu'au bout» du journaliste Mario Proulx, en compagnie de sa collègue Eugénie Francoeur, diffusée à la Première Chaîne de Radio-Canada, du 1er au 5 février, à 13h00 et en rediffusion à 22h00.
«Vivre jusqu'au bout», c'est aussi un livre et un site internet où, entre autres choses, on peut écouter ou réécouter les épisodes, dont des éléments inédits:
http://www.radio-canada.ca/radio/vivre_jusquau_bout/serie_documentaire/
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Enfin, les mots me manquent pour vous dire à quel point, à mon humble avis, cette série est probablement ce qu'un médium québécois aura produit de mieux, de plus intelligent, de plus raffiné, de plus authentique et de plus pertinent sur un sujet aussi fondamental, mais dont on parle aussi fort peu dans nos sociétés occidentales.
Sur un plan plus personnel, ce sujet m'interpelle fortement.
C'est lorsque j'ai eu le privilège d'accompagner» ma mère, comme on dit, tout au long de son combat contre un cancer incurable et surtout, pendant ce qu'on appelle la «phase terminale» de sa maladie, que j'ai compris l'immense tabou qu'est la «fin de vie».
Côté ressources et accès: ma maman ayant pu terminé ses jours dans l'unité de soins palliatifs qui en fut la pionnière au Québec, j'ai pu comprendre l'importance pour le gouvernement, pour nous tous, de considérer les soins palliatifs, qu'ils soient donnés à l'hôpital, à domicile ou dans des «maisons» spécialisées, comme un élément essentiel des soins offerts à la population.
Le problème étant parc ontre que pour le moment, les soins palliatifs demeurent rarissimes et à géométrie variable selon les régions, les moyens, etc…
On offre pourtant toute une brochette de services et de ressources à la naissance, avec raison, mais si peu pour cette étape ultime de la VIE…
Pourtant, les soins palliatifs permettent à la personne mourante et à ses proches de «vivre» et de préparer ce départ avec les meilleurs soins disponibles, mais aussi avec amour et compassion.
Les médecins, les infirmières, les bénévoles, les psychologues, les musicologues – et j'en passe -, ces «équipes» sont de véritables anges pour les personnes mourantes et celles qui les aiment.
En fait, l'expérience de l'«accompagnement» est un privilège et une école de vie d'une immense richesse lorsque la personne mourante est soignée avec compétence, attention, compassion et dignité, et non «parquée» dans une chambre au fond d'un corridor ou prisonnière d'une douleur qui ne serait pas contrôlée.
Deux ans après le décès de ma mère, j'ai pu également faire du bénévolat en soins pallitifs. Une expérience, des leçons de vie et des rencontres tout simplement inoubliables.
Mais c'était aussi constater la solitude de plusieurs mourants – solitude morale et physique -, la difficulté dans nos sociétés de confronter la maladie, la mort, de même que les corps et les visages qui changent entre les deux. Un peu comme s'il devenait de plus en plus diffcile dans nos sociétés obsédées par l'apparence et la jeunesse éternelle, de trouver beaux et belles dans la maladie les gens que l'on aime.
Pourtant, rien n'est plus «vivant» qu'un mourant. À moins que la solitude, la douleur et l'absence de soins adéquats ne soient au rendez-vous…
Il y a bien sûr, aussi, tout le débat sur l'euthanasie. Un souhait: plutôt que d'opposer «soins palliatifs» et «euthanasie» dans nos débats, que l'on arrive à les concilier.
Car une chose est certaine: s'il y avait plus de soins palliatifs et un meilleur accès à ceux-ci, la question de l'euthanasie prendrait une autre couleur. On pourrait alors et enfin parler d'un véritable «libre choix». Car pour choisir, il faut avoir des options…
Dans cette magnifique série radiophonique, j'ai aussi le bonheur d'entendre certains des «anges» qui ont entouré ma mère, ma soeur et moi-même, dans ces dernières semaines de partage.
Des anges que l'on oublie jamais…
Vous ais-je dit à quel point je vous recommande cette très belle série?…
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@ Soit dit en passant, l'expérience d'une personne mourante et de sa famille en soins palliatifs est également le sujet de la bande dessinée de Michel Rabagliati «Paul à Québec» (éditions de la Pastèque). Une véritable joyau, ce livre.
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@ Photo: http://www.trekearth.com/gallery/North_America/United_States/West/Oregon/Seaside/photo319784.htm
Bien d’accord avec Mme Legault,
J’ai aussi eu à accompagner ma mère vers la mort à la suite d’un long cancer et les soins palliatifs sont essentiels pour le mourant comme pour son entourage.
Voir l’article suivant publié dans Le Devoir lundi : http://www.ledevoir.com/societe/sante/282228/l-entrevue-la-medecine-desarmee-devant-la-mort
P.S. Ma mère est décédée exactement à l’endroit dessiné par M. Rabagliati dans Paul à Québec…
Les soins palliatifs c’est bien en autant que ce n’est pas une fenêtre pour l’euthanasie imposée contre la volonté du malade. Et puis avant des soins d’accompagnement à la mort. Des soins pour la vie surtout et pour vivre en santé. De là, l’importance de l’assurance maladie ou en complément d’une médecine qui progresse toujours dans sa lutte contre la maladie et la mort.
En rappelant que la première médecine est sociale et psychologique. Procurer les moyens aux gens pour qu’il y ait -une vie avant la mort- comme dit le proverbe afin que la -vie ne soit pas un enfer sur terre-.
La hiérarchie des soins médicaux met de côté le palliatif c’est un danger. Quoique, il faut reconnaître que la mission première de la médecine est de guérir. D’autant que la vie moderne et laique trouve l’un de ses piliers dans la médecine moderne celle qui ne nous fait plus mourir en moyenne entre 40 et 50 ans comme en 1900.
Ce message est un peu brutal mais il exprime ceci: guérir et être en santé le plus possible avant de mourir plus tard que plus tôt et prévenir plutôt que guérir.
Un message qui fait débat, ce qui satisfait J.Legault. La série est plutôt bien ayant entendu des extraits.
Sincèrement après m’être relu dans ce qui précède. Perdre ses proches (ses animaux domestiques compris) tout en étant confronté à la mort autour de soi et en soi est l’une des plus grandes douleurs qui soit. Cette réaction à fleur de peau de l’auteur ici, Josée Legault en donne la preuve!
Bonjour à tous,
En étudiant en psychologie à la fin des années 1960 et début 1970, côtoyant des étudiants de deuxième cycle en gérontologie, j’empruntais dès le début de la cession d’automne pour une semaine un livre d’une étudiante du 2ème cycle en gérontologie dont le titre était : < L'approche de la mort >, soit une brique de 500 pages au contenu très dense sur les différentes phases que doit affronter celui ou celle qui se voit aller vers la phase terminale. Étant fasciné par l’humain et son intérieur dans toute ses facettes, je me suis abandonné dans la lecture de ce livre et le dévorant littéralement ayant une seule semaine pour ce faire et n’ayant pas la préparation requise pour l’absorber.
Effectivement, ce bouquin eut un tel impact sur moi que je fus abasourdi, désemparé et secoué pour une bonne année et la question existentielle que je me posais à l’époque était sur le comment vais-je m’en sortir, d’avoir lu ce livre en étant surtout pas près et comment en faire le deuil quitte à l’enfouir dans l’inconscient s’il le faut….
Par ailleurs, comme disait notre ami ce vieux camarade Léo dans une strophe : < Le désespoir est la forme supérieure de la CRITIQUE, nous l'appellerons BONHEUR > et ce en parlant du désespoir, je fis le choix de la raison, était-ce bien ou mal, était-ce de la couardise de pelleter le tout par en avant et je décidais alors de vieillir tellement vieux et probablement centenaire jusqu’à en être sénile ou bien à le devenir en perdant mes facultés de la raison afin que la mort ne soit plus un obstacle en y pensant dans la vie de tous les jours……Car peut-être de la lâcheté pour certains émotifs, mais la raison peut même faire ce que la raison ignore car là n’est pas l’importance de cette approche, mais avoir fait le choix de vivre l’instant présent en ne m’embarrassant pas de toutes ces chimères de consumérisme projetées par le système capitaliste qui veut nous alerter et nous garder constamment sur le qui-vive, même en vivant que l’on soit obligé de penser comment mourir ! Et ne surtout pas oublier que : < Des gens heureux ne consomment pas ou presque se contentant de l'essentiel >, étant ce que le système capitaliste ne veut surtout pas ! Et bien sûr incluant la consommation d’idées plus ou moins farfelues qui sont autant d’entraves, une sorte de repoussoir faisant obstacle sur la route du bonheur….
Finalement, en cheminant de cette facon, de nulle part surgit une chanson de Madame Diane Dufresne composée par le trio de Angelo Finaldi, Havaness Hagopian et Luc Plamondon soit : < La dernière enfance > que vous pouvez cliquez sur GOOGLE . Car cette ballade du milieu des années 1970 me réconforta dans la poursuite de ma logique face à cette évidence pour tous…..Merci, de Erwan Basque.