En quelque part, on ne sait trop où, Edward Kennedy doit sûrement sourire:
«By a vote of 219 to 212, the House passed the bill after a day of tumultuous debate that echoed the epic struggle of the last year. The action sent the bill to President Obama, whose crusade for such legislation has been a hallmark of his presidency. Democrats hailed the vote as historic, comparable to the establishment of Medicare and Social Security and a long overdue step forward in social justice. "This is the civil rights act of the 21st century," said Representative James E. Clyburn of South Carolina, the No. 3 Democrat in the House.» (…)
The budget office estimates that the bill would provide coverage to 32 million uninsured people, but still leave 23 million uninsured in 2019. One-third of those remaining uninsured would be illegal immigrants.»
Extraits de: http://www.nytimes.com/2010/03/22/health/policy/22health.html?hp
Aussi ceci: http://www.huffingtonpost.com/2010/03/21/health-care-bill-passes-l_n_507714.html
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Le vote de ce soir est certes un moment historique. Aussi imparfait soit-il d'un point de vue favorable à cette notion proprement révolutionnaire voulant que dans une société aussi riche que celle des États-Unis, l'accès et la qualité des soins de santé disponibles ne devraient jamais dépendre des revenus d'un individu!
Donc, un pas en avant. Un pas qu'aucun président américain sensible à cette question n'a jamais pu franchir.
Toutefois, ce soir, un pas franchi au son d'un cri venu d'une autre époque: «baby killer!»…
Puisque le vote de ce soir fut obtenu en partie en échange de l'engagement de Barack Obama – obligé de le faire pour avoir enfin ce début de réforme -, de:
«The Democratic effort to secure the 216 votes needed for passage of the legislation came together only after last-minute negotiations involving the White House, the House leadership and a group of Democratic opponents of abortion rights, led by Representative Bart Stupak of Michigan. On Sunday afternoon, members of the group announced that they would support the legislation after Mr. Obama promised to issue an executive order to "ensure that federal funds are not used for abortion services."
Mr. Stupak described the order as a significant guarantee that would "protect the sanctity of life in health care reform." But supporters of abortion rights – and some opponents – said the order merely reaffirmed what was in the bill.»
Comme quoi, les femmes américaines ne peuvent rien prendre pour acquis.
Et comme quoi, la religiosité, lorsqu'incarnée par le dogme anti-libre choix à l'avortement, peut se décliner tout autant dans sa forme «chrétienne» que celle dont on parle beaucoup plus par les temps qui courent…
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@ Martin Luther King & Robert Kennedy.
Et parlant de religiositié, mais dans sa forme moins dogmatique, si nous revenons à Edward (Ted) Kennedy, décédé l'an dernier d'un cancer – et un catholique pratiquant -, rappelons seulement un passage de sa lettre adressée au Pape actuel, et lue pour la première fois en public lors de son enterrement:
«I want you to know, Your Holiness, that in my nearly 50 years of elective office, I have done my best to champion the rights of the poor and open doors of economic opportunity. (…) I also want you to know that even though I am ill, I'm committed to doing everything I can to achieve access to health care for everyone in my country. This has been the political cause of my life. I believe in a conscience protection for Catholics in the health field and I'll continue to advocate for it as my colleagues in the Senate and I work to develop an overall national health policy that guarantees health care for everyone. (…)» (*)
Bref, comment échapper à l'image suivante: Ted Kennedy et ses frères Robert & John F., regardant le vote de ce soir avec Martin Luther King, et se disant en choeur: «Well, it's about sweet time!»…
(*) Extrait de: http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/08/29/AR2009082902702.html
Voir aussi: http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/8579322.stm
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Bref, l'oeuvre d'Obama sur cette question est de toute évidence incomplète et imparfaite. Pensons seulement à la disparition en chemin du «public option», ou de la possibilté de créer une assurance-santé «publique» pour concurrencer enfin les assureurs privés.
Mais considérant d'où partent les Américains sur cette question, les nombreux blocages idéologiques de la droite et de ses lobbys d'affaires, et combien la popularité de Barack Obama a dû souffrir de cette initiative, cette «réforme» comporte également des avancées importantes pour plusieurs Américains.
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En conclusion, une dernière observation:
Pendant qu'ici, avec l'approbation des gouvernements, le secteur privé gruge de plus en plus de terrain au système de santé public, à la Maison Blanche, on aura laissé plus qu'une livre de chair et bien plus qu'une pinte de sang pour tenter de réformer, un tant soit peu, un des systèmes de santé les plus inéquitables et les plus rétrogrades de l'Occident…
Car cette histoire, aux États-Unis, est loin d'être terminée…
Bravo Président Obama et Ted Kennedy !
Félicitations à Mme Legault pour le style et le ton de cet article.
Pourquoi le puissant lobby des assureurs ne s’est pas opposé à cette loi. Tout simplement parce que Obama leur a donner un monopole en excluant la création d’une caisse publique de santé par les États: »…la disparition en chemin du «public option», ou de la possibilté de créer une assurance-santé «publique» pour concurrencer enfin les assureurs privés. » ( J. Legault)
Dès l’annonce de cette décision le cours des actions des assureurs s’est mis à monter à l’époque. Et pour cause. Tout le monde sera forcer par la loi de s’assurer; ceux qui ne pourront payer recevront l’aide des fond publiques:
« If you’re uninsured: Over the next 10 years, the bill will extend coverage to an estimated 32 million people who would otherwise lack coverage. It does this by expanding the government safety net and providing subsidies for low- and moderate-income people without employer health benefits to buy private plans on health-insurance exchanges, which are due to start in 2014. For the first time, all citizens and legal residents will have to buy health insurance »
http://www.marketwatch.com/story/what-health-reform-means-for-you-2010-03-22?dist=beforebell
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Est-ce que les États ont dis leurs derniers mots. Invoqueront ils le Dixième amendement (qui départage les juridictions entre eux et le pouvoir central )pour protéger leur souveraineté; et prendre des initiatives.
Les États vont ils défier Washington comme certains ont entrepris de le faire par la création de banques d’États en réaction aux magouilles des Banksters de Wall Street :
» The Independent, Vermont’s Brown, said on his web site, « Washington DC has lost all moral authority over Vermont. » He maintained:
Vermont should explore creating a State-owned bank that would work with private VT-based banks, to insulate VT from Wall Street corruption, and to increase investment capital for VT businesses, modeled after the very successful State-owned Bank of North Dakota.
The Bank of North Dakota, currently the nation’s only state-owned bank, is the model (with variations) for all the other proposals on the table. The Bank of North Dakota acts as a « bankers’ bank, » including doing « participation loans » with other banks, allowing them to compete with larger banks. In a participation loan, the community bank originates the loan and takes responsibility for it, while the participating bank contributes funds and shares in the risk and profits. The Bank of North Dakota also makes low-interest loans to students, farmers and businesses; underwrites municipal bonds; and serves as the state’s « Mini Fed, » providing liquidity and clearing checks for more than 100 banks around the state.
http://www.opednews.com/populum/linkframe.php?linkid=108877
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Pour en revenir à Obama. En excluant une caisse publique céer par les États pour concurrencer le privé, il a créer une matrice dont personne n’échappe qui fera les poches de tous le monde au profits de quelques uns.
C’est Aristote qui ramène le tout à l’essentiel: Qui contrôle l’État au profit de qui.
Aux États Unies We the people est devenu We the lobby.
Une bonne nouvelle pour nos voisins américains, certes.
Mais, dans ce grand pays à la fois progressiste et rétrograde à certains égards, ce grand pays de liberté mais aussi où – trop souvent – le « chacun pour soi » prévaut sur tout le reste, il est néanmoins plutôt consternant de voir qu’il y a eu 212 bornés pour voter contre cette avancée historique.
Un gros 49,19% qui se sont opposés à cette réforme essentielle. Et cela malgré les substantielles concessions du président, forcé de diluer encore et encore ce qu’il proposait.
The land of the free? Maybe. But for a price…
Ce matin les investisseurs ont compris qui étaient les gagnants de la politique d’Obama:
LOS ANGELES (MarketWatch) — A landmark health-care overhaul measure that finally won the approval of the House of Representatives late Sunday didn’t seem to hurt insurers or others in the health-care industry, as the sector was generally up in early trading.
The NYSE Healthcare Index was up 48.37 points to 6543.33 in early action.
http://www.marketwatch.com/story/insurers-mostly-up-after-health-care-vote-2010-03-22
Encore une fois, pan dans le mil, M. Pomerleau.
Les compagnies d’assurances seront obligées d’accepter tout un chacun, sans exceptions. Donc, pertes potentielles. Qu’à cela ne tienne. Toutes les » pertes » seront épongées par les contribuables, comme les contribuables ont épongé, bien malgré eux, les pertes des banques.
Ce fameux pas en avant est tout à l’avantage des compagnies d’assurances. M. Obama est l’homme de Wall Street : on juge l’arbre à ses fruits.
Oui, 32 millions de plus d’Américains auront accès à des soins. Bravo! Mais à quel prix? Et au profit de qui? Mais c’est un pas dans la bonne direction. Il ne restera qu’à corriger le tir, de générations en générations. Le temps que les égoïstes s’habituent.
Comme disait Sir Humphey au ministre Hacker, dans Yes! Minister : » C’est le début du coin que l’on enfonce « . Dieu sait où ça s’arrêtera…
Ce n’est pas une grande victoire. Ce n’est pas non plus la déroute totale.
Cré Aristote, va. Toujours d’actualité.
Effectivement, Monsieur Gingras, cette réforme, bien fragmentaire à tout considérer, n’est ni une « grande victoire » ni une « déroute totale », comme vous l’écrivez.
Mais, comme le disait mon père – quoique très rarement… – cela vaut toujours mieux qu’un coup de pied dans le c….
Un petit pas à la fois, nos voisins américains en viendront peut-être un jour à un filet de sécurité sociale acceptable.
(Mais ne soyez pas si dur envers M. Obama. Celui-ci doit composer avec des pressions de tous côtés et ne peut vraiment tout chambouler comme peut-être il le souhaiterait. L’homme a beaucoup de mérite pour avoir réussi ce bon coup, même si ce bon coup est loin d’être aussi bon qu’il aurait été désirable qu’il soit.)
Money talks. Aux USA tout se ramène à l’argent. En Afghanistan il y a les fous de Dieu. Aux USA il y a les fous des $$. On change de dieux c’est tout.
M. Perrier, vous êtes de nature généreuse et optimiste de surcroit. 🙂
M. Obama parlait de Jefferson et de Roosevelt, FDR, pas le premier. Pourtant, sa garde rapprochée est constituée de gens de Wall Street, les ennemis naturels de FDR, qui les avait mis au pas en 1933-34 en leur imposant un carcan que Bill Clinton a fait sauter à leur demande. 🙁
Je saluerai bien bas Barak Obama lorsqu’il remettra en place les barrières créées par FDR. Pour le moment, il tergiverse et accepte les conseils des gens de Wall Street. Il lui reste encore trois ans pour retrouver le chemin de Damas.
Vamos a ver.
Si vous le dites, Monsieur Gingras…
Mais ce M. Obama n’a pas la partie facile, ce que vous reconnaîtrez certainement!
Et puis, comme le disait si judicieusement la grand-mère de ma femme: « petit à petit, l’oiseau bâti son nid ». Un petit pas à la fois, donc…
M. Obama n’a pas les mains libres pour vraiment agir comme il le voudrait (peut-être). Saluons néanmoins sa persistance pour améliorer – dans la mesure de ce qui lui est possible – les choses.
Pas d’accord?
Dès le départ l’alternative d’une caisse publique a été écarté par les bonzes du Parti Démocrate. Certains qui avaient mené la bataille pou cette option ont finalement jeté la serviette et le discrédit sur le parti:
« The public option grew weaker and weaker as the health care bill evolved. The left Democrats pinned all their hopes on it; they ignored the rest of the health care bill, which slashed Medicare and taxed the « Cadillac » health care plans of union workers, all in the hopes that a miniscule public option would give the lefts some political cover.
It wasn’t meant to be. The final health care vision is the brainchild of the monopoly corporations who dominate health care in America. Their power will remain untouched. Indeed, it will only grow:
« Dennis Kucinich, the most « radical » of the progressive Democrats, waited until the last round before he threw in the towel to the health care industry. His capitulation is especially symbolic, as many progressive activists around the country remained in the Democratic Party solely because he was there. His inglorious surrender signals what many progressives already knew: the Democrats are a corporate dominated party, where liberal ideas are tolerated so long as they have no actual effect on policy
With Kucinich and the other left Democrats now fully discredited, the Democratic Party has further undermined its credibility — what little remained. Those who hoped that the party could be reformed– that the corporate wing could somehow be out-muscled– will be duped no longer »
http://www.opednews.com/articles/Defeat-in-Victory-the-Dem-by-shamus-cooke-100322-2.html
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J’entendais Mme Bombardier ce matin (98,5 FM) s’extasier sur le leadership d’Obama. Calmez vous madame c’est juste un pion dans les mains d l’ordre marchand.
Dix Etats contestent la réforme d’Obama
Parmi eux, Bill McCollum, candidat au poste de gouverneur de Floride qui sera remis en jeu lors des élections de mi-mandat en novembre (….)
Il est rejoint dans son action par ses collègues de l’Alabama, de la Caroline du Sud, du Dakota du Nord et du Sud, de l’Etat de Washington, du Nebraska, de la Pennsylvanie, du Texas, et de l’Utah. (…)
La réforme telle qu’elle a été adoptée par la Chambre des représentants « viole clairement la constitution américaine et empiète sur la souveraineté de chaque Etat », a souligné McCollum. (…)
Le gouverneur de l’Idaho (nord-ouest) a signé la semaine dernière une loi pour contrer toute obligation faite par l’Etat fédéral aux citoyens de son Etat de souscrire une assurance-santé.
Quelque 38 Etats ont déjà adopté ou prévu d’adopter des dispositions similaires selon l’organisation American Legislative Exchange Council, qui s’oppose à la réforme de l’assurance-santé.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/dix-etats-contestent-la-reforme-d-obama_857260.html
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Bref. C’est le Dixième amendement qui sera invoqué:
The powers not delegated to the United States by the Constitution, nor prohibited by it to the States, are reserved to the States respectively, or to the people.