Évidemment, toujours pas de commission d'enquête publique sur la montagne d'allégations de collusion, de corruption et de dépassements de coûts dans l'industrie de la construction.
Et vous connaissez mon point de vue là-dessus depuis plusieurs mois: il n'y en aura pas. Un point, c'est tout.
Mais face à l'impatience de la population, le gouvernement, aussi majoritaire soit-il, sent néanmoins le besoin de créer l'illusion du mouvement et de l'action.
Avant Noël, c'était l'«opération Marteau».
Cette semaine, pendant que l'Assemblée nationale fait relâche jusqu'au 9 mars, il annonce la nomination de Jacques Duchesneau à la tête d'une nouvelle «unité anticollusion».
http://m.ledevoir.com/societe/justice/283770/duchesneau-dirigera-une-force-anticollusion
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Et quel sera le mandat de M. Duchesneau? La ministre des Transports, Julie Boulet, ne le sait trop.
Ses honoraires? On serait encore en train de les négocier au légendaire bureau des emplois supérieurs du Conseil exécutif.
Ses ressources, financières, matérielles et humaines? La ministre n'en sait rien non plus pour le moment.
Le ministère des Transports posséderait même déjà son unité d'enquête interne, mais la ministre n'en parle pas trop.
Écran de fumée, alors? Ou tactique de diversion? C'est selon le point de vue.
Bref, le gouvernement devrait peut-être commencer par se doter lui-même d'une «unité anticonfusion»….
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L'an dernier, en plein tsunami politique à Montréal, l'ex-chef de police et ancien candidat à la mairie donnait quelques entrevues fort révélatrices à La Presse.
Quelques exemples:
««Un des problèmes à Montréal, c'est la corruption, a-t-il expliqué. J'ai parlé à un ancien ministre des Transports qui m'a dit: «On savait qu'on payait 15% de trop à Montréal. Quand on analysait les contrats, on se disait: Ben voyons, c'est trop cher!» (…) En 1998, Jacques Duchesneau a tenté de dénoncer la corruption. Il a frappé un mur. «J'ai rencontré du monde qui me disait: «Je fabrique des lampadaires, mais je suis incapable de les vendre à Montréal parce que je ne fais pas partie de la clique.» J'en ai parlé, mais ça n'intéressait pas les gens. (…)»»
La «clique»? Ça ressemble drôlement à de la «collusion», non?
Puis, encore ceci: ««Depuis que je suis jeune, je crois qu'il faut dire la vérité, toute la vérité, mais les gens n'en ont rien à foutre de la vérité, ils veulent rêver. Je ne dis pas que les politiciens mentent, mais ils ont une façon de dire les choses pour qu'elles paraissent acceptables.» «En 1998, je voulais faire le ménage, mais je l'ai dit trop vite. J'ai fait peur à du monde. La gangrène ne touche pas seulement les politiciens, mais aussi les fonctionnaires qui donnent des contrats et se paient la traite. (…)»»
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Et auparavant, Jacques Duchesneau avait aussi donné une entrevue remarquée à mon collègue Yves Boisvert, où il disait ceci:
«Des propriétaires de parkings me disaient qu'ils devaient verser de l'argent dans des enveloppes. Des entrepreneurs qui faisaient des affaires partout dans le monde me disaient: c'est drôle, je n'ai jamais de contrat à Montréal! D'autres me confiaient qu'ils recevaient des menaces s'ils participaient à des appels d'offres. Encore maintenant, c'est curieux, je me promène en ville et ce sont toujours les mêmes qui font des travaux publics… Ils doivent être meilleurs que les autres, j'imagine...»»
Ça aussi, ça sent la collusion, non?
Et encore ceci: ««Si une firme vous donne 50 000$, ce n'est pas pour vos beaux yeux et je doute que ce soit pour la démocratie. Ils veulent quelque chose, et généralement pas quelque chose de légal. Ils veulent en avoir pour leur argent! Sauf que s'il y a des kickbacks sur les contrats, c'est vos taxes qui paient pour ça!»»
Et sa conclusion: «Ce qu'il faut, c'est que les gens en politique indiquent clairement leurs limites, qu'ils se définissent et qu'ils définissent les règles du jeu, pour leur entourage comme pour le public.»»
Vraiment? Est-ce là ce que M. Duchesneau dira à son nouvel employeur?
Extraits de: http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/yves-boisvert/200904/22/01-848998-duchesneau-reveillez-vous.php
Et il reste à voir ce qu'il fera de la première «mission» que lui donnait aujourd'hui Sylvie Roy, députée de l'ADQ:
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Cela étant dit, pourquoi M. Duchesneau, maintenant qu'il est nommé par le gouvernement – et ce, même s'il mentionne toujours, mais de manière moins insistante, la nécessité d'une commission d'enquête -, parle-t-il aujourd'hui d'une «nouvelle optique, c'est-à-dire de regarder en avant»?
Une petite question, si vous le permettez: comment «regarder en avant» si on on n'a pas enquêté de manière indépendante et publique la nature et la force même du vers qui ronge la pomme de l'industrie de la construction, et possiblement de certains hauts-fonctionnaires, administrations municipales et ministères?
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@ Photos: http://jcwinnie.biz/wordpress/imageSnag/clouseau.jpg
http://www.scfp.qc.ca/librairies/images/image_dimensions.php?i=8069&x=320
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/images/normales/j/jacques-duchesneau-micro.jpg
Evidement que le discours de Duchesneau sera moins agressif compte tenu de sa nouvelle fonction. Très belle stratégie que celle qui consiste d’acheter quelqu’un qui menace de vous faire du tort. En autant que la personne en question soit achetable, ce qui n’est pas très difficile a trouver au Québec ! Les lobbys du privé nous en donnent la preuve abondamment avec Lulu-Lucide et ses amis, le parti du petit maire Tremblay et évidemment le PLQ, un parti ou les petits amis douteux semblent faire partie de la culture Libéral autant au fédéral qu’au provincial.
Les petits arrivistes semblent avoir le vent dans les voiles. Lulu. Un de leur porte-parole le plus populaire au Québec semble viser dans le mille avec son discours démagogique et catastrophiste. Une grande partie de la génération X aiment beaucoup blâmer les baby-boomer pour tous les problèmes de l’humanité depuis sa création. Le discours de nos petits capitalistes aux dents longues semble trouver preneur chez beaucoup d’entre eux. Alors faudra être vigilant et surveiller de près la manipulation crasse des lobbys du privé qui se servent amplement de l’indifférence et du manque d’implication des citoyens face à la chose politique. Tant qu’a Julie Boulet elle ne sert que de porte-voix au chef comme tous les ministres du PLQ.
Cette fois-ci je crois que les forces du marché s’approche de la victoire compte tenu du manque d’intérêt des gens à la chose politique , terrain fertile pour la manipulation de masse .
Madame Legault,
Je lis et j’écoute assidûment vos commentaires dans les médias et j’en salue la justesse. Dans le cas présent, l’embauche de Ducheseau, ça saute aux yeux, on appelait cela de la récupération à mon époque…
Pendant que l’on se focalise sur la magouille les grandes passes nous échappent.
Après le désastre de la Caisse de dépôt, la prise de contrôle d’Hydro Québec par Paul Desmarais:
M Richard Le Hir nous alerte sur grand jeux derrière la proposition d’achat d’ Énergie N.B.:
La prise de contrôle d’Hydro Québec par Paul Desmarais !
http://www.vigile.net/Gare-a-l-arnaque-du-siecle
À quand la création d’un Comité de sauvegarde d’ Hydro Québec. Nous en sommes là. La situation est gravissime mais, pas assez pour sortir le PQ de son éternel impromptue à Outremont. Et dans les médias, silence radio.
– J’AI LA RÉPONSE !!!
Madame Legault nous demande :
(…) Comment «regarder en avant» si on on n’a pas enquêté de manière indépendante et publique la nature et la force même du vers qui ronge la pomme de l’industrie de la construction (…)
Réponse…
» En continuant de la même manìère. »
Une pression majeure de la part de la société civile pourrait peut-être changer les choses..
Mais tant que nous laisserons le gouvernement nous marcher sur les pieds et se foutre de l’opinion publique…
Nous risquons de changer de dictature au 5 ans…
.
Ils ont nommé M. Duchesneau pour nous rassurer qu’enfin quelqu’un d’intègre va s’occuper des futurs contrats…..c’est efficace, mon stress a déjà descendu d’un cran….
On regarde en avant pour innover, inventer des nouveaux mots, des nouveaux concepts, une nouvelle optique, de la sémantique patentée pour blanchir les gens ou les pirates impliqués dans les transactions mafieuses et extra lucratives faites avec l’argent du coffre aux trésors des contribuables. Pour nous prouver qu’il n’y a jamais eu de machination. Qu’on exagère avec nos allégations de corruption.
Retournez à vos petites vies là, tout est sous contrôle.
Extrêmement dommage que M. Duchesneau ait accepté ce poste où il sera de toute évidence sans pouvoir et muselé, comme l’analyse si justement Josée Boileau dans l’édition du Devoir d’aujourd’hui. C’est encore de l’argent public gaspillé, qu’on ne peut même pas encore chiffrer puisque ses conditions et la taille de son effectif ne sont pas encore connues.
J’ai encore un très mince espoir qu’il renonce à ce poste (puisque rien n’est encore signé), dans un sursaut de réalisme et d’honnêteté.
Au lieu d’arrêter le triste spectacle que nous avons constamment sous les yeux, il irait contribuer à la frime?
« Chaque homme a son prix », dit le monde interlope.
Pourquoi se le cacher, le Québec n’est plus qu’un pays sous développé, une république de bananes.
Crime organisé systémique;
corruption systémique;
collusion systémique; et
impunité systémique.
Je l’aime mon pays, je l’aime… Pas sûr…
Faudra-t-il mettre le Québec sous tutelle pour le remettre dans le droit chemin?
Pour ajouter l’insulte à l’injure, Mme la ministre affirme, le plus naturellement du monde, que les compagnies ont le droit de contribuer aux caisses des partis, donc il n’y a pas de scandale. Ah! bon. Elle a oublié la loi qui l’interdit depuis 1977. Bizarre. Chassez le naturel…
On comprend pourquoi il n’y aura pas d’enquête publique. 🙂